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adopta dans la suite une manière expéditive qui put lui faire gagner beaucoup d'argent, mais qui perdit sa réputation. Les planches qu'il grava pour les Cérémonies religieuses de toutes les nations, de J. F. Bernard et Bruzen de la Martinière, ont popularisé son nom. Parmi ses autres ouvrages on distingue le Massacre des Innocents, d'après son propre dessin, le Temps découvrant la Vérité, les Bergers d'Arcadie, d'après le Poussin, les portraits du prince Eugène et du duc d'Orléans, régent.

PICCINI (Nicolo), grand compositeur, né à Bari en 1728, m. en 1800, était élève de Léo et de Durante. Il habita successivement Naples et Rome, et vint se fixer en France en 1776. Il y eut pour rival Gluck; le public se partagea entre eux, et la polémique des Gluckistes et des Piccinistes dégénéra en querelles furieuses. Gluck enfin quitta la place; mais Piccini trouva un nouveau rival dans Sacchini. Piccini était sous Louis XVI directeur de l'école de chant; la Révolution lui ayant fait perdre ce poste, il repassa en Italie, mais il revint en France sous le Directoire et obtint une pension. On a de lui plus de 150 opéras : les plus connus sont Zenobia, la Cecchina, Olimpiade, Roland, Atys, Didon (son chef-d'œuvre), Diane et Endymion, Pénélope, Iphigénie en Tauride. Marmontel, le chef de ses partisans, a fait les paroles de la plupart de ses opéras français. Piccini se recommande par une grande élégance de formes, des mélodies touchantes, larges et pures, un style clair, abondant et facile, mais il manque quelquefois de force et de couleur, et sous ce rapport il était inférieur à son rival.

PICCININO (Nicolo), fameux condottiere, né à Pérouse en 1375, apprit le métier des armes sous Braccio de Montone, son oncle, puis se mit au service de Philippe Marie Visconti, duc de Milan. Il remporta plusieurs avantages sur le comte d'Urbin, sur Carmagnole, sur Sforza, mais perdit la bataille d'Anghiari (1440); il prit les forteresses du Brescian, du Bergamasque, s'empara de Bologne en 1538 et en fut nommé souverain par Visconti. Ayant depuis éprouvé de grands revers, il en mourut de chagrin, en 1444. — Jacques P., son fils, se mit au service de Venise (1450-54), puis entreprit la guerre pour son propre compte et envahit le territoire de Sienne (1455). Ayant loué sa bande à Alphonse d'Aragon, roi de Naples, il le trahit pour Jean, duc d'Anjou, son compétiteur, et ne tarda pas à abandonner celui-ci pour Ferdinand d'Aragon, fils d'Alphonse; mais deux ans après il fut arrêté et étranglé en prison par ordre de ce dernier prince, qui vengeait ainsi sa 1re trahison.

PICCOLOMINI (les), l'une des familles nobles qui se disputaient le pouvoir à Sienne, se fit admettre en 1458 dans l'ordre du peuple. En 1538, ils succédèrent aux Petrucci comme chefs de la république; mais l'influence de l'Espagne fit cesser leur domination en 1541. Cette famille a fourni plusieurs personnages célèbres, entre autres deux papes, Pie II et III, et un général des Impériaux, Octave Piccolomini.

PICCOLOMINI (Alexandre), archevêque de Patras (in partibus), de la noble famille des Piccolomini, né à Sienne en 1508, m. en 1578, était habile en jurisprudence, théologie, philosophie, médecine, mathématiques. Il a beaucoup, écrit. On a de lui, entre autres ouvrages, des traités de Morale et de Philosophie, et la Rafaella ou Della Creanza della donne (Milan, 1558), ouvrage licencieux qu'il condamna lui-même dans la suite; il a été trad. sous le titre d’Instruction aux jeunes dames en forme de dialogues.

PICCOLOMINI (Octave), fameux général des Impériaux, né à Sienne en 1599, m. à Vienne en 1656, servit d'abord en Italie (1632), puis se signala en Allemagne dans la guerre de Trente ans, eut part à la bataille de Lutzen (1634), commanda une aile à celle de Nordlingue, prit diverses places de Souabe, de Franconie, préserva les Pays-Bas de l'attaque des Français, commanda les troupes espagnoles dans les Pays-Bas, fut rappelé en Allemagne en 1648 avec le titre de feld-maréchal, et arrêta un instant les Suédois. Quand on traita de la paix, il fut envoyé en qualité de commissaire de l'Autriche au congrès de Nuremberg; à la suite de cette mission, il fut créé prince de l'empire et reçut le duché d'Amalfi.

