Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Désespéré de cet échec, il se donna la mort, 398 av. J.-C. — H., surnommé Phamæus, général de la cavalerie carthaginoise, de la faction Barcine, défendit avec valeur les approches de Carthage, assiégée par Scipion Émilien, mais, à la suite d'une entrevue secrète avec Scipion, il passa à l'ennemi avec 2000 chevaux, et contribua par sa défection à la perte de Carthage, 147 av. J.-C.

HINCMAR, archevêque de Reims, né en 806, d'une des familles les plus considérables des Gaules, mort en 882, avait été élevé au monastère de St-Denis. Il devint religieux de cette abbaye, fut appelé à la cour par Louis le Débonnaire, obtint toute la confiance de ce prince, ainsi que celle de son fils, Charles le Chauve, et fut fait par ce dernier archevêque de Reims, en 845. Dans les querelles que Charles eut avec le pape Adrien II, il se déclara pour le roi, et fut ainsi un des premiers défenseurs des libertés gallicanes; il eut à cette occasion de violents démêlés avec son propre neveu, Hincmar, évêque de Laon, qui s'était déclaré pour le pape. Il combattit aussi avec force la dangereuse doctrine de la prédestination absolue de Gotescalc, et la fit condamner par deux conciles, 849 et 853. Il mourut à Épernay, en fuyant les Normands qui avaient envahi son diocèse. Ses Œuvres ont été publiées par le P. Sirmond, Paris, 1645, 2 vol. in-fol. On y remarque le Traité de la prédestination (contre Gotescalc), et un écrit sur le Divorce du roi Lothaire avec la reine Thietberge. — Hincmar, évêque de Laon, neveu du précédent, prit parti pour le pape contre Charles le Chauve et contre son propre oncle, fut cité devant les conciles de Verberie (869) et d'Attigny (870), puis devant celui de Douzy, et fut, malgré l'appui du pape, condamné et déposé (871). Soupçonné de rébellion, il fut jeté en prison : on eut la barbarie de lui crever les yeux. Il fut réhabilité en 878; il mourut peu après.

HINDOEN, île de l'Océan arctique, la plus grande des îles Loffoden, sur la côte N. O. de la Norwége.

HINDOU-KOH, c.-à-d. Caucase indien, le Paropamisus des anciens, haute chaîne de montagnes de l'Asie centrale, s'étend de 34° à 36° lat. N. et de 59° à 72° long. E., depuis les frontières de la Perse jusqu'à la rive droite de l'Indus, dans le sud du Turkestan et du Badakchan et dans le nord de l'Afghanistan, et se rattache à l'Himalaya par sa partie méridionale. Elle donne naissance sur son versant méridional à un grand nombre de rivières qui toutes appartiennent au bassin de l'Indus. Ses sommets les plus hauts atteignent 7200 mètres.

HINDOUS, nom de la race indienne, s'étend à tous les indigènes des Indes orientales. V. INDE.

HINDOUSTAN ou HINDOSTAN. On désigne sous ce nom tantôt toute l'Inde à l'O. du Gange, tantôt seulement la partie septentrionale de cette péninsule, au N. du Décan, depuis le 21° degré de lat. N.

HIPPARCHIA, femme grecque, née à Maronée en Thrace, s'attacha au philosophe cynique Cratès, l'épousa malgré sa difformité, et entra dans la secte des Cyniques. On lui attribue quelques écrits. On a de Wieland un roman intitulé Cratès et Hipparchia, trad. en franc, par Vanderbourg, 1818.

HIPPARQUE, Hipparchus, fils de Pisistrate, tyran d'Athènes, lui succéda avec son frère Hippias, l'an 528 av. J.-C. et fut tué en 514 par Harmodius, dont il avait outragé la sœur. Ce tyran aimait les lettres : admirateur d'Homère, il obligea les Rhapsodes à réciter ses vers avec plus d'ordre aux Panathénées, attira près de lui Anacréon et Simonide et forma une bibliothèque publique.

