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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/277

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Tarrakaï de la côte orientale de la Mandchourie, a 400k. de long et 120 k. dans sa plus grande largeur.

TARTARO (le), Afrianus, riv. de la Hte-Italie, naît près du lac de Garda, communique avec le Pô et l'Adige par divers canaux, et tombe, sous le nom de Canale Bianco, dans l'Adriatique par plusieurs embouchures, après un cours de 100 kil.

TARTAS, ch.-l. de c. (Landes), sur la Midouze, à 22 kil. N. O. de St-Sever; 3084 hab. Safran, vins, eaux-de-vie, gibier, jambons. Ville jadis très-forte, vainement assiégée par les Anglais en 1440; elle fut au XVIe s. une des places fortes des Calvinistes. Tartas était autrefois une vicomte, qui fut longtemps possédée par la maison d'Albret.

TARTERON (le P. J.), jésuite, né en 1644 à Paris, m. en 1720, professa les humanités et donna des traductions d’Horace (1685), de Juvénal et Perse (1688), qui eurent du succès dans leur temps.

TARTESSE, Tartessus, île et v. de la Bétique, vers l'embouchure du Bétis, était une colonie phénicienne : c'est de là que l'or de la péninsule était recueilli par les Phéniciens pour être porté en Orient. La renommée des richesses de cette ville se conserva chez les Grecs et les Romains, mais on ne connaissait plus son emplacement avec certitude. Selon quelques savants, Tartesse n'est que le premier nom de Gades ou de Carteia. Quelques-uns voient dans cette ville la Tharsis de la Bible.

TARTINI (J.), violoniste et compositeur, né en 1692 à Pirano en Istrie, m. en 1770, quitta la théologie et le droit pour la musique, épousa clandestinement à Padoue une demoiselle d'illustre famille, s'enfuit pour esquiver la vengeance des parents, et trouva asile dans un couvent d'Assise. Il jeta les fondements de sa réputation à Venise, tant comme virtuose que comme théoricien, et devint, en 1721, chef d'orchestre de l'église St-Antoine à Padoue. Sa musique est délicieuse et d'une exquise sensibilité. On cite surtout de lui une célèbre sonate qu'il composa dans un songe, où il lui semblait qu'il écrivait sous la dictée de Satan, et qu'on appelle la Sonate du Diable. Il a laissé un Traité de musique, Padoue, 1754. C'est Tartini qui a établi les principes fondamentaux du maniement de l'archet, qui depuis ont servi de base à toutes les écoles d'Italie et de France.

TARUNTUS, nom anc. de la Dwina occidentale.

TARVIS, bg des États autrichiens, en Illyrie (Laybach), à 27 kil S. O. de Villach; 1300 h. Forges, martinets à cuivre, aciéries. C'est un des passages des Alpes entre l'Italie et l'Autriche : Masséna y battit les Autrichiens en 1797 et força le passage.

TARVISIUM, v. de l'anc. Vénétie, auj. Trévise.

TASMAN (Abel Janssen), navigateur hollandais, né à Hoorn vers 1600, fut chargé en 1642 par son oncle Van Diemen, gouverneur des Indes hoilandaises, de faire un voyage de découvertes pour reconnaître l'étendue du continent austral, découvrit la contrée qu'il nomma Terre de Van-Diémen et à laquelle on a depuis justement donné le nom de Tasmanie, ainsi que la Nouv.-Zélande qu'il appela Terre des États, les archipels des Amis et Fidji. Il fit en 1644 un 2e voyage dans lequel il paraît avoir parcouru la plus grande partie des côtes de la Nouv.-Hollande, mais les particularités de ce voyage sont peu connues, les Hollandais les ayant cachées avec soin.

TASMANIE, un des noms donnés à la Terre de Van-Diémen. V. DIÉMEN (Van).

TASSE (Bernard), en ital. Bernardo Tasso, poëte italien, père du célèbre Torquato Tasso, né en 1493 à Bergame, d'une antique et noble famille de cette ville, m. en 1569, s'attacha successivement au prince de Salerne (1531), au duc d'Urbin, et enfin au duc de Mantoue, dont il fut le secrétaire, et qui lui confia le gouvernement d'Ostiglia. On a de lui un poëme en 100 chants, l’Amadis de Gaule, imité du roman de chevalerie de ce nom, qu'il termina en 1549, et dont la meilleure édition est celle de Bergame, 1775; un poëme de Floridant, dans le même genre, qui ne parut qu'en 1587, et fut révisé par son fils, des églogues, des odes, des élégies, etc. Bernard ne manque pas d'imagination ni de talent poétique; mais il a été éclipsé par son fils.

