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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/344

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dence du sultan; 2000 hab. Sol fertile; climat charmant, quoique très-chaud : on y trouve le candou, arbre dont le bois est aussi léger que le liége. Le commerce d’île à île est très-actif. On s’y sert de cauris (espèce de coquillage) comme de monnaie.

MALDONADO, v. et port de l'Uruguay, sur l'Atlantique, à 90 kil. E. de Montevideo, à l'embouchure du Rio de la Plata; 5000 hab. Cuirs et viandes salées.

MALDONADO (Laurent FERRER), navigateur espagnol du XVIe siècle, m. en 1625, écrivit la relation d'un voyage fait en 1588 de l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique par le Nord, à travers un prétendu détroit d'Anian. Cette relation, longtemps ignorée, a été retrouvée à Milan par Amoretti, qui l'a publiée en italien en 1811; elle a été trad. en français dès 1812. On doute de la réalité de ce voyage, et Maldonado paraît n'avoir été qu'un imposteur.

MALDONAT (J.), jésuite espagnol, né en 1534 à Las Casas de la Reina, dans l'Estramadure, m. en 1583, enseigna la philosophie et la théologie avec le plus grand succès au collége de Clermont, à Paris (1564), puis à l'Université de Pont-à-Mousson (1572). Attaqué dans quelques-unes de ses doctrines, il quitta la France (1575) et se retira à Rome, où le pape lui confia divers travaux. On l'accusait, mais à tort, de pencher vers le Socinianisme. On a de lui des Commentaires sur les Évangiles, 1596-1597; des Commentaires sur Jérémie, Ézéchiel et Daniel, 1609 ; des Traités des sacrements, — de la grâce, — du péché originel, — des Anges et des Démons. Ce dernier, le plus curieux et le plus connu, n'a paru qu'en français et a été publié par le P. Laborie, Paris, 1617, in-12.

MALE, île de la mer des Indes. V. MALDIVES.

MALE ou MALAIN (Seigneurie de). V. MARLE.

MALEBRANCHE (Nicolas), philosophe et théologien, né à Paris en 1638, m. en 1715, était fils d'un secrétaire du roi. Contrefait et d'une complexion délicate, il désira vivre dans la retraite, et s'enferma dès 1660 dans la congrégation de l'Oratoire. Après avoir commencé des études d'histoire, qui avaient peu d'attrait pour lui, il rencontra par hasard le Traité de l'homme de Descartes; il éprouva de tels transports a cette lecture qu'il se voua désormais à la philosophie; il devint bientôt le plus illustre des disciples de Descartes. Il conserva les doctrines de son maître sur la méthode, sur l'insuffisance de l'autorité en philosophie et la nécessité de l'évidence, sur la nature de l'âme, sur l'automatisme des animaux; mais, au lieu d'admettre comme lui des idées innées, il disait que nous voyons tout en Dieu et que ce n'est que par notre union avec l'être qui sait tout que nous connaissons quoi que ce soit; en outre, il prouvait l'existence des corps, non par la véracité divine (comme Descartes), mais par la révélation; il niait l'action de l'âme sur le corps et même toute action des substances corporelles les unes sur les autres, attribuant leur commerce à l'assistance divine et ne voyant dans les mouvements du corps ou de l'âme que des causes occasionnelles; il prétendait que notre volonté, de même que notre intelligence, ne peut rien par elle-même, que Dieu est le principe de nos déterminations et des actes de notre volonté, inclinant ainsi sans le vouloir vers le fatalisme. Du reste, il professait l'optimisme et expliquait le mal en disant que Dieu n'agit que comme cause universelle; enfin, il fondait la morale sur l'idée d'ordre. Par l'élévation comme par la nature de ses doctrines, Malebranche mérita d'être appelé le Platon chrétien; mais les opinions paradoxales qu'il soutenait sur plusieurs points de théologie ou de philosophie rencontrèrent une forte opposition. Il eut de vives disputes avec Arnauld sur la nature des idées et sur la grâce; avec Régis sur le mouvement; avec le P. Lamy sur l'amour de Dieu; et même quelques-uns de ses écrits furent mis à l’Index à Rome. Du moins on est d'accord sur le mérite de son style : il se distingue par la pureté, l'abondance, la richesse et l'éclat des figures, ce qui lui donne une beauté toute poétique : aussi Malebranche est-il placé parmi nos plus grands écrivains. Il était en outre mathématicien et physicien, et, à ce titre, il devint, en 1699, membre de l'Académie des sciences. Ses principaux ouvrages sont : la Recherche de la vérité, 1674 et 1712 : c'est son œuvre capitale; Conversations chrétiennes, 1677, composées à la prière de M. de Chevreuse dans le but de mettre à la portée de tout le monde la doctrine exposée dans l'ouvrage précédent; Méditations chrétiennes et métaphysiques, 1679; Traité de morale, 1680; De la Nature et de la Grâce, 1680; Entreliens sur la Métaphysique et la Religion, 1687; il y résume tout son système. On a aussi de lui : un Traité de l'Amour de Dieu (1691); Entreliens d'un philosophe chrétien et d'un philosophe chinois sur l'existence de Dieu (1708); des écrits polémiques composés dans sa dispute avec Arnauld, et qui ont été réunis en 4 vol. in-12, 1709. La plupart des écrits de Malebranche ont été rassemblés en 2 vol. grand in-8, à 2 colonnes, par Genoude, Paris, 1837; M. J. Simon en a donné un choix dans la Bibliothèque Charpentier. M. Feuillet de Conçues a fait paraître pour la première fois en 1841 sa Correspondance avec Mairan. Fontenelle a prononcé son Éloge. L'abbé Blampignon a donné en 1861 une Étude sur Malebranche, avec une Correspondance inédite, d'après les manuscrits originaux.

