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nes de fer et de houille. Dans la ville, usines où l'on travaille le fer et l'acier. La ville est très-sombre, mais assez belle, et a quelques beaux édifices (hôtel de ville, théâtre, Music-Hall, fondée en 1823, etc.). Coutellerie renommée, quincaillerie, plaqué. — Jadis place forte, où Marie Stuart fut détenue 14 ans. Ayant pris parti pour Charles I, cette place fut démantelée par les troupes du Parlement. Son importance manufacturière date de 1750.

SHEFFIELD (John), fils d'Edmond, comte de Mulgrave, duc de Buckingham, né en 1649, m. en 1721, servit sous Charles II dans la guerre de Hollande, fut nommé membre du conseil privé et grand chambellan par Jacques II, demeura fidèle à ce prince après sa déchéance, n'en fut pas moins créé marquis de Normanby par Guillaume III, et fut nommé par la reine Anne duc de Buckingham (1703), garde du sceau privé et président du conseil. Il se retira de la cour à l'avènement de George I, et ne s'occupa plus que de littérature. Il a laissé des poésies, un Essai sur la satire et des Essais divers. On a publié à Londres (1729, 2 vol. in-8) ses Œuvres poétiques et ses Mémoires sur la révolution de 1688.

SHELBURNE (W. PETTY, marquis de LANSDOWN, comte de), né en 1737, m. en 1805, descendait du mécanicien G. Petty. Il servit dans la guerre de Sept ans, défendit la cour à la Chambre haute (1761 et 62), fut nommé en 1763 membre du conseil privé et 1er lord commissaire du commerce et des colonies, s'attacha à lord Chatham, sous le ministère duquel il fut secrétaire d'État pour le Midi, se retira avec lui (1768), devint le chef de l'opposition à la mort de Chatham, rentra cependant aux affaires avec Fox (1782), et conclut le paix de Versailles (1783). Remplacé au bout de 9 mois, il reprit son rôle d'opposant, et porta le jeune Pitt au ministère. Pendant la Révolution française, il blâma la lutte engagée entre l'Angleterre et la France

SHELLEY (PERCY BYSSHE), poëte anglais, né en 1792 à Warnham (Sussex), m. en 1822, s'exila en 1817 par suite des désagréments que lui attirait son caractère difficile et opiniâtre, habita successivement Genève, Venise, Florence, Pise, Livourne, et périt au milieu d'une tempête dans la baie de Spezzia. Lord Byron et un autre de ses amis recueillirent son corps et le brûlèrent sur le rivage. Mécontent des croyances et des institutions de son temps, Shelley aspirait ardemment vers une ère nouvelle. Ses ouvrages sont pleins de vigueur et d'originalité, mais aussi de scepticisme et d'impiété : il inclinait au spinosisme. On a de lui 2 tragédies : Béatrix Cenci, Prométhée déchaîné; divers poëmes : la Reine Mab, condamnée en Angleterre comme immorale, la Révolte d'Islam, Hellas, Hélène et Roscelinde, l'élégie d’Adonaïs; des Imitations de Gœthe, de Calderon, etc. — Sa femme, fille du célèbre écrivain Godwin, née en 1797, m. en 1851, a publié elle-même, outre diverses biographies, plusieurs romans remarquables : Vaperga, Lodore, Le dernier Homme, Frankenstein. Cette dernière œuvre, composée pendant son séjour en Italie avec Shelley, est une des plus dramatiques productions de la littérature romantique.

SHENSTONE (William), poëte anglais, né en 1714 à Hales-Owen (Shrop), m. en 1763, était né dans l'aisance, mais se ruina à embellir son domaine de Leasowes. Il est auteur de divers ouvrages estimés, parmi lesquels on distingue : The Judgment of Hercules (Hercule entre le vice et la vertu), poëme, la Maîtresse d'école, des Élégies, des Ballades (sa Ballade pastorale est un des morceaux les plus élégants de ce genre) ; des Lettres à ses amis; des Essais sur les hommes et les mœurs. Ses Œuvres ont été réunies par Dodsley, Londres, 1764, 3 vol. in-8. Ce poëte se distingue par l'élégance et le sentiment.

SHEPPEY, île d'Angleterre (Kent), à l'embouchure de la Medway et de la Tamise, a 17 k. sur 9 ; ch.-l., Sheerness. Marais et pâturages.

