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L., né en 1760, m. en 1829, servit en Amérique comme ses deux frères, fut député en 1789 aux États généraux par la noblesse de Péronne, s’y montra un des plus éloquents avocats de la liberté, mais sut aussi défendre la prérogative royale, et eut à ce sujet des luttes fréquentes avec Mirabeau. En 1792 il servait sous La Fayette : il émigra avec lui et partagea sa captivité. Sous l’Empire et la Restauration, il administra comme préfet plusieurs départements. Membre de la Chambre des Députés en 1819 et en 1828, il resta toujours fidèle aux principes constitutionnels. On a de lui une Histoire de la Constituante et plusieurs brochures politiques.

LA MÉTHERIE (J. Claude de), naturaliste et physicien, né à La Clayette, dans le Maconnais, en 1743, m. à Paris en 1817, se fit d’abord connaître par quelques recherches sur l’air, rédigea depuis 1785 le Journal de Physique, et fut nommé en 1800 adjoint à la chaire d’histoire naturelle du Collége de France, On a de lui : Essai sur la Philosophie naturelle, 1778 ; Vues physiologiques, 1781 ; Essai sur l’air pur, 1785 ; Théorie de la Terre, 1791 ; De l’Homme considéré moralement, 1802 ; Considérations sur les êtres organisés, 1804 ; Sur la nature des êtres existants, 1805 ; Leçons de Minéralogie, 1812. Il soutenait que le mouvement est essentiel à la matière ; que tous les êtres ont été formés par une sorte de cristallisation ; que l’homme n’est qu’un singe perfectionné, etc.

LA METTRIE (Julien OFPROY de), médecin et philosophe, né en 1709 à St-Malo, m. à Berlin en 1751, alla étudier la médecine à Leyde sous Boërhaave, et fut à son retour, en 1742, nommé médecin des gardes françaises. Il publia peu après l’Histoire naturelle de l’âme, La Haye (1745), où il prêchait ouvertement le matérialisme, ce qui lui fit perdre sa place. Il se réfugia à Leyde, écrivit des libelles contre les médecins ses confrères, et publia en 1748 l’Homme-Machine, où il attaquait les croyances les plus sacrées. Chassé de Hollande pour ce nouvel écrit, il trouva un asile en Prusse auprès de Frédéric II et fut même admis dans l’intimité de ce prince, qui le fit entrer dans son académie. Lamettrie ne manquait ni d’esprit, ni d’imagination ; mais ses idées étaient tellement étranges et incohérentes qu’il passait, auprès de ses amis même, pour avoir le cerveau dérangé. Il publia en Prusse l’Homme-Plante, Potsdam, 1748 ; Origine des animaux, Berlin, 1750 ; Vénus métaphysique, ou de l’Origine de l’Âme, 1751, ouvrages conçus dans le même esprit que l’Homme-Machine. Frédéric II a écrit un Éloge de Lamettrie.

LAMI (dom François), bénédictin, né en 1636 à Montreau près de Chartres, m. à l’abbaye de St-Denis en 1711, a laissé, entre autres ouvrages estimés, la Connaissance de soi-même, 1694-8 et 1700 ; la Connaissance et l’Amour de Dieu ; le Nouvel athéisme renversé, Réfutation de Spinosa, 1696 ; l’Incrédule ramené à la religion, 1710, et quelques traités mystiques. Il possédait au plus haut degré le talent de la conversation et ne réussissait pas moins dans la discussion : il entretint une vive polémique sur divers points de théologie avec Bossuet, Nicole, Arnauld, et eut avec Malebranche et Leibnitz une correspondance sur l’Amour désintéressé, qui a été imprimée en 1699.

LAMI (Bernard), oratorien, né au Mans en 1640, m. à Rouen en 1715, enseigna les belles lettres à Vendôme, puis la philosophie à Angers, s’attira des querelles avec le clergé d’Angers par son attachement à la philosophie de Descartes, devint grand vicaire à Grenoble, séjourna quelque temps au séminaire de St-Magloire a Paris, puis se retira à Rouen en 1689. On a de lui : Réflexions sur l’Art poétique ; l’Art de parler, ouvrage bien écrit ; Apparatus biblicus ; des traités de mathématiques et des ouvrages de théologie, dont quelques-uns excitèrent de vives disputes, entre autres son Harmonia quatuor evangelistarum, 1689.

LAMI (Jean), littérateur italien, né en 1697, à Santa-Croce, près de Pise, m. en 1770, enseigna l’histoire ecclésiastique à Florence, et eut de vifs démêlés avec les Jésuites. Il rédigea, de 1740 à 1770, les Nouvelles littéraires, journal estimé qui paraissait à Florence, et publia entre autres ouvrages Delicias eruditorum, recueil d’opuscules inédits et intéressants (1736-69).