MALÉE (cap), Malea prom., auj. cap Malia, promontoire du Péloponèse, au S., entre les golfes Laconique et Argolique. Passage dangereux.

MALÉE, général carthaginois, conquit la plus grande partie de la Sicile en 536 av. J.-C., mais échoua devant la Sardaigne, ce qui le fit exiler. Pour se venger, il vint avec son armée assiéger Carthage, s'en empara et mit à mort tous ceux qui lui étaient contraires. Il périt peu après dans une émeute.

MALEK, docteur musulman, chef des Malékites, m. à Médine en 795, est auteur du Mouwetta, qui traite des lois orales du prophète. Cet ouvrage, un des plus estimés en ce genre, fait autorité.

MALEK, MALEK-ADEL. V. MÉLIK.

MALÉKITES, secte musulmane, née au VIIIe siècle et ainsi nommée de Malek, son fondateur, n'est qu'une branche des Sunnites et suit un des quatre rites orthodoxes de l'Islamisme. Les Arabes et les Maures de l'Algérie sont malékites.

MALEPEYRE (Gabriel VENDANGES des), conseiller au présidial de Toulouse, m. en 1702, cultiva la poésie avec quelque succès et se distingua en même temps par ses connaissances en peinture, en sculpture et en architecture. Il contribua au rétablissement de l'Académie des Jeux floraux, et fonda un prix consistant en un lis d'argent pour l'auteur du meilleur sonnet à la louange de la Vierge.

MALESHERBES, ch.-l. de cant. (Loiret), dans l'ancien Gâtinais, à 19 kil. N. E. de Pithiviers; 1390 h. Bonneterie, tanneries, élève d'abeilles. Anc. château. Seigneurie qui appartenait à la maison de Lamoignon.

MALESHERBES (Guill. LAMOIGNON de), ministre sous Louis XVI, né à Paris en 1721, fils du chancelier Guill. de Lamoignon, fut successivement substitut du procureur général, conseiller au parlement, président de la Cour des aides, directeur de la librairie (1750), et se montra dans ces fonctions diverses juste, ferme et éclairé. En 1770 et en 1771, il adressa à Louis XV de sévères remontrances sur l'établissement de nouveaux impôts et pour la défense des prérogatives parlementaires; comme directeur de la librairie, il favorisa la liberté de la presse. La Cour des aides ayant été supprimée avec les anciens parlements (1771), Malesherbes, qui était président de cette cour, fut exilé; mais il reprit ses fonctions à l'avénement de Louis XVI; son retour fut un triomphe, et il jouit alors de la plus grande popularité. Appelé en 1775 au ministère, avec Turgot son ami, et chargé du département de l'intérieur, il voulut faire abolir les lettres de cachet, et s'éleva contre les dépenses excessives de la cour; mais ses conseils ne furent point écoutés, et il se retira avec Turgot (1776). Rap-