SHERBORNE, bg d'Angleterre (Dorset), à 27 kil. N. O. de Dorchester; 5000 hab. Anc. évêché, transféré à Salisbury dès 1075. Belle église avec de superbes tombeaux; beau château des comtes de Digby.

SHERIDAN (Rich. BRINSLEY), écrivain et orateur irlandais, né en 1751 à Dublin, m. en 1816, était fils de Thomas Sheridan, acteur de talent. Il épousa par amour la cantatrice miss Linley, publia quelques pièces de théâtre et des brochures qui le firent connaître, acquit la co-propriété du théâtre de Drury-Lane, fut député à la Chambre des Communes en 1780 par le bourg de Strafford, prit rang parmi les whigs et combattit avec force l'administration de lord North, devint, à l'avènement du parti de Rockingham (1782), sous-secrétaire d'État de la guerre, puis secrétaire de la trésorerie (1783), mais n'occupa ces postes que peu de temps; rentra bientôt dans l'opposition et combattit vivement le ministère, soit dans des pamphlets et des feuilles périodiques, soit à la tribune. Il entama en 1787 le fameux procès contre Warren Hastings, dans lequel il prononça des discours qui l'ont placé au premier rang des orateurs anglais, se déclara pour la Révolution française, qu'il défendit de toutes ses forces, et fut un moment, par le crédit de Fox, trésorier de la marine, 1806. Livré au jeu et au plaisir, il était sans cesse aux expédients, bien que le succès de son théâtre de Drury-Lane eût dû le rendre riche; il finit par tomber dans la misère, fut emprisonné pour dettes et mourut abandonné des grands seigneurs qui avaient été ses compagnons de débauche. Néanmoins, on lui fit des obsèques magnifiques et il fut inhumé à Westminster. On a de Sheridan : les Rivaux, 1775; la Duègne, 1775; l’École de la médisance (The school for Scandal), 1777, pièce pétillante d'esprit et le principal fondement de sa réputation; le Critique, 1779; et un grand nombre de discours et de pamphlets politiques. Sheridan était un des orateurs les plus éloquents du Parlement; son discours contre Hastings est un chef-d'œuvre. Son théâtre manque d'originalité : il empruntait le plus souvent le plan de ses pièces et le caractère de ses personnages : l'École de la médisance elle-même est en partie empruntée au Misanthrope et au Tartufe. Thom. Moore a donné en 1821 une édition de ses Œuvres, en 2 vol. in-8, et a publié en 1826 des Mémoires sur sa vie (trad. par Th. Parisot). Son Théâtre a été traduit en franç. par F. Bonnet, Paris, 1838, 2 vol. in-8, et ses Œuvres complètes par Benj. Laroche, 1841. Merville a trad. à part l’École de la médisance, avec une préface de M. Villemain. — Thomas Sheridan, son père(1721-88), fut successivement acteur, directeur de théâtre à Dublin et à Londres, puis professeur de déclamation, et laissa des ouvrages estimés sur la langue anglaise, notamment un Orthoepical Dictionary, 1788, in-4, qui, avec celui de Walker, fait loi pour la prononciation. — Sa mère, Françoise Sheridan (1724-66), adonné deux romans (Sidney Bidulph, Nourjahad), et deux comédies (la Découverte, la Dupe).

SHERIDAN-KNOWLES (James), auteur et acteur irlandais, né à Cork en 1784, m. en 1862, était fils d'un professeur de grammaire. Après avoir longtemps végété, il attira l'attention en 1815 par sa tragédie de Caïus Gracchus. Celle de Virginius, représentée en 1820 à Covent-Garden, assura sa réputation. Il ne cessa depuis, jusqu'en 1843, de donner au théâtre des pièces de genres très-divers, tragédies, comédies, drames, dont il exécutait lui-même les principaux rôles ; mais chez lui l'acteur était au-dessous de l'auteur. Enthousiaste de Shakespeare, Sheridan-Knowles a continué, sans manquer d'originalité, les traditions de ce grand maître. Dans ses dernières années, il obtint une pension de 5000 fr. et la sinécure de conservateur de la maison de Shakespeare.

SHÉRIFF, nom donné en Angleterre au principal juge d'un comté. Il choisit les jurés et préside la County-court ou cour du comté, composée des teneurs de francs-fiefs et connaissant des affaires civiles au-dessous de 40 shillings, ainsi que le Sheriff's