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1550, m. en 1617, inventa les logarithmes et laissa deux formules générales pour la solution des triangles sphériques rectangles, ainsi que les formules qui portent encore auj. le nom d’Analogies de Néper. Son principal ouvrage est Logarithmorum canonis descriptio, suivi de Mirifici lagarithmorum canonis constructio, Édimbourg, 1614, et Lyon, 1620, auj. très-rare. C’est là qu’il expose sa grande découverte. La base des logarithmes dits népériens du nom de l’auteur est le nombre 2, 7182818.

NAPIER (sir Ch.), général anglais, né à Londres en 1782, m. en 1853, fit les campagnes d’Espagne et des États-Unis, fut envoyé aux Indes en 1841 et placé en 1843 à la tête de l’expédition dirigée contre le Scinde (ou Sindhy) et le Béloutchistan, dompta tout le pays en trois années et fut en récompense fait chevalier du Bain. — Son frère, W. Napier, né en 1785, fit, sous les généraux Moore et Wellington, toutes les campagnes d’Espagne. Il a publié une Histoire des guerres de la Péninsule de 1807 à 1814 (6 v. in-8, Londres, 1828-40), qui est fort estimée et qui a été traduite et rectifiée parle général Matthieu Dumas. Il a aussi donné une relation de la Conquête du Sindhy, accomplie par son frère.

NAPIER (Sir Charles), marin anglais, né en 1786 m. en 1860, fut envoyé en 1829 devant Lisbonne, remporta en 1833, au cap St-Vincent, sur la flotte de don Miguel, une victoire qui décida la chute du prétendant ; opéra en 1840 contre la Syrie, bombarda Sidon, Beyrouth, St-Jean d’Acre et força Méhémet-Ali à accepter les conditions de l’Angleterre ; fut fait contre-amiral en 1846 et vice-amiral en 1853. Il obtint en 1854 le commandement de la flotte destinée à agir contre la Russie dans la Baltique, mais, malgré de pompeuses promesses, il la ramena sans avoir rien fait d’important. Ch. Napier fut des premiers à comprendre l’importance de la navigation à vapeur et il la développa de tout son pouvoir. Marin brave, habile, il gâta son mérite par sa jactance. En politique, il était radical.