LAMIA, auj. Zeitoun, v. de Thessalie (Phthiotide), à 6 kil. du Sperchius et près de son emb., a donné son nom à la Guerre Lamiaque qui s’alluma entre la Macédoine et la Grèce après la mort d’Alexandre (323). Cette guerre, qui ne dura qu’un an, fut entreprise contre Antipater, d’après les instigations de Démosthène et d’Hypéride, qui poussaient les Grecs à secouer le joug de la Macédoine. Léosthène, général des Grecs, défit d’abord Antipater et le força à s’enfermer dans Lamia, où il l’assiégea. Mais la mort imprévue de Léosthène, et l’arrivée de Léonat, facilitèrent l’évasion d’Antipater, qui bientôt reprit l’offensive et remporta la victoire décisive de Cranon, l’an 322. Le vainqueur imposa aux Athéniens une constitution aristocratique et une garnison macédonienne. Cette guerre entraîna la mort d’Hypéride et de Démosthène. — Auj. Lamia est ch.-l. d’une éparchie de la Phthiotide.

LAMIAQUE (guerre). V. LAMIE.

LAMIA (L. Ælius), consul sous Auguste (l’an 2 de J.-C.) et gouverneur de Syrie, puis préfet de Rome sous Tibère. Horace lui a adressé deux de ses odes.

LAMIES, spectres horribles que les anciens représentaient avec un visage de femme, et qu’on disait enlever les enfants à leur mère pour les dévorer, ou se cacher dans les buissons pour attaquer les passants.

LAMOIGNON, famille ancienne du Nivernais, s’est surtout distinguée dans la magistrature aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle tire son nom du fief de Lamoignon, situé dans un faubourg de Donzy (Nièvre).

[[w:Guillaume Ier de Lamoignon|LAMOIGNON (Guillaume de)]], 1er président au parlement de Paris, célèbre par son savoir et ses vertus, né à Paris en 1617, m. en 1677, était fils d’un président à mortier. Il fut successivement conseiller au parlement (1635), maître des requêtes (1644), 1er président (1658). Louis XIV, en lui apprenant sa nomination, lui dit : « Si j’avais connu un plus homme de bien, un plus digne sujet, je l’aurais choisi. » Lamoignon ne voulut pas présider la commission qui devait juger le surintendant Fouquet, avec lequel il était brouillé. On a de lui un ouvrage connu sous le titre d’Arrêtés de Lamoignon (publié en 1702) ; il y ébauche un vaste plan qu’il avait conçu pour la reforme de la législation : cet ouvrage prouve une connaissance profonde de la jurisprudence. Lamoignon fut l’ami et le protecteur des gens de lettres : il était surtout lié avec Boileau ; c’est à sa demande que ce poëte composa le Lutrin. — Son fils aîné, [[w:Chrétien-François Ier de Lamoignon|Chrétien-François de L.]], 1654-1709, fut nommé président à mortier en 1690. Il avait hérité de ses vertus, et aimait comme lui à s’entourer d’hommes de lettres. Il fut lié avec Bourdaloue, Boileau, Racine et Regnard. C’est à lui qu’est adressée la 6e épître de Boileau. Il était de l’Académie des inscriptions.

LAMOIGNON DE BAVILLE (Nicolas), 5e fils du 1er président Guillaume, 1648-1724, exerça d’abord avec succès la profession d’avocat ; devint conseiller au parlement en 1670, maître des requêtes en 1675, puis suivit la carrière administrative, et fut nommé intendant du Languedoc. Il déploya contre les Protestants, lors de la révocation de l’édit de Nantes, un zèle ardent ; on l’a même accusé de cruauté. Cependant il se montre sous un aspect tout différent dans les Mémoires pour servir à l’histoire du Languedoc, qu’il composa par ordre du roi pour l’instruction du duc de Bourgogne (1698), et où il déclare que la violence ne peut qu’être funeste au Christianisme. Ces Mémoires n’ont été imprimés qu’en 1734.

LAMOIGNON (Guill. II), seigneur de Malesherbes, petit-fils de Guillaume I par son fils aîné Chrétien François, fut chancelier de 1750 à 1768. Après avoir longtemps résisté aux intrigues de Maupeou, qui voulait le supplanter, il fut enfin obligé de se démettre de sa charge, qui fut aussitôt confiée à son adversaire (1768). Il s’attira la haine des philosophes en