Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut signé au pied des Pyrénées, dans l'île des Faisans, île de la Bidassoa. Ce traité laissait à la France le Roussillon avec le versant N. de la Cerdagne, presque tout l'Artois, et diverses places sur la frontière des Pays-Bas, donnait à Louis XIV pour épouse l'infante Marie-Thérèse, mais restituait la Lorraine à son duc Charles III; il stipulait renonciation pour la France à toute prétention sur la succession d'Espagne, mais sous la condition expresse du payement de la dot.

PYRÉNÉES (dép. des BASSES-), dép. limitrophe de l'Espagne, sur le golfe de Gascogne, borné au S. O. par l'Espagne, à l'E. par le dép. des Htes-Pyrénées, à l'O. par le golfe de Gascogne, au N. par les Landes; 7494 kil. carr. : 436 628 hab.; ch.-l. Pau. Il est formé de l'ancien Béarn, de la Navarre et d'une partie de l'anc. Gascogne. Il est couvert par les Pyrénées, offre des landes, mais aussi des vallées fertiles et des sites pittoresques; beaucoup de rivières (l'Adour, la Nive, la Bidouze) et de torrents, dits gaves. Fer, cuivre, soufre, cobalt, houille, marbre, granit, albâtre , ardoise, pierre à bâtir, marnes, eaux minérales (Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes, etc.). Sol peu fertile : froment, millet, maïs, lin, noix de galle, fruits à cidre et autres; bons vins; bois de charpente, de construction, de mâture. Gros et menu bétail, chevaux, mulets, porcs, oies. Toiles et tissus de coton, bonnets tunisiens, tapis; cidre, eau-de-vie et liqueurs, chocolats, jambons. Commerce actif, par Bayonne; armements pour la pêche. — Ce dép. a 5 arr. (Pau, Bayonne, Orthès, Oloron, Mauléon), 40 cantons, 630 communes; il appartient à la 13e division militaire, a une cour impér. à Pau et un évêché à Bayonne.

PYRÉNÉES (dép. des HTES-), au N. de l'Espagne, à l'O de celui de la Haute-Garonne, à l'E. de celui des Basses-Pyrénées, au S. de celui du Gers, a 4527 kil. carrés; 240 179 hab.; ch.-l., Tarbes. Il est formé de cinq pays de l'anc. Gascogne (Bigorre, Nébouzan, Quatre-vallées, parties de l'Astarac et de l'Armagnac). Ce dép., couvert par les Pyrénées centrales, offre des vallées pittoresques et est arrosé par un grand nombre de cours d'eau torrentiels : l'Adour, le Gave de Pau, qui commence à la cascade de Gavarnie, l'Arros, la Baïse, le Gers et la Neste. Beaux pâturages, vastes forêts; vins abondants, lin et châtaignes. Élève de chevaux assez estimés, mulets, volailles. Beaux marbres, cuivre, fer, zinc, plomb. Scieries de planches, forges; commerce de sangsues. Eaux minérales célèbres à Barèges, Cauterets, St-Sauveur, Bagnères-sur-Adour, etc. — Ce dép. a 3 arr. (Tarbes, Argelès, Bagnères-en-Bigorre), 26 cantons, 492 communes; il appartient à la 13e division militaire, a une cour impér. à Pau, et un évêché à Tarbes.

PYRÉNÉES-ORIENTALES (dép. des), borné au S. par l'Espagne, à l'O. par le dép. de l'Ariége, au N. par celui de l'Aude, à l'E. par la Méditerranée : 4116 k. carr.; 181 763 hab.; ch.-l. Perpignan. Il est formé du Roussillon et d'une partie de la Cerdagne et du Razès. Hautes montagnes au S. (entre autres le Canigou), vastes plaines à l'E., vallées, étangs le long de la mer, notamment celui de Leucate, torrents impétueux : le Tet, le Tech, le Gly. Climat très-chaud dans la partie basse, aspect espagnol. Fer, cuivre, plomb, antimoine, alun, houille, albâtre, marbre, granit, pierre à chaux; sources thermales. Sol fertile près de la mer, sec et maigre ailleurs. Vins fins (Rivesaltes, Grenache, etc.), grenadiers, orangers, citronniers en pleine terre, mûriers, oliviers, lin, chanvre, céréales, plantes odoriférantes. Très-peu de bois; mérinos et mulets excellents, abeilles; pêche de thons et sardines sur les côtes. Forges à la catalane, gros draps, bonnets de laine, fabriques de cercles, de clous, tanneries. Assez de commercé, surtout avec l'Espagne. — Ce dép. a 3 arr. (Perpignan, Céret, Prades), 17 cantons et 226 communes. Il appartient à la 11e division militaire, dépend de la cour imp. de Montpellier et forme le diocèse de Perpignan.

