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Volsques (495), mais fut toujours malheureux. Il m. âgé de 83 ans, chez Aristodème, tyran de Cumes.

TARQUIN (Sextus), fils aîné de Tarquin le Superbe, se signala d'abord par la prise de Gabies. Peignant du mécontentement contre son père, il se réfugia dans cette ville, s'y rendit agréable aux habitants par sa libéralité et se fit nommer aux premiers emplois ; puis il livra la ville à Tarquin. On raconte qu'une fois maître de la ville, il envoya demander conseil à son père, et que Tarquin se contenta d'abattre avec une baguette, en présence du messager, les têtes les plus élevées des pavots de son jardin : Sextus comprit cette réponse et fit périr les principaux habitants du pays. C'est ce prince qui fut cause de l'abolition de la royauté par l'outrage qu'il fit à la chaste Lucrèce. Il suivit son père en exil, combattit contre les Romains et périt à la bataille du lac Régille, 496 av. J.-C.

TARQUINIES, Tarquinii, auj. Turchina, près de Corneto ; v. d’Étrurie, au S., près de l'embouch. de la Marta, fut, dit-on, bâtie par Tarchon, un des auxiliaires d’Énée contre Turnus, et fut la patrie de Tarquin l'Ancien. Tarquinies fut plusieurs fois en guerre avec Rome, mais elle finit, en 351 av. J.-C., par être forcée à une trêve de 40 ans ; elle fut occupée depuis 311, et entièrement soumise en 283. V. CORNETO.

TARRACO, auj. Tarragone, v. et port d'Hispanie, capit. de la Tarraconaise, sur la Méditerranée, était d'origine phénicienne. Détruite par les Carthaginois, elle fut relevée par le grand Scipion. Jules César en fit une colonie romaine ; Antonin en agrandit le port. Les Visigoths la détruisirent presque entièrement ; cependant elle offre encore de beaux restes d'antiquités. Patrie de Paul Orose.

TARRACONAISE, Tarraconensis (s.-entendu provincia), une des trois grandes provinces de l'Espagne ancienne établies par Auguste, et la plus septentrionale, entre la Gaule et la mer des Cantabres au N., l'Atlantique à l'O., la Lusitanie et la Bétique au S., la Méditerranée à l'E., avait pour capit. Tarraco. Elle était habitée par les Callaïques, les Astures, les Cantabres, les Vaccéens, les Arévaques, les Carpétans, les Celtibériens, les Vascons, les Ilergètes, les Ilercaons et les Castellans, et équivalait aux prov. modernes de Catalogne, Aragon, Navarre, Biscaye, Asturies, Galice, Entre-Minho-et-Douro, Tras-os-Montes, Léon, Vieille-Castille et partie de la Nouvelle, Valence. Plus tard on en diminua l'étendue en formant à ses dépens la Galécie et partie de la Carthaginoise.

TARRAGONE, Tarraco, v. d'Espagne (Catalogne), ch.-l. de l'intend. de son nom. sur la Méditerranée, à l'emb. du Francoli, à 95 kil. S. O. de Barcelone ; 12 000 hab. Archevêché. Port, môle, deux ponts. Belle cathédrale gothique, aqueduc romain (dit Pont-de-Ferreras), antiquités. Pêche active ; distilleries, chapelleries, tissus de fil et de coton, mousselines. Assez de commerce. — Capitale de la Tarraconaise et de toute l'Espagne citérieure sous les Romains (V. TARRACO), cette ville appartint ensuite aux Visigoths, 467, aux Arabes (de 714 à 1120), puis aux Maures, auxquels enfin Alphonse le Batailleur la reprit. Elle soutint un siège en 1640 contre les troupes royales (pendant la révolte de la Catalogne), mais fut prise. Les Anglais, qui combattaient pour l'archiduc Charles (dans la guerre de la succession d'Espagne), l'occupèrent en 1705 ; ils y mirent le feu en l'évacuant. Les Français la prirent en 1811 après une vigoureuse résistance ; ils l'ont gardée jusqu'en 1813. — La prov. de Tarragone formée de la partie S. O. de l'anc. Catalogne, entre celles de Barcelone et de Lérida au N., l'Aragon à l'O., la prov. de Valence au S., et la Méditerranée à l'E., a 300 000 h. Grande exportation de vins, d'esprits et d'eaux-de-vie.

TARRAKAI ou TCHOKA, grande île de l'Océan Pacifique, vis-à-vis de l'embouch. de l'Amour, est séparée de l'île japonaise d'Yéso au S. par le détroit de La Pérouse et de la Mandchourie à l'O. par la Manche de Tartarie. La partie septentrionale de l'île dépend de la Chine ; la partie mérid. du Japon. Les naturels, de race kourile, s'adonnent à la chasse et à la pêche. — La Pérouse reconnut cette île en 1787.

