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longtemps d'un grand crédit auprès du czar Alexis, et fut chargé en 1655 de réviser la liturgie russe. Cependant il finit par être disgracié, et fut relégué dans un monastère, où il se livra tout entier à l’étude. On lui doit un Corps d’histoire de Russie, formé de la réunion des chroniques depuis Nestor jusqu’en 1630.

NICOPOLIS (c.-à-d. Ville de la victoire), nom commun à plusieurs villes anciennes, entre autres : 1° une v. de la Mésie inférieure, au confluent du Danube et de l’Aluta, fondée par Trajan après ses victoires sur les Daces, comprise plus tard dans la Bulgarie. Elle fut prise en 1370 par Bajazet, qui en outre remporta aux environs sur les Chrétiens en 1396 une vict. décisive : l’armée de Sigismond, roi de Hongrie, y fut taillée en pièces, ainsi que la noblesse française, conduite par Philippe d'Artois, connétable de France, et par Jean de Nevers (depuis Jean sans Peur). C’est auj. Nicopoli, v. forte de la Turquie d’Europe (Bulgarie), à 160 kil. S. E. de Widdin; 12 000 hab.; archevêché grec; évêché catholique; — 2° une v. du Pont, auj. Devriki, au S., sur le Lycus; Mithridate y fut vaincu par Pompée; — 3° une v. de l’anc. Grèce, auj. Prevesa-Vecchia, à l’entrée du golfe d’Ambracie, fondée ou agrandie par Auguste en mémoire de la victoire d’Actium ; — 4° une v. de Palestine élevée par Vespasien sur l’emplacement de l’ancienne Emmaüs; — 5° une v. de Cilicie, la même qu’Issus ou Adjacium, auj. Aiazzo.

NICOSIE ou LEUCOSIE, capit. de l'île de Chypre, près de la côte N. de l’île; env. 12 000 h. Archevêché grec; mosquée, belle église Ste-Sophie, ancienne cathédrale, église de St-Dominique, contenant les tombeaux des Lusignans. Maroquins, tapis, toiles de coton imprimées. — Construite sur remplacement de l’ancien Tremithus, elle fut importante sous les Lusignans, puis elle passa aux Vénitiens sur lesquels elle fut prise d’assaut par Sélim II en 1570.

NICOSIE, Herbita, v. de Sicile (Catane), à 60 kil. N. O. de Catane; 13 000 hab. Évêché.

NICOT (Jean), seigneur de Villemain, né en 1530 à Nîmes, m. en 1600, fut secrétaire de Henri II et ambassadeur de François II en Portugal. Il a publié, sous le titre de Trésor de la langue française tant ancienne que moderne (Paris, 1606, in-fol.), le premier dictionnaire français connu. On lui doit aussi une bonne édition de l’Histoire d'Aimoin (1656); mais il est surtout connu pour avoir introduit en France le tabac, qui fut d’abord appelé de son nom nicotiane.

NICOTERA, v. d’Italie (Calabre Ult. 2e), sur le golfe de Gioja; 6300 hab. Évêché. Ravagée par un tremblement de terre en 1783.

NIEBELUNGEN (Les), vieux poëme épique de l’Allemagne, en 39 chants, est ainsi appelé du nom d’une ancienne et puissante tribu des Burgundes. Le sujet du poème est la lutte des Burgundes et particulièrement de la famille des Niebelungen contre Etzel ou Attila, et la destruction de cette tribu, qui succomba sous les coups des Huns, victime des passions et des querelles de Siegfried et de Gunther, deux de ses principaux chefs. Ces événements remontent au Ve s. de notre ère et se passent, soit sur le Rhin soit sur les frontières de l’Autriche et de la Hongrie. Le poëme a pour base les sagas ou traditions germaniques, mêlées à celles du Nord. On suppose qu’il a été écrit au XIIIe s. par un minnesinger nommé Henri d’Ofterdingen. Il a été édité par Chr. Müller, Berlin, 1782; par Von der Lagen, 1810; Zeune, 1815; Lachman, 1826; et traduit en français par Mme Moreau de La Meltière, 1839, et par M. de Laveleye, 1860.

NIEBLA, bg d’Espagne (Huelva), sur le Tinto, à 52 kil. O. de Seville; 1000 hab. Niebla fut, sous la domination des Maures, la capitale d’un petit État conquis par Alphonse le Sage en 1257, et érigé en comté en 1369. On croit que c’est au siège ce cette ville qu’on se servit pour la 1re fois de la poudre à canon.

