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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/12

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et chassa de la Lithuanie. Il quitta la religion catholique pour le Protestantisme, propagea avec zèle les nouvelles doctrines, établit une imprimerie fameuse à Brezscie, et fit traduire et imprimer à ses frais une Bible polonaise ; mais ses enfants retournèrent à la foi catholique. — Charles R., 1734-90, palatin de Vilna. Nommé en 1762 gouverneur de la Lithuanie par le roi de Pologne Auguste III, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour combattre l'influence russe, mais il ne put empêcher Stan. Poniatowski, le protégé de l'impératrice Catherine, de devenir roi. Mis hors la loi, il vit confisquer ses biens immenses, qui montaient à plus de 5 millions de revenu. Élu en 1767 chef de la confédération de Bar, il voulut en vain prévenir le démembrement de son pays et s'expatria. Il séjourna longtemps à Paris et fit bâtir à ses frais un passage qui conduit du Palais-Royal à la rue de Richelieu. Rentré en Pologne dans ses dernières années, il assista aux débuts de la diète de Varsovie qui en 1791, un an après sa mort, proclama une nouvelle constitution. — Dominique R., 1787-1813, fit en qualité de colonel la campagne de Moscou dans l'armée française, s'y distingua par son courage et son dévouement, et fut blessé mortellement au combat de Hanau : il fut vivement regretté de Napoléon, qui l'avait attaché à sa personne.

RAFFENEL (Cl. Denis), né dans le Jura vers 1799, m. en 1827, fut attaché à un des consulats des Échelles du Levant, fonda l’Observateur oriental à Smyrne, alla en 1826 combattre les Turcs en Grèce sous le commandement de Fabvier, et fut tué dans le château d'Athènes. On a de lui : Histoire des Grecs depuis la prise de Constantinople, 1824 ; Histoire complète des événements de la Grèce, 1822-25.

RAFFENEL (J. B.), voyageur, né à Versailles en 1809, m. en 1858, visita de 1826 à 1842 les Antilles, le Brésil, les États-Unis, Madagascar, Bourbon, le Sénégal, fut chargé en 1843 d'explorer la Falimé et les pays riverains, publia à son retour un Voyage dans l'Afrique occidentale (1846), entreprit peu après de traverser l'Afrique dans toute sa largeur, mais fut pris et dépouillé sur les limites du Ségo, et ne put aller plus loin. Il profita de sa captivité pour rédiger un Voyage dans le pays des Nègres, qui parut en 1856. Il fut nommé en 1855 gouverneur de nos établissements de Madagascar.

RAFFET (Aug.), dessinateur, né à Pantin en 1804, m. en 1860. Après s'être essayé dans la peinture d'histoire, il se consacra au dessin lithographique et à l'aquarelle et y excella. Il illustra, entre autres ouvrages, les Histoires de M. Thiers, le Napoléon en Égypte et la Némésis de Barthélémy, le Voyage en Crimée d'Anatole Demidoff. Son chef-d'œuvre est la Revue des Morts, composition fantastique où l'on voit les plus illustres généraux de l'Empire se presser devant l'ombre de Napoléon. Ses dessins se distinguent par une vérité parfaite et une grande entente de la composition. M. Giacomelli a publié en 1863 le catalogue de son Œuvre.

RAFFINÉS (les), nom donné du temps de Henri III et Henri IV à ces braves de la cour qui, prétendant raffiner sur le point d'honneur, étaient toujours prêts à tirer l'épée, même pour les motifs les plus futiles.

RAGAU, grande plaine de l'Asie, près du confluent du Tigre et de l'Euphrate, où Nabuchodonosor Ier, roi d'Assyrie, remporta une victoire décisive sur Phraorte, roi des Mèdes, qui y fut tué, 655 av. J.-C.

RAGENFRED. V. RAINFROI.

RAGÈS ou RHAGIS, plus tard EUROPUS et ARSACIA, auj. Razi ou Réi, v. de Médie, au S., près d'Ecbatane, passait pour être la 2e ville de la Médie sous le rapport de l'ancienneté. C'est là que Tobie alla par ordre de son père chercher les 6 talents que lui devait Gabélus. Patrie du médecin Razi.

