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chiens; mais il fut rétabli par la victoire que remporta Berwick à Almanzaen 1707; Vendôme affermit son trône par sa victoire de Villa-Viciosa, en 1710; enfin, après l'avénement de son compétiteur au trône impérial (sous le nom de Charles VI), la paix d'Utrecht, signée en 1713, reconnut Philippe V, mais toutefois en le forçant à renoncer à ses droits sur la couronne de France et à céder à l'Angleterre Gibraltar et Minorque; au duc de Savoie, la Sicile; à l'Autriche, le royaume de Naples, le Milanais, la Sardaigne et les Pays-Bas. Philippe V se laissa successivement gouverner par la princesse des Ursins (la cameraria mayor), par sa 2e femme, Élisabeth Farnèse, et par son ministre Albéroni. Les plans gigantesques de ce dernier, qui rêvait la restauration de la domination universelle de l'Espagne et voulait enlever la régence de France au duc d'Orléans pour la donner à Philippe V, auraient pu engager ce prince dans une guerre contre la France et l'Angleterre, mais il la prévint en sacrifiant son ambitieux ministre (1720). Philippe V abdiqua la couronne en 1724, mais il la reprit sept mois après, à la mort de son fils, Louis. Dans cette 2e période de son règne, il rompit de nouveau avec la France, eut en même temps la guerre avec l'Angleterre, mais se rapprocha de l'Autriche, et conclut avec elle en 1725, à Vienne, un traité par lequel les deux puissances se garantissaient mutuellement leurs possessions : un traité signé à Séville en 1729 mit fin à la guerre et garantit à son fils l'expectative des duchés de Toscane, de Parme et de Plaisance. Il eut encore une guerre à soutenir contre l'Angleterre en 1739 et contre l'Autriche en 1744, à l'occasion de la succession d'Autriche, mais il mourut avant qu'elles fussent terminées, 1746. Philippe V s'efforça de régénérer l'Espagne : il réforma l'administration, la justice, les finances, encouragea le commerce, l'industrie, la marine, les sciences et les arts. Il fonda à Madrid la Bibliothèque royale, ainsi que les Académies des beaux-arts, de la langue et de l'histoire. Son fils Ferdinand VI lui succéda.

PHILIPPE (don), duc de Parme. V. PARME.

PHILIPPE DE HESSE, le Magnanime. V. HESSE.

IV. Personnages divers.

PHILIPPE, médecin d'Alexandre le Grand, le guérit de la maladie qu'il avait contractée en se baignant dans le Cydnus. Dénoncé par Parménion comme vendu au roi de Perse, il inspira néanmoins assez de confiance à Alexandre pour que ce prince bût sans hésiter un breuvage qu'il lui présentait.

PHILIPPE de Thessalonique, poëte grec qui vivait probablement sous Nerva et Trajan, est connu par quelques épigrammes pleines d'esprit et de grâce, et surtout par le recueil poétique appelé Anthologie de Philippe ou Deuxième anthologie. On trouve ce recueil dans les grandes éditions de l’Anthologie.

PHILIPPE (S.), un des 12 apôtres, né à Bethsaïde en Galilée, fut appelé un des premiers par Jésus et le suivit jusqu'au jardin des Oliviers. Après la descente du St-Esprit, il alla prêcher l’Évangile dans la Phrygie et y mourut vers l'an 80, dans un âge avancé. Sa fête est célébrée le 1er mai.

PHILIPPE (S.), un des sept disciples que les apôtres choisirent pour remplir les fonctions de diacre. Après l'ascension de J.-C., il prêcha l’Évangile à Samarie et y fit de nombreuses conversions. Il mourut à Césarée en Palestine vers 70. On le fête le 6 juin.

PHILIPPE DE NÉRI (S.). V. NÉRI.

PHILIPPES, Philippi, d'abord Datos et Crenides, v. de Macédoine (jadis de Thrace), à l'E., chez les Édones, près d'une mine d'or, fut prise par Philippe II (de Macédoine), qui la fortifia, en fit un des boulevards de son royaume et lui donna son nom. Antoine et Octave remportèrent aux environs sur Brutus et Cassius une victoire décisive qui anéantit le parti républicain (42 av. J.-C.). Cette ville fut une des 1res à embrasser le Christianisme : nous avons une lettre de S. Paul à ses habitants (ad Philippenses). Il ne reste de Philippes que des ruines.