HIPPARQUE, astronome et mathématicien grec, né à Nicée en Bithynie dans le IIe siècle av. J.-C., fit la plupart de ses observations à Rhodes en 128 et 127. Il reconnut la précession des équinoxes, appliqua la géométrie à l'astronomie, créa la trigonométrie, inventa la projection stéréographique, donna les moyens de déterminer l'inégalité des mouvements du soleil et de la lune, calcula la distance de ces deux astres à la terre, prédit le cours des planètes et des éclipses pour 600 ans, perfectionna l'usage de la dioptre, des armilles solsticiales et équinoxiales, construisit les premiers astrolabes, dressa un catalogue des étoiles, et laissa nombre d'ouvrages sur la géométrie et l'astronomie : il y traitait du Lever et du coucher des étoiles, des Ascensions des 12 signes, de la Rétrogradation des étoiles, de la Grandeur et de la distance du soleil et de la lune. Il ne reste de lui qu'un Comment. sur les Phénomènes d'Aratus, œuvre de sa jeunesse, et la Description des Constellations, qui ont été publ. par Vettori, Florence, 1567, in-fol.

HIPPIAS, fils de Pisistrate, lui succéda dans le gouvernement d'Athènes avec son frère Hipparque. Celui-ci ayant été tué en 514 par Harmodius et Aristogiton, Hippias commit, pour venger sa mort, toutes sortes de cruautés, et se rendit tellement odieux que les Athéniens le chassèrent, 510. Il se retira auprès du roi de Perse Darius, et le décida à porter la guerre dans l'Attique. Il périt dans les rangs des Perses à Marathon, 490.

HIPPIAS, sophiste d'Élis, florissait à Athènes en même temps que Protagoras, vers l'an 436 av. J.-C. Il se vantait de tout savoir et faisait payer cher ses leçons. Platon l'a livré au ridicule dans deux de ses dialogues, le Grand et le Petit Hippias.

HIPPO, v. d'Afrique. V. HIPPONE.

HIPPOCRATE, le père de la médecine, né l'an 460 av. J.-C., dans l'île de Cos, de la famille des Asclépiades, qui, depuis plusieurs siècles, était vouée à l'art de guérir, voyagea, pour s'instruire, en Grèce et dans plusieurs provinces de l'Asie, résida tantôt à Cos, tantôt en Thessalie ou en Thrace, tantôt à Pella à la cour de Perdiccas, roi de Macédoine, tantôt à Athènes, enseignant et pratiquant la médecine. Il florissait surtout à l'époque de la guerre du Péloponèse. On raconte sur lui plusieurs anecdotes que la critique moderne a mises en doute : ainsi on prétend qu'il guérit de la peste les Athéniens en allumant de grands feux au milieu de la ville, et que les citoyens d'Athènes reconnaissants lui décernèrent des récompenses magnifiques; qu'il repoussa les propositions d'Artaxerce-Longuemain, roi de Perse, qui voulait, à force d'or, l'enlever à la Grèce. Il mourut à Larisse dans un âge très-avancé, à 80 ans selon les uns, à 100 ans selon les autres. Il offrit par ses mœurs non moins que par son habileté le modèle d'un parfait médecin, et mérita le surnom de divin vieillard. Avant Hippocrate, la médecine se réduisait presque à des jongleries et à des pratiques superstitieuses dont les prêtres avaient le secret et le monopole. Le premier il divulgua généreusement les méthodes curatives. En outre, il créa l'art d'observer, et sut se garantir des hypothèses auxquelles s'abandonnaient les médecins de son temps ; il consigna dans ses écrits le fruit de ses observations, et le fit avec tant de bonne foi qu'il ne dissimula pas même les erreurs dans lesquelles il avait pu tomber. Il traite avec supériorité des signes des maladies, prescrit les remèdes les plus simples, et veut que le médecin ne fasse que suivre et imiter la marche de la nature. Il reconnut le premier l'importance de la diététique; il joignit l'exercice de la chirurgie à celui de la médecine. Du reste, il connaissait peu l'anatomie. Nous avons sous le nom d'Hippocrate un grand nombre d'ouvrages, écrits en dialecte ionien. On doute que tous soient du même auteur, et l'on pense que quelques-uns appartiennent à d'autres médecins de la même famille qui ont porté le même nom. Les principaux sont les traités de la Nature de l'homme, ou se trouve la théorie célèbre des quatre humeurs (sang, flegme, bile, atrabile); des Fractures; des Airs, des Eaux et des Lieux, traité qui, avec celui des Épidémies, offre de précieux matériaux pour l'hygiène et la prophylactique ; les Pronostics, et surtout les Aphorismes, que l'on regarde comme son chef-d'œuvre. On a donné une foule d'éditions soit des traités détachés, soit des œuvres diverses d'Hippocrate; les principales éditions