RAGLAN (J. H. FITZROY-SOMERSET, lord), général anglais, né en 1788, fut aide de camp de Wellington en Espagne, prit part, en qualité de lieutenant colonel, aux batailles de Toulouse, eut un bras emporté à celle de Waterloo, occupa depuis la paix les postes de secrétaire de la direction de l'artillerie, de major général, de directeur général de l'artillerie, fut élevé à la pairie en 1852, et choisi en 1854 pour commander en chef les forces britanniques en Orient. Adressa, de concert avec le maréchal de St-Arnaud, le plan de l'expédition de Crimée, prit une part glorieuse a la victoire de l'Alma, au siège de Sébastopol, à la bataille d'Inkermann, et fut à la suite de cette dernière affaire élevé à la dignité de feld-maréchal, mais il fut peu après enlevé par le choléra (1855). Son calme et sa lenteur contrastaient avec la vivacité et l'impétuosité du général en chef de l'armée française.

RAGOTZKY ou RAGOCZI (Sigismond), magnat hongrois, fut élu malgré lui prince de Transylvanie à la mort d’Étienne Bocskay (1607). Déjà vieux, il se hâta de céder cette dignité à Gabriel Bathori, 1608. — George R., l'Ancien, prince de Transylvanie (1630-48), se fit reconnaître par le sultan Amurat IV et par l'empereur Ferdinand II, se joignit aux Suédois dans la guerre de Trente ans, 1643, se déclara ouvertement contre l'empereur en 1644, et fut secondé par les palatins de Hongrie ; mais fit la paix en 1645. Il conserva ses possessions et put même y ajouter la Valachie. — George R., le Jeune (1648-61), se ligua avec la Suède contre la Pologne en 1659, malgré l'opposition du grand vizir, fut battu à Medjiboj, fut déposé par les Turcs et perdit la vie en combattant pour ressaisir le pouvoir. — Franç. Léopold R., petit-fils du préc., né en 1676, avait été élevé à la cour de Vienne après que sa maison eut été dépouillée, puis fut enfermé au château de Neustadt pour avoir réclamé une partie de ses biens. Il s'évada, fut nommé chef par les mécontents de Hongrie en 1701, déploya à leur tête une grande valeur, et tint 10 ans la Hongrie séparée de l'Autriche. Proscrit après la paix de Nagy-Caroly (1711), il alla vivre soit en France, soit en Turquie ; il mourut à Rodosto en 1735. Il a laissé des Mémoires.

RAGUËL, beau-père de Tobie. V. TOBIE.

RAGUENET (l'abbé François), né à Rouen en 1660, m. en 1720, s'appliqua à l'étude des belles-lettres et de l'histoire, remporta le prix d'éloquence à l'Académie française en 1689 pour un discours Sur le Mérite et l'utilité du martyre, et fut précepteur des neveux du cardinal de Bouillon. On a de lui Histoire d'Ol. Cromwell, 1691 ; Monuments de Rome, 1700 ; Histoire de l'Ancien Testament, 1708 ; Hist. de Turenne, 1738 (posthume) : cet ouvrage, qui est plutôt un journal qu'une histoire, a été souvent réimprimé.

RAGUSE, Rhausium, en latin, v. forte des États autrichiens, dans la Dalmatie, ch.-l. de cercle, sur la rive orient. de l'Adriatique, à 350 kil. S. E. de Zara ; 10 000 hab. Archevêché, dont le titulaire est primat de Dalmatie ; 2 ports, fortifications, collège de Piaristes, bibliothèques. Soieries et lainages. Patrie de Baglivi, Boscovich, Banduri. — Raguse a été fondée par des fugitifs d'Epidaure et de Salone aux VIe et VIIe s., fortifiée par Pie II et plus tard par les Français ; enfin rebâtie aux frais du pape et les rois de France et d'Angleterre après le tremblement de terre de 1667, qui l'avait renversée. Indépendante depuis la chute de l'empire grec, elle forma une petite république aristocratique qui se maintint pendant plusieurs siècles sous la protection des puissances voisines. En 1806, Napoléon la fit occuper militairement : les Russes et les Monténégrins, qui étaient venus assiéger les Français dans cette ville, furent repoussés. En 1810, elle fut annexée par Napoléon I aux provinces illyriennes. Le congrès de Vienne l'attribua à l'Autriche (1815). Napoléon avait donné au maréchal Marmont le titre de duc de Raguse. — A 12 kil. S. E. de Raguse est le Vieux-Raguse (l'anc. Epidaurus). — Le cercle de R., entre ceux de Spalatro au N., des Bouches-du-Cattaro au S., l'Adriatique à l'O., l'Empire ottoman à l'E., a 1452 hectares, et 60 000 hab.

RAHAB, femme de Jéricho, reçut et cacha chez elle les envoyés de Josué : aussi sa maison fut elle