TARSE, Tarsus, auj. Tarsous, v. de l'Asie-Mineure, capit. de la Cilicie, à l'O., près de l'embouch. du Cydnus dans la Méditerranée. Elle fut fondée par des Grecs, ou, suivant une autre tradition, par Sardanapale, et fut de bonne heure très-commerçante. Alexandre la visita, et pensa y périr en se baignant dans les eaux glacées du Cydnus. C'est dans cette ville qu'Antoine tint son tribunal pour juger le différend de la fameuse Cléopâtre avec son frère au sujet du trône d’Égypte. Sous l'empire romain, Tarse devint fameuse par ses écoles de philosophie et de rhétorique : le philosophe Athénodore, le rhéteur Hermogène, l'apôtre S. Paul naquirent dans cette ville. Lors de la 3e croisade, l'emp. Frédéric Barberousse y mourut. La ville moderne, dans le pachalik d'Adana, occupe à peine le quart de l'ancienne, et n'a guère que 8000 h. fixes. Pendant l'hiver, la population s'élève à 30 000 âmes.

TARSOUS. V. TARSE.

TARTAGLIA (Nic.), mathématicien, né vers 1500 à Brescia, m. en 1557 à Venise, était resté orphelin et sans fortune à 6 ans. Par une persévérance inconcevable, il triompha de la plus affreuse misère et apprit seul tout ce qu'il sut des sciences. Il enseigna les mathématiques à Vérone, à Vicence, à Brescia, résolut les équations du 3e degré par de nouvelles formules, que l'on désigne à tort sous le nom de Formules de Cardan (ce savant à qui il les avait communiquées se les était appropriées) ; il fut un des premiers qui appliquèrent les mathématiques à l'art de la guerre. On a de lui, entre autres écrits : Nuova scienza, Venise, 1537 ; Quesiti ed invenzioni diverse, 1550, et un traité de Balistique, 1537, trad. en français par Rieffel, Par., 1846.

TARTARE (le), la partie des Enfers qu'habitaient les coupables suivant les croyances des Grecs et des Romains, avait pour limite le Phlégéthon, dont les nombreux replis formaient autour de lui comme une ceinture infranchissable.

TARTARES ou mieux TATARS, peuple originaire du Turkestan indépendant qui paraît se confondre avec les Turcs, habitait entre l'Altaï et le lac Baïkal, et a donné son nom à toute la partie centrale de l'Asie. Ils furent au XIIe s. subjugués par Gengis-khan, roi des Mongols, qui les incorpora à ses armées, et qui, avec leur secours, fonda un vaste empire qu'on appelle quelquefois l’Empire tartare (V. GENGISKHAN et KAPTCHAK). Depuis, on appliqua le nom de Tartares aux Mongols eux-mêmes, et bientôt on l'étendit avec moins de raison encore à une foule d'autres peuples. V. l'art, suivant.

TARTARIE ou mieux TATARIE (ainsi nommée des Tatars ou Tartares, ses principaux habitants), nom vague, qui, chez les anciens géographes, s'appliquait à toute l'Asie centrale, comprenant, outre le Turkestan chinois et le Turkestan indépendant, vrai pays des Tartares, la Mongolie, la Mantchourie, la Dzouhgarie, la Daourie. On l'étendait même en Europe à la Crimée et à quelques contrées voisines (Caucasie, Daghestan. etc.), situées sur la mer Noire, pays conquis par les Tartares et qui forma la Petite-Tartarie. Pour la Tartarie Asiatique, on la divisait en Tartarie chinoise (Mongolie, Mandchourie, Dzoungarie, etc.), à l'E., et Tartarie indépendante (ou Turkestan), à l'O. On distinguait les Tartares d'Asie en Kalmouks, Mongols, Tcherkesses, Nogaïs, Uzbeks, Tongouses, etc. Plus anciennement il y avait eu un Royaume ou Khanat tartare d'Astrakan, un Roy. ou khanat tartare de Kazan. Tous ces États, ainsi que la Petite-Tartarie ou khanat de Crimée, étaient des débris de l'ancien Empire tartare du Kaptchak ou de la Horde d'Or. Quant aux mœurs, aux langues, à la religion, à l’histoire des Tartares, V. TURCS, TURKESTAN, MONGOLS, KAPTCHAK, CRIMÉE, etc.

TARTARIE INDÉPENDANTE. V. TURKESTAN.

TARTARIE (Petite). V. l'art. ci-dessus et CRIMÉE.

TARTARIE (MANCHE de), détroit qui sépare l'île de