TASSE (TORQUATO TASSO, dit le), célèbre poëte italien, fils du préc., naquit en 1544 à Sorrente. Il étudia d'abord le droit à Padoue, mais il négligea bientôt cette étude aride pour se livrer à la poésie, et composa dès l'âge de 18 ans un poëme chevaleresque, Renaud, inspiré par l'Arioste, et qui dès lors appela sur lui l'attention (1562). Il se vit bientôt après (1565) appelé à la cour de Ferrare par le duc régnant Alphonse II ; il suivit en France le cardinal d'Este (1571), et fut fort bien accueilli de Charles IX; de retour à Ferrare, il y fit jouer (1573) un drame pastoral, l’Aminta, qui est depuis resté sans égal; il termina en 1575 sa Jérusalem délivrée, vaste épopée tirée de l'histoire des croisades et qui est son œuvre capitale. Ce poëme ne reçut pas d'abord l'accueil qu'il méritait, et l'auteur se vit obligé de le défendre contre d'obscurs critiques ; en même temps, il éprouva de vives contrariétés à la cour de Ferrare, par suite d'une passion malheureuse qu'il avait conçue pour une des sœurs du duc, la belle Léonore; sans cesse assailli d'idées noires, sa raison s'égara, et il quitta brusquement Ferrare sans argent et sans but (1577). Il gagna Naples où il retrouva une sœur qui s'efforça de le calmer, puis, errant de ville en ville, il alla successivement à Mantoue, à Urbin, à Turin; ne trouvant nulle partie bonheur, il hasarda de revenir à Ferrare (1579) : la duc, irrité, le fit enfermer, dit-on, dans une maison de fous, l'y retint sept ans et ne lui rendit la liberté qu'en 1586, sur les vives sollicitations de plusieurs princes de l'Italie et du pape lui-même. Le Tasse séjourna depuis à Mantoue, à Naples, à Rome, recherché par les princes et les grands, mais sans en être plus heureux, luttant sans cesse contre la misère, et souvent privé de sa raison. Malgré les injustes critiques de ses envieux, son génie avait enfin été apprécié, et il venait d'être appelé à Rome par le pape Clément VIII pour y être solennellement couronné, lorsqu'il mourut dans cette ville avant la cérémonie, en 1595, emporté par une fièvre qui le minait depuis longtemps. Outre la Jérusalem délivrée, le Tasse a composé un poëme épique, la Jérusalem conquise (Rome, 1593), qu'il prétendait substituer à son premier poëme; mais cet ouvrage, fruit des années où il ne possédait plus le plein usage de ses facultés, est bien inférieur au premier. On a encore de lui une tragédie de Torrismondo (1587), une comédie, les Intrigues d'amour, des Poésies diverses (Rime), composées de sonnets, de canzoni, de madrigaux ; les Sept journées de la Création, des Discours sur la Jérusalem, des Dialogues, des Lettres, etc. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Rosini, 30 vol. in-8, Pise, 1821 et ann. suiv. La Jérusalem délivrée est le principal titre du Tasse : ce poëme, par le choix d'un sujet populaire dans toute la chrétienté, par la grandeur des conceptions, par l'habile emploi d'un merveilleux en harmonie avec les croyances du temps, par le développement des caractères, la richesse des images, la grâce des idées, l'harmonie du style, se place auprès des chefs-d'œuvre d'Homère, de Virgile et de Milton. Il a été traduit dans toutes les langues de l'Europe : les meilleures traductions françaises sont celles de Vigenère, 1610; de Mirabaud, 1724; de Panckoucke et Framery, 1783; de Lebrun, 1774; de Mazuy, 1838 (avec Commentaires) ; de V. Philippon de la Madeleine, 1841. Ce poëme a en outre été traduit en vers par Baour-Lormian, 1795, traduction fort améliorée dans l'édition de 1819; par H. Taunay, 1845; par F. Desserteaux, 1856-60. Le Renaud a été traduit par Cavellier, 1813; l’Aminta, par Bertre de Bourniseaux, 1802, et mise en vers par Baour-Lormian, 1813, et par V. Delattre, 1863. Serassi (Rome, 1785) et Milman (Londres, 1849) ont donné la Vie du Tasse.