NAPLES. appelée chez les anciens Parthenope, puis Neapolis, en italien Napoli, grande ville de l’Italie méridionale, anc. capit. du roy. des Deux-Siciles, auj. ch.-l. de la prov. de Naples, sur le golfe de Naples. par 40° 51′ 47″ lat. N., 11° 54′ 57″ long. E., à 205 kil. S. E. de Rome ; 450 000 hab. La ville est bâtie en amphithéâtre dans une situation délicieuse, ayant au N. le mont Pausilippe, au S. E. le Vésuve, à l’O. les collines de Capoue, de Caserte et d’Aversa, et la mer à ses pieds. Elle a 16 kil. de tour et est défendue au N. O. par le château St-Elme qui domine la ville, au S. O. par le château de l’Œuf et le Château-Neuf, bâti en 1283 par Charles d’Anjou, et qui a pour entrée un bel arc de triomphe d’Alphonse Ier d’Aragon. Places petites en général, sauf celle du Palais-Royal ; rues étroites, obscures et montueuses (hormis la belle rue de Tolède, dans la partie basse), mais pavées en dalles de lave noire et fort propres : beau quai de la Chiaja ; magnifique promenade de la Villa réale ; vaste palais royal, palais Capo di Monte, de Chiatamone, du prince de Salerne, des princes étrangers, palais archiépiscopal ; Reclusorio (hôpital des pauvres) ; arsenal, superbe théâtre St-Charles, le plus vaste de l’Europe ; Archives, Vicaria ou Castel-Capuano (palais de justice) ; belle cathédrale gothique, dédiée à S. Janvier dont elle possède le corps ; église de Sta-Restituta, contiguë à la cathédrale, bâtie sur les ruines d’un temple de Neptune, et contenant la chapelle du Trésor, peinte par le Dominiquin, et où l’on conserve dans deux fioles le sang de S. Janvier, qui, dit-on, se liquéfie le jour de la fête du saint ; églises de Ste-Claire, de Jésus-Nouveau, de St-François de Paule, de St-Dominique, de St-Philippe-Néri, etc. ; riches couvents de Ste-Claire, de Ste-Marie des Carmes, de la Trinité, de St-Dominique le Grand, du Mont-Olivet, ancien couvent des Chartreux de St-Martin (auj. les Invalides), etc. Dans le N. de la ville sont de vastes catacombes. Plusieurs chemins de fer. Archevêché ; cour suprême, cour d’appel et tribunaux de 1er inst. ; Université, fondée en 1224 par l’emp. Frédéric II, lycées ; école de paléographie, institut de peinture, conservatoire de musique ; collège et école militaire, académie de marine, école vétérinaire, quatre grandes bibliothèques (Borbonica, Brancacciana, de l’Université, du couvent de St-Jérome) ; cabinets de minéralogie, d’histoire naturelle ; musée des antiques (où se trouvent entre autres objets ceux qu’ont fournis les fouilles d’Herculanum, de Pompeïes et de Stables) ; beau jardin botanique, deux observatoires, bureau topographique, Académie royale, divisée en 3 sections : Ercolanense ou antiques ; sciences ; beaux-arts. Banque St-Charles, mont-de-piété (très-riche). Industrie active : tissus d’or et d’argent, soieries, velours, drap, linge de table, grosses toiles de coton, rubans, instruments de musique, cordes d’instruments, passementerie renommée, chapeaux de feutre et de paille ; coraux, porcelaine, faïence, bougies, jaune de Naples ; huiles parfumerie, savon de senteur, essences, fleurs artificielles, confitures et sucreries, macaroni, etc. Patrie de Stace, Velleius Paterculus, Sannazar, Marin, Bernin, Salvator Rosa, Pergolèse, Vico, Filangieri, Gravina, Ruffo, etc. Environs délicieux. — Parthénope est une colonie de la Cumes de Campanie, qui elle-même était une colonie de la Cumes d’Éolie ; elle tire son nom, disait-on, de la sirène Parthénope, qui, ne pouvant séduire Ulysse, se précipita de désespoir dans la mer voisine. Elle reçut le nom de Palépolis (vieille ville) lorsque de nouveaux colons eurent bâti tout auprès une 2e ville, qui, par opposition, fut appelée Neapolis (ville nouvelle). Les deux villes, étant contiguës, finirent par n’en faire qu’une seule. Rome s’empara de Naples dès l’an 327 av. J.-C. ; néanmoins cette ville resta complètement une cité grecque. C’était le séjour favori des riches Romains, qui pour la plupart y avaient des maisons de plaisance ; elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie. Conquise par les Ostrogoths, elle fut reprise en 536 par Bélisaire, qui la pilla ; Totila la reprit en 541 ; mais l’expulsion des Ostrogoths (544) la rendit à l’empire grec qui parvint à la conserver, même lorsque les Lombards eurent soumis l’Italie ; elle forma alors, avec les villes grecques environnantes, le Duché de Naples, qui confinait au duché de Rome au N. O., au duché de Calabre à l’E. et au S. E. Peu à peu Naples devint une république presque souveraine ; elle resta dans cet état du IXe au XIIe s., sous des ducs héréditaires. En 1139, elle se soumit au Normand Roger II, déjà maître de tout ce qu’on nomma de puis royaume des Deux-Siciles : Roger en fit sa capitale. Après la mort de Frédéric II (1250), elle ne voulut pas reconnaître pour maître Mainfroi, fils naturel de l’emp. Conrad IV, et se déclara pour le pape Innocent IV : Conrad et Mainfroi la forcèrent à se rendre et rasèrent ses murs. Le roi de Hongrie Louis le Grand l’emporta d’assaut en 1347 et en expulsa la reine Jeanne Ire ; mais Jeanne y rentra dès 1348. Louis I d’Anjou prit Naples en 1383, René d’Anjou en 1438, Alphonse I (V d’Aragon) en 1442. Charles VIII de France conquit en 1495 et Naples et tout le royaume, mais il les perdit la même année. Les troupes de Louis XII y rentrèrent en 1501, après le traité de Grenade ; mais Ferdinand le Catholique en resta bientôt maître (1503). Pendant la 2e guerre entre François I et Charles-Quint, Lautrec aidé de Doria fit le siége de Naples (1528), mais la défection de Doria l’empêcha de la prendre. En 1647 eut lieu à Naples la célèbre insurrection de Masaniello (V. ce nom) ; puis cette ville s’érigea en république sous le duc de Guise ; mais, dès le mois d’avril 1648, le comte d’Ognate l’avait reprise. En 1707, pendant la guerre de la succession d’Espagne. Naples fut prise d’assaut et saccagée par le général autrichien Daun pour Charles III, compétiteur de Philippe V ; en 1734, elle se soumit sans résistance au fils de Philippe V, don Carlos, duc de Parme, et plus tard roi d’Espagne et des Deux-Siciles. Les Français sous Championnet prirent Naples le 23 janvier 1799, et y établi-