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jadis Olbia, à 36 kil. E. de Tempio; 2000 h. Réunie à Ampurias, elle forme l'évêché de Civita-et-Ampurias.

TERRASSON, ch.-l. de c. (Dordogne), sur la Vezère, à 32 k. N. de Sarlat; 3234 h. Truffes, houille.

TERRASSON (l'abbé Jean), écrivain, né à Lyon en 1670, m. en 1750, fut nommé en 1721 professeur de philosophie grecque et latine au Collége de France et devint membre de l'Académie Française en 1732. Il écrivit en faveur du système de Law, qui l'avait enrichi, mais qui le ruina bientôt. Il a laissé, entre autres ouvrages, Séthos, Histoire tirée des monuments anecdotes de l'anc. Égypte (1731), espèce de roman politique et moral, qui offre peu d'intérêt. Dans la dispute sur la prééminence des anciens et des modernes, il prit parti pour ces derniers. — Ses deux frères, André et Gaspard (1668-1723 et 1680-1752), eurent tous deux de la réputation comme prédicateurs, surtout le second. — Mathieu et Antoine, ses cousins, se distinguèrent au barreau. On doit à Antoine, professeur de droit canon au Collége de France, une Histoire de la jurisprudence romaine (1750).

TERRAY (l'abbé Jos. Marie), contrôleur général des finances, né en 1715, à Boen dans le Forez, m. en 1778, fut d'abord conseiller-clerc au parlement, et mérita quelque temps la considération publique par une vie calme et laborieuse ; mais, ayant hérité d'un oncle riche, il changea de mœurs et donna l'exemple de tous les scandales. Il plut à Mme de Pompadour en improuvant ses collègues du parlement, qui tous, excepté lui, avaient donné leur démission (1755), et en travaillant à la ruine des Jésuites; prit part à l'arrêt du Conseil de 1764 qui, en autorisant l'exportation des grains, favorisait une compagnie de financiers avides, et parvint en 1769 à se faire nommer contrôleur général des finances. Ennemi des dettes publiques, il débuta par des mesures qui n'étaient que des banqueroutes déguisées ; il porta le dernier coup à la Compagnie des Indes, fit paraître une foule d'édits fiscaux, créa des impôts de tout genre, organisa presque ouvertement pour le compte du roi et le sien le monopole des grains (1770), et affecta de braver la misère publique par son luxe et ses sarcasmes. Louis XV le fit intendant général des bâtiments et directeur des beaux arts, tout en lui conservant son portefeuille; il fallut l'avénement de Louis XVI pour renverser cet indigne ministre (1774). Sous le titre de Mémoires de Terray, Coquereau a rédigé un pamphlet fort hostile à ce ministre, Londres, 1776.

TERRE (la), Tellus, déesse païenne, la même selon quelques auteurs que Cybèle, était femme d'Uranus et mère de l'Océan, des Titans, des Géants, des Cyclopes, de Rhéa, Thémis, Téthys, Mnémosyne.

TERRE DE BARI, DE LABOUR, D'OTRANTE, provinces de l'Italie mérid. V. BARI, LABOUR, etc.

TERRE DE FEU, DES PAPOUS. V. FEU, PAPOUASIE.

TERRE-FERME. On a donné spécialement ce nom à la partie septentrionale de l'Amérique du Sud, ou seulement aux prov. de Panama, de Veragua et de Darien, les premières où Christophe Colomb ait abordé sur le continent du Nouveau-Monde (1498) : on les nommait ainsi par opposition aux îles, précédemment découvertes par Colomb.

TERRE-NEUVE, en anglais Newfoundland, grande île de l'Amérique anglaise, comprise dans la Nouv.-Bretagne, par 47°-52° lat. N., 55°-62° long. O., près du Labrador; 600 kil. du N. au S. E. sur 275; env. 200 000 h. (Anglais, Français, Anglo-Américains et indigènes): capitale, St-John. Côtes dangereuses, beaucoup de baies. Climat variable, très-froid pour sa latitude; brumes, végétation chétive, six mois de neige; aurores boréales. A l'E. et au S. E. de l'île s'étend la Banc de Terre-Neuve, qui a plus de 1000 k. de long sur 300 env. de large. Sur les côtes de l'île et sur le banc voisin se trouvent d'immenses quantités de morues. On y fait une pêche très-importante de ce poisson, qui emploie environ 2000 bâtiments par an. Terre-Neuve produit une belle et forte race de chiens à poils soyeux, remarquables par leur grande taille, leur force et leur habileté à nager. — Cette île donne son nom au gouvernement anglais de Terre-Neuve, lequel comprend encore le Labrador, le Maine-Oriental et l'île d'Anticosti. Découverte en 1491 par Jean Cabot, ou même, selon quelques-uns, dès 1464, par Cortereal, l'île de Terre-Neuve fut visitée en 1525 par J. Verazzani qui en prit possession au nom de la France; mais celle-ci toutefois n'y forma d'établissement qu'en 1604. Le traité d'Utrecht la donna aux Anglais; mais par les traités de Paris (1763) et de Versailles (1783), la France s'y est fait garantir le droit de pêche; les établissements français sont sur le grand banc, au N. et à l'O.