NIEBUHR (Carsten), voyageur danois, né en 1733 A Ludingsworth (Lauenbourg), m. en 1815, est célèbre par un voyage qu’il fit en Arabie avec Forskal, Cramer, Baurenfeind, Van Haven, et qui dura six ans. A son retour, il obtint la place d’administrateur à Meldorf (Ditmarsie). Il était associé étranger de l’Institut de France. On a de lui : Description de l’Arabie, Copenhague, 1772, et Voyage en Arabie, 1774-78; ces deux ouvrages contiennent des relations exactes et de précieuses observations. Ils ont été traduits en français (1773 et 1776). La Vie de C. Niebuhr a été écrite par son fils, G. Niebuhr (qui suit).

NIEBUHR (B. Georges), historien, fils du préc., né en 1776 à Copenhague m. en 1831, fut secrétaire du ministre des finances de Danemark, puis directeur de la Banque; se retira en Prusse lors de l'invasion des Français en Allemagne, y devint directeur du commerce de la Baltique (1805), puis conseiller d’État (1808), et fut nommé professeur à l'Université de Berlin lors de sa fondation (1810). Envoyé en 1816 à Rome comme ambassadeur de Prusse, il y resta jusqu'en 1824, et profita de ce séjour pour faire des recherches importantes sur l’histoire et la philologie. A son retour, il accepta une place à l’Université de Bonn, où il résida jusqu’à sa mort. On lui doit une Histoire Romaine, dont il commença la publication dès 1811. Cette histoire se compose de plusieurs parties, qui ont été publiées et remaniées à diverses époques par l’auteur; elle n’a pu être achevée ; la dernière édition (Berlin, 1828-32, 3 vol. in-8) a été trad. en français par Golbéry (1830 et ann. suiv.). Dans cet ouvrage, Niebuhr a soumis à la critique la plus sévère les faits des premiers temps de l’histoire de Rome et a porté le scepticisme plus loin que Beaufort et Lévesque, qui l’avaient devancé dans cette voie. Niebuhr a en outre commencé la réimpression de la Byzantine, publiée à Bonn, 1826 et ann. suiv., a publié (avec Ang. Maï) la République de Cicéron, ainsi que des fragments de Fronton, de Dion Cassius, et a découvert les Institutes de Gaïus.

NIEDER, c.-à-d. inférieur. Pour tous les noms géographiques qui commencent ainsi, et qu’on ne trouverait pas ci-dessous, cherchez le mot qui suit.

NIEDERBRONN, ville d’Alsace Lorraine, à 36 kil. S. O. de Wissembourg; 3203 hab. Eaux minérales ferrugineuses; papier ; forges

NIEDERMEYER (Louis), compositeur de musique, né à Nyon (Suisse) en 1802, m. en 1861, s’adonna d’abord au drame lyrique et fit représenter avec succès à l’opéra de Paris Stradella (1831), Marie-Stuart (1844), Robert Bruce (1846). La Fronde (1853); mais il se fit un nom plus populaire par ses mélodies sur quelques pièces de Lamartine et de V. Hugo (Le Lac, L’Isolement, Le Soir, La Ronde du Sabbat, Oceano nox, etc.), et surtout par l’École de Musique religieuse qu’il fonda en 1853, et qui continue à former ces organistes et des maîtres de chapelle.

NIEMCEWICZ (J. U.), écrivain et patriote polonais, né en 1757 en Lithuanie, m. à Paris en 1841; combattit en 1794 sous Kosciusko; fut, lors de l’érection du grand-duché de Varsovie (1807), secrétaire du Sénat; contribua à l'insurrection de la Pologne en 1831, et, après le triomphe des Russes, se refugia en France. On lui doit des Chants patriotiques, des drames historiques, un opéra, des romans, des poésies, une Histoire de Sigismond II, etc. Ch. Forster a publié sous le titre de La Vieille Pologne, un recueil de chants et légendes de Niemcewicz, traduits en vers par plusieurs poëtes français. (1835).

NIÉMEN ou MEMEL, fleuve de la Russie occid., naît dans le gouvt ce Minsk, traverse ceux de Vilna et de Grodno, forme la limite entre la Pologne russe et la Courlande, et va en Prusse tomber dans le Curische-Haff, après un cours d’env. 800 kil. Son principal affluent est la Vilia. — Le Niémen est célèbre par l’entrevue qu’eurent Napoléon et Alexandre dans une île de ce fleuve (25 juin 1807), et qui amena la paix de Tilsitt, ainsi que par le fameux passage de l’armée française (23 juin 1812), à son entrée en Russie.

NIEMEYER (Aug. Hermann), pédagogiste, né à Halle en 1754, m. en 1828, fut professeur de théo-