PICENTINS, Picentini, auj. partie N. O. de la Principauté citérieure; petit État de l'Italie mérid., au S. de la Campanie, le long de la mer Tyrrhénienne, entre les embouchures du Sare et du Silare, semble avoir été une colonie du Picenum. Les Picentins avaient pour villes principales Picentia (ch.-l.), Sorrente, Nucérie et Salerne. Ils furent soumis par les Romains de 343 à 266 av. J.-C.

PICENUM, auj. Marche d'Ancône, petit État de l'Italie, sur la mer Adriatique, entre les Senones au N., les Prætutii au S., avait pour villes principales Asculum Picenum, Firmum, Auximum, Cingulum. Il fut soumis par les Romains en 268 av. J.-C. Ses habitants s'appelaient Picéniens; il ne faut pas les confondre avec les Picentins, qui étaient beaucoup plus au sud et sur la mer Tyrrhénienne.

PICHDADIENS, la plus ancienne dynastie des rois de Perse, est plus fabuleuse qu'historique. Son nom dérive du mot pichdad, bon justicier, surnom d'un des rois de la dynastie. La dynastie des Pichdadiens fut fondée à une époque fort reculée par Kaïomaratz. Elle compta parmi ses rois Djemschid, Zohâk, Férydoun. Elle fut remplacée vers l'an 733 av. J.-C. par celle des Kaïaniens (ou Achéménides).

PICHEGRU (Ch.), général français, né en 1761 aux Planches, près d'Arbois (Jura), était répétiteur de mathématiques à l'école de Brienne quand Bonaparte y était élève. Il s'engagea dans l'artillerie, servit en Amérique, embrassa avec ardeur en 1789 les doctrines de la Révolution, fut élu commandant par un bataillon de volontaires, passa à l'armée du Rhin, où il devint successivement général de brigade, général de division, général en chef, seconda les opérations de Hoche, et prit après lui le commandement général des armées de la Moselle et du Rhin (1793). Mis en 1794 à la tête de l'armée du Nord, il la réorganisa, battit les alliés à Cassel, Courtray Menin, Rousselaer, Hooglède, entra dans Bruges, Gand, Anvers, Bois-le-Duc, Venloo, Nimègue, franchit le Wahal sur la glace, pénétra ainsi en Hollande, occupa Amsterdam et les Provinces-Unies (janvier et février 1795), et prit la flotte hollandaise. Mais, au milieu de ces brillants succès, il se laissa séduire par les offres du prince de Condé : on lui promettait 1 000 000 de fr. comptant, 200 000 fr. de rente, le château de Chambord, le duché d!Arbois et le gouvt de l'Alsace : il consentit dès lors à servir la cause royaliste, et laissa l'Autriche remporter quelques avantages sur ses troupes. Devenu suspect au Directoire, il fut révoqué en 1796 et alla vivre dans la retraite à Arbois. Élu en 1797 membre du Conseil des Cinq-Cents, il se mit dans cette assemblée à la tête du parti contre-révolutionnaire. Il fut au 18 fructidor déporté à Sinnamari; mais il parvint à s'évader, passa en Angleterre, où il se fit l'agent des Bourbons, s'y lia avec George Cadoudal, et rentra secrètement en France en 1804, dans le but d'assassiner le 1er consul Bonaparte. Ayant été découvert, il fut enfermé au Temple, où il s'étrangla. Les Bourbons lui élevèrent à Besançon une statue qui fut brisée en 1830.

PICHINCHA, volcan de l'Amérique du Sud, dans la républ. de l’Équateur, au S. E., à 11 kil. O. de Quito, par 0° 11' lat. S., et 81° 12' long. O.; 4996m. Fréquentes éruptions (les plus terribles eurent lieu en 1535, 1557, 1660, 1690). Près de là, Santa Cruz battit en 1822 les troupes royales. — On donne le nom de Pichincha à la province dont Quito est chef-lieu.

PICO, une des Açores, par 38° 22' lat. N. et 30° 26' long. O., à l'O. N. O. de San-Miguel : 40 kil. sur 16; 28 000 h:; ch.-l., Villa-da-Laguna. Haute montagne volcanique. Vins dits de Malvoisie et vino seco.

PICOT (l'abbé), né en 1770 à Neuville-aux-Bois (Loiret), mort en 1841, est un des écrivains qui, au