PYRGOTÈLE, graveur en pierres fines du temps d'Alexandre, excella dans son art, et partagea avec Apelle et Lysippe l'honneur de retracer les traits du conquérant. On a quelques pierres qui portent son nom (Alexandre, Phocion, Hercule assommant l'Hydre), mais elles sont contestées.

PYRMONT, Petri mons, v. de la principauté de Waldeck, sur l'Emmer, à 100 kil. N. de Waldeck; 3000 hab. Château, résidence du prince. Eaux salines, acidules et ferrugineuses, dont on vante les vertus curatives; bains fréquentés. Aux env. se trouve le Bromberg, d'où l'on a une superbe vue.

PYRRHA, fille d'Épiméthée et de Pandore, épousa Deucalion. roi de Thessalie. V. DEUCALION.

PYRRHIQUE, danse militaire des Grecs, exécutée sur un mode vif, au son des flûtes, avec l'épée et la lance, simulait tous les accidents d'un combat véritable. Elle fut surtout usitée à Sparte et en Crète.

PYRRHON, philosophe grec, chef des Sceptiques, né à Élis dans le Péloponèse, florissait vers l'an 340 av. J.-C., et mourut vers 288, ou, selon d'autres, vers 304 av. J.-C., âgé, dit-on. de plus de 90 ans. Il avait, dans sa jeunesse, exercé la profession de peintre, puis il reçut les leçons du philosophe Anaxarque, et le suivit en Asie pendant l'expédition d'Alexandre. Il obtint une telle considération par sa sagesse et ses vertus que ses concitoyens l'honorèrent de la dignité de grand prêtre. Pyrrhon prétendait que rien n'est certain, qu'à chaque proposition on peut opposer une proposition contraire également probable, que par conséquent le sage doit s'en tenir à l'examen, scepsis (d'où ses disciples prirent le nom de sceptiques), s'abstenir de tout jugement (épèkhein). Il avait pour maximes : non liquet; nil potius. Il ramena à dix tous les motifs de doute, qu'il nommait raisons d'époque (c.-à-d. de suspension du jugement); il les tirait, soit de la contradiction qui se trouve entre les sensations des divers animaux (1), entre les jugements portés par diverses personnes sur un même objet (2), ou par la même personne (3), et par le même sens (4), mais en des circonstances différentes; soit des altérations perpétuelles que subissent les choses matérielles (5), de la variabilité des lois, des usages (6); soit enfin des changements que nous semblent offrir les choses selon leur position (7), selon le mélange de leurs éléments (8), les relations qu'elles ont entre elles (9), leur nouveauté, leur rareté ou leur fréquence (10). Il nommait aussi ces arguments tropes (de tropos, changement), parce qu'ils étaient fondés pour la plupart sur les variations des hommes ou des choses. Pyrrhon disait que tout était indifférent, et se proposait par là de produire l’apathie ou impassibilité et l’ataraxie ou imperturbabilité, qu'il regardait comme les biens suprêmes. On raconte de lui mille extravagances, qui découlent il est vrai de son système, mais qui sont de pures inventions. Bayle a vainement tenté de le réhabiliter. La Vie de Pyrrhon été écrite par Diogène Laërce; sa doctrine a été exposée par Sextus Empiricus dans ses Hypotyposes pyrrhoniennes. Les plus célèbres pyrrhoniens sont Timon, Énésidème, Sextus Empiricus.

PYRRHUS ou NEOPTOLÈME, fils d'Achille et de Déidamie, vint, quoique très-jeune, au siége de Troie, dans la 10e année du siége, parce que, suivant un oracle, sa présence devait décider de l'issue de la guerre. Il ramena Philoctète de Lemnos, tua devant Troie Eurypyle, fils de Télèphe, et institua en mémoire de ce triomphe la pyrrhique ou danse armée, entra le premier dans le cheval de bois, et se montra impitoyable lorsque Troie eut été prise : il massacra Polite et Priam au pied des autels, précipita Astyanax du haut d'une tour, et égorgea Polyxène sur la tombe d'Achille. Il eut pour sa part de butin Andromaque, veuve d'Hector, dont il fit son esclave, épousa Hermione, puis alla fonder un royaume en Épire. Il périt à Delphes, assassiné par Oreste, qui avait avant lui demandé la main d'Hermione.

PYRRHUS, roi d'Épire, fils d'Éacide. Encore enfant à la mort de son père (312 av. J.-C.), il fut supplanté