PHILIPPEVILLE, v. forte de Belgique (Namur), à 41 kil. S. O. de Namur; 1600 hab. C'était d'abord un bourg appelé Corbigny. Charles-Quint l'agrandit on 1555, et lui donna le nom de son fils (Philippe II). En 1578, elle fut prise par don Juan d'Autriche sur les Hollandais. Le traité des Pyrénées (1659) la céda à la France, qui l'a conservée jusqu'en 1815. Elle fut alors annexée aux Pays-Bas.

PHILIPPEVILLE, v. et port de l'Algérie (Constantine), ch.-l. d'arr., sur la rade de Stora, près de l'embouch. de l'Oued-el-Kébir, à 83 kil. N. N. E. de Constantine; 7137 h. Trib. de 1re inst. et de commerce; hôpital civil et militaire. Pépinière publique; vaste forêt de liége aux environs; commerce de peaux, de laines et de sangsues. — Cette ville a été construite par les Français en 1839, sur les ruines de l'anc. Rusicada, et a été ainsi nommée en l'honneur de Louis-Philippe.

PHILIPPINE de Hainaut, reine d’Angleterre, fille de Guillaume, comte de Hainaut, épousa en 1328 Édouard III, dont elle eut 12 enfants, et mourut en 1369. Pendant que son mari envahissait la France, elle repoussa, à Nevill's Cross, le roi d’Écosse David, qui avait envahi l'Angleterre, 1346. Lors de la reddition de Calais, 1347, elle sauva par ses prières et ses larmes les six bourgeois de la ville qui s'étaient dévoués pour leurs concitoyens. Amie des lettres, elle encouragea Froissart.

PHILIPPINES (îles), grand archipel de la Malaisie, entre 114° et 124° long. E., 5° et 20° lat. N., a env. 325 000 kil. carr. et 4 millions d'habitants. La plus grande de ces îles est Luçon (capit. Manille); ensuite viennent Mindanao, Soulou, Palaouan, etc. Les petites îles qui entourent Luçon (Samar ou Ibaba, Leyte, Panay, Mindoro, les Calamianes, etc.), sont souvent nommées Bissayes, du nom de leurs principaux habitants. L'Espagne se regarde comme maîtresse des Philippines, mais elle ne possède effectivement qu'une partie de Luçon et de Mindanao, plus quelques points des autres îles. Réunies aux Mariannes, les Philippines forment la capitainerie gén. espagnole des Philippines. Ces îles sont hautes, montueuses et couvertes de forêts vierges; Luçon a plusieurs volcans. Climat agréable et chaud, mais malsain; grands ouragans. Sol très-fertile : riz et autres grains, canne à sucre, coton et denrées coloniales de toute espèce, fruits exquits, bois précieux (aloès, cèdre, sandal, bois de campêche, ébène, bois de fer); camphre, bétel. Or, mercure, vermillon, plomb, fer, soufre; marbre, pierres précieuses. La population se compose de Malais et de Papous (ceux-ci dans les mont.), de Chinois, d'Espagnols, de métis : beaucoup de Malais de cet archipel sont pirates et infestent les côtes. — Les Philippines, découvertes dès 1521 pour l'Espagne par les vaisseaux de Magellan, furent ainsi nommées plus tard en l'honneur de Philippe II; toutefois, elles ne reçurent d'établissement espagnol qu'en 1568. La colonie prospéra, et beaucoup de Chinois vinrent s'y fixer : effrayés du nombre de ces colons, les Espagnols les massacrèrent (1639). L'Inquisition y devint toute-puissante et les moines s'emparèrent du gouvernement au commencement du XVIIIe s. Luçon a été prise par les Anglais en 1762 et rendue en 1764.

PHILIPPIQUE, nommé d'abord Vardan (Bardane), emp. grec, Arménien de naissance, était entré au service des empereurs d'Orient. Sur la foi d'un astrologue, il se persuada qu'il arriverait à l'empire; ayant osé le dire, il fut exilé à Céphalonie par Tibère III (701), puis à Cherson par Justinien II (710). Dans cette dernière ville, il fut en effet proclamé empereur par un parti de révoltés; il entra sans coup férir dans Constantinople (711). Il se rendit bientôt odieux par son ardeur pour l'hérésie monothélite et méprisable par ses vices et son indolence, fut détrôné et privé de la vue en 713, et m. de misère en exil.

PHILIPPIQUES, nom donné d'abord à 4 célèbres discours de Démosthènes contre Philippe, roi de Macédoine, a été appliqué par analogie à 14 discours de Cicéron contre Antoine. — On connaît aussi sous