TERRE-SAINTE. V. PALESTINE et JUDÉE.

TERREUR (Régime de la), régime odieux, qui pesa sur la France depuis le 31 mai 1793, jour où la Montagne triompha des Girondins dans la Convention, jusqu'au 9 thermidor (27 juillet 1794), jour de la chute de Robespierre, qui fut provoquée par Tallien. Cette époque funeste, pendant laquelle dominaient, au nom de la Montagne, Robespierre et le Comité de Salut public, a été marquée par l'établissement du Gouvernement révolutionnaire (19 vendémiaire an II), la loi des Suspects (27 germinal), l'établissement du culte de l’Être-suprême et de la Raison (18 floréal). La France fut couverte d'échafauds; au nombre des principales victimes on compte la reine Marie-Antoinette et la sœur de Louis XVI, Mme Élisabeth, le duc d'Orléans (Phil.-Égalité), 21 girondins, entre autres Brissot, Vergniaud, Gensonné, et bientôt après, Danton, Camille Desmoulins, Chabot, Bailly, Lavoisier, André Chénier, Mme Roland. V. ROBESPIERRE, TALLIEN, etc. On doit à M. Mortimer Ternaux une Histoire de la Terreur, 1862.

On a quelquefois appelé Terreur blanche la sanglante réaction royaliste de 1815.

TERRITOIRE, nom donné dans divers États de l'Amérique aux nouvelles provinces acquises par cession, achat ou conquête, et qui ne sont pas encore organisées en États : telles sont, aux États-Unis, l'Utah, le Nébraska, l'Arizona, le Colorado, le Dakotah, la Sierra-Nevada. Les territoires sont administrés par le gouvernement central.

TERRITOIRE INDIEN, vaste région dépendant des États-Unis de l'Amérique du Nord, et destinée à servir de refuge aux tribus Indiennes expulsée des États. Il est situé à l'O. des États d'Iowa, de Missouri et d'Arkansas et au N. du Texas, et est arrosé par l'Arkansas et la Rivière Plate. Les tribus qui occupent ce pays se gouvernent librement. Quelques-unes, comme les Cherokees et les Chikkassaws, s'adonnent à l'agriculture et à l'industrie et ont même un gouvt représentatif avec des lois écrites.

TERRI, montagne du canton de Berne, au S. E. de Porentruy : c'est du nom altéré de cette montagne qu'on a formé celui de Mont-Terrible, donné sous la République française à un dép. nouveau.

TERRORISTES, partisans de la Terreur. V. ce mot.

TERTULE, 1er comte d'Anjou, V. ANJOU.

TERTULLIEN, T. Septimius Florens Tertullianus, docteur de l'Église, né vers 160 à Carthage, m. en 245, était d'abord païen; il se convertit à la vue de la patience héroïque des martyrs, défendit sa nouvelle foi avec une éloquence admirable dans son Apologétique, et donna l'exemple de toutes les vertus. Il fit vers 204 un voyage à Rome : la vue des jeux barbares qu'y faisait célébrer Septime-Sévère lui inspira son beau traité Contre les spectacles; mais il déplut au clergé de cette ville par son rigorisme excessif. De retour en Afrique, il embrassa le Montanisme, et n'y renonça que pour fonder lui-même une secte nouvelle : bravant les censures de l'Église, il portait le pallium ou manteau des philosophes. Le style de Tertullien est souvent dur, barbare, hérissé de locutions africaines, mais il est plein d'éclat, de feu et d'énergie; on l'a nommé le Bossuet de l'Afrique. Outre l’Apologétique et le Traité contre