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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/602

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rois de Pont et ceux de Bitbynie. Ces derniers appelèrent les Romains à leur secours. Philémon, fils de Nicomède, rétabli par eux et mis en possession de la plus grande partie de la Paphlagonie, leur légua ses États, 63 av. J.-C. Les Romains les réunirent alors à la province de Pont. La Paphlagonie fit partie, sous Dioclétien, du diocèse de Pont, et devint, après Héraclius, un des thèmes de l'Orient.

PAPHNUCE (S.), évêque de la Hte-Thébaïde au IVe s., souffrit pour la foi sous Galérius et Maximin, assista au concile de Nicée, et soutint la cause de S. Athanase au concile de Tyr. On le fête le 11 septembre.

PAPHOS, nom commun à deux villes de l'île de Cypre, l’Anc. Paphos et la Nouv. Paphos. La 1re était sur la côte S. O. de l'île, et devait son origine à des Syriens ou Phéniciens, conduits par Cinyras. C'est sur le rivage voisin de cette ville qu'on faisait naître Vénus, sortie de l'écume de la mer. Cette déesse, ou plutôt Astaroth ou Astarté, déesse phénicienne, y était adorée sous la forme d'un bloc conique noir, qu'on présume avoir été un aérolithe. On y célébrait en l'honneur de Vénus des fêtes qui attiraient un grand concours; son temple, célèbre dans toute la Grèce, rendait des oracles; le grand prêtre de ce temple était le premier après le roi. Ravagée par un tremblement de terre, la ville fut relevée par Auguste, et prit de là le nom d’Augusta ou de Sébaste. Pococke a trouvé sur l'emplacement de cette ville, qui est auj. le village de Kouklia, beaucoup de ruines. — La 2°, auj. Bafa, à 15 kil. N. O. de la précéd., avait un bon port et un beau temple. Ou en attribuait la fondation à l'Arcadien Agapénor, qui l'aurait bâtie en revenant de Troie. — Les deux villes n'avaient qu'un seul gouvernement, sous l'autorité des Cinyrades. Comme les autres villes de l'île, Paphos conserva ses rois sous les Perses et sous Alexandre, à la condition de payer tribut. Après les guerres des successeurs d'Alexandre, elle resta aux Ptolémées; elle passa avec le reste de l'île sous la domination romaine en 59 av. J.-C. — C'est à Paphos que S. Paul convertit Sergius Paulus. Cependant le Christianisme ne fut établi dans l'île qu'au IVe s. Alors le temple de Vénus fut renversé et un évêché érigé à Paphos même.

PAPIA, nom latin de PAVIE.

PAPIAS (S.), disciple de S. Jean l’Évangéliste, fut évêque d'Hiéraple en Phrygie, et mourut vers 156. Il avait compose, en grec, une Explication du discours du Seigneur, dont il n'existe que des fragments, où l'on trouve cependant des renseignements précieux. Il passe pour avoir répandu le premier les idées des Millénaires. On le fête le 12 février. — Un autre Papias, grammairien latin du XIe s., rédigea vers 1053 un Vocabularium latinum, Milan, 1476, in-f., précieux monument de l'époque.

PAPILLON (Almague), poëte, né à Dijon en 1487, m. en 1559, fut, comme Clément Marot, valet de chambre de François I, et suivit le roi dans sa captivité en Espagne. On a de lui : le Nouvel Amour; Victoire et triomphe d'Argent contre le dieu d'Amour; Victoire et triomphe d'Honneur et d'Amour contre Argent. — Marc de P., seigneur de Lasphrise, né à Amboise en 1555, m. vers 1599, servit longtemps et avec distinction, puis se retira pour cultiver les lettres. On a de lui : Amours de Théophile, Amours de Noémi, la Nouvelle inconnue (imitée de Boccace), des élégies, des poésies chrétiennes et autres, qui ne manquent pas de verve et d'imagination.

PAPILLON (Philibert), chanoine de Dijon, 1666-1738, est auteur de la Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, 1742-45, 2 vol. in-fol., ouvrage estimé.

PAPILLON (Jean), né à Rouen en 1639, m. à Paris en 1710, s'est distingué dans la gravure sur bois, ainsi que Jean et Nicolas, ses deux fils, J. Baptiste et J. B. Michel, ses neveux. — Jean Papillon, dit le Jeune, son fils aîné, inventa le trusquin. J. B., son neveu, est auteur d'un Traité historique et pratique de la gravure en bois, Paris, 1766.

PAPIN (Denis), célèbre physicien, né à Blois en 1647, m. vers 1714, exerça d'abord la médecine à Paris, puis s'occupa avec succès de physique et de mécanique. Forcé de s'expatrier comme protestant, il se rendit en Angleterre, où il se lia avec Boyle, qui l'associa à ses belles expériences sur la nature de l'air et le fit nommer membre de la Société royale de Londres (1680). En 1687, il alla en Allemagne pour occuper la chaire de mathématiques à l'Université de Marbourg. Il fut nommé en 1699 correspondant de l'Académie des sciences de Paris. Il a laissé, outre un grand nombre de Lettres et de Mémoires disséminés dans le Journal des Savants, les Transactions philosophiques et les Acta eruditorum, divers ouvrages fort remarquables, entre autres la Manière d'amollir les os, Paris, 1682, où il décrit une nouvelle machine de son invention, le Digesteur, dit vulgairement Marmite de Papin, vase hermétiquement fermé, dont nos autoclaves ne sont qu'un perfectionnement; et un traité qui fait époque, intitulé : Nouvelle manière d'élever l'eau par la force de la vapeur, Cassel, 1707. Il est le premier qui ait connu toute la puissance de la vapeur et le parti qu'on en pouvait tirer pour les machines; il a clairement décrit le moyen de faire le vide dans le corps de pompe en condensant la vapeur par le refroidissement; enfin il a conçu l'idée de la navigation à vapeur : il fit construire d'après ce principe un bateau sur la Fulde en 1707. Arago a donné une intéressante Notice sur D. Papin. Blois lui a érigé une statue. — Isaac Papin, son cousin, 1657-1709, théologien protestant, eut avec son coreligionnaire Jurieu de grandes disputes, à la suite desquelles il passa en Angleterre, puis en Allemagne. Las de ces querelles, il rentra en France et abjura entre les mains de Bossuet, 1690. Ses Œuvres forment 3 vol. in-12, Paris, 1723. On y remarque des Essais sur la Providence et la Grâce.

PAPINIEN, Æmilius Papianinus, le premier jurisconsulte de l'antiquité, né en Phénicie vers 142, fut avocat du fisc sous Marc-Aurèle, puis préfet du prétoire sous Septime-Sévère. Il défendit courageusement Géta contre Caracalla, et eut la tête tranchée par ordre de celui-ci. pour avoir refusé de faire l'apologie du fratricide dont ce prince s'était souillé (212). Il avait composé, entre autres ouvrages, 37 liv. de Questions, dissertations sur des points de droit; 19 liv. de Réponses, consultations sur des cas particuliers; 2 liv. de Définitions, maximes générales de droit. Ces écrits formèrent dans les écoles romaines la base du haut enseignement. Papinien jouissait d'une telle autorité que ses décisions faisaient loi, et qu'en cas de partage, son opinion devait prévaloir : malheureusement, il ne reste de ses ouvrages que des fragments, qu'on trouve pour la plupart dans les Pandectes. Cujas les a réunis et commentés.

PAPIRIUS, nom de deux familles romaines, l'une patricienne, l'autre plébéienne : la 1re se divisait en 7 branches : les Crassus, les Mugillanus, les Atratinus, les Cursor, les Maso, les Prætextatus et les Pætus; dans la 2e on connaît surtout les Carbon.

PAPIRIUS (P.) SEXTUS, patricien et jurisconsulte, fut chargé, sous le règne de Tarquin le Superbe, de recueillir les lois rendues par les 6 premiers rois de Rome. Son travail fut appelé Code Papirien.

PAPIRIUS (L.) CURSOR, maître de la cavalerie en 340 av. J.-C., consul en 325, 319, 318, 314, 312, dictateur en 323 et 308, se signala contre les Samnites, les Sabins et les Prénestins; introduisit dans son armée la discipline la plus sévère, répara la honte des Fourches Caudines en reprenant Lucérie (320), et s'acquit le renom du plus habile général des Romains. Sa sévérité en matière de discipline était telle qu'en 323 il condamna à mort Fabius Rullianus, son maître de cavalerie, pour avoir livré bataille malgré sa défense : il fallut les prières du peuple entier pour soustraire Fabius à l'effet de cette sentence, bien qu'il eût été victorieux. — L. Papirius Cursor, son fils, consul en 293 et 272 av. J.-C., remporta sur les Samnites en 293 la victoire d'Aquilonie, et les battit encore, ainsi