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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/315

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de Denys le Jeune, il s'empara de Syracuse, chassa Denys et rétablit la république, où il fit refleurir l'ordre et la prospérité. Il délivra de même de leurs tyrans plusieurs autres villes de Sicile, et repoussa les Carthaginois. Il mourut en 337, à Syracuse, après avoir abdiqué le souverain pouvoir. Timoléon est regardé comme un modèle de grandeur d'âme, de sagesse et de modération. Cornélius Népos a écrit sa Vie. Alfieri, La Harpe et Chénier ont mis sur la scène le meurtre de Timophane par Timoléon.

TIMON, le Misanthrope, né vers 440 av. J.-C., à Colytte, bourg de l'Attique. Ayant perdu sa fortune, il éprouva, dans le malheur, l'ingratitude de quelques-uns de ses anciens amis : il tomba dès lors dans un chagrin profond, qui lui fit prendre tous les hommes en aversion, et se retira dans la solitude. Un jour, il tomba d'un arbre et se cassa la jambe, et, comme il vivait toujours seul, il périt faute de secours. On raconte de lui une foule de traits piquants, qui sans doute sont dépure invention. Lucien l'a mis en scène dans un de ses dialogues ; Shakespeare en a fait le héros d'une de ses pièces.

TIMON, le Sillographe, né à Phlionte vers 350, fut le disciple et l'ami de Pyrrhon le Sceptique, enseigna la philosophie et l'art oratoire à Chalcédoine, ce qui l'enrichit promptement ; alla en Égypte, à la cour de Ptolémée-Philadelphe, puis en Macédoine, auprès d'Antigone Gonatas, et se fixa enfin à Athènes, où il mourut âgé de près de 90 ans. Il avait composé des Silles, espèce de satires, où il maltraitait fort les philosophes. Il en reste quelques fragments insérés dans les Analecta de Brunck.

TIMOPHANE, frère de Timoléon. V. ce nom.

TIMOR, une des îles de la Sonde, la principale et la plus orientale du groupe Sumbava-Timor, au S. des Moluques, par 8° 30'-10°30' lat. S. et 121°-125° long. E., a 450 k. sur 110, et compte env. 2 millions d'habitants, Malais, Papous, Portugais, Hollandais et Chinois. Elle est traversée par une longue chaîne de montagnes boisées et arrosée par beaucoup de rivières. Climat malsain, sujet à de brusques variations ; sol fertile : épices, bois de sandal, bambous. Singes en immense quantité, buffles, chevaux, etc., nombreux reptiles, abeilles sauvages en grand nombre. — La plus grande partie de l'île est soumise à des princes indigènes. Les Hollandais et les Portugais se partagent les côtes : le port de Coupang, sur la côte S. O., est le principal établissement des premiers ; Dielly, au N. E., est ch.-l. des Portugais.

TIMOTHÉE, général athénien, fils de Conon et disciple d'Isocrate, servit d'abord avec distinction sous les ordres de son père. Mis, en 375 av. J.-C., à la tête d'une flotte athénienne, il ravagea les côtes de la Laconie, obtint plusieurs avantages, et amena ainsi, de concert avec Chabrias et Iphicrate, le traité qu'Athènes et Sparte conclurent sous la médiation d'Artaxerce-Mnémon et par lequel Sparte renonçait à la suprématie sur Athènes ; en récompense, une statue lui fut érigée sur la place publique. Il eut encore part à la 1re guerre des Athéniens contre leurs alliés (363), soumit les Olynthiens, les Byzantins, prit Torone, Potidée, secourut Cyzique, s'empara de Samos, et rapporta de l'Asie-Mineure 1200 talents. Dans la 2e guerre sociale (359-56), s'étant opposé au plan de Charès, qui voulait imprudemment livrer bataille, il fut condamné à une amende de 100 talents, puis exilé. Il se retira d'abord à Chalcis, ensuite à Lesbos, où il mourut. Son fils paya l'amende, qui fut réduite à 10 talents. Sa Vie a été écrite par Plutarque et par Cornélius Népos.

TIMOTHÉE, poëte et musicien de Milet, né vers 446 av. J.-C., ajouta à la cithare 2 cordes (ou 4, selon d'autres), innovation que les Spartiates condamnèrent par un décret. Il n'en acquit pas moins une célébrité prodigieuse. Il finit par se fixer en Macédoine, où le roi Archélaüs l'avait appelé, et y mourut en 358. On a quelques fragments de ses poésies dans les Excerpta de Grotius, Paris, 1626. — Un autre Thimothée, de Thèbes, joueur de flûte célèbre, qui florissait sous Alexandre, savait, dit-on, par ses accords mélodieux, exciter ou apaiser à son gré les passions du conquérant.

TIMOTHÉE (S.), disciple de S. Paul, né à Lystra en Lycaonie, d'un père païen et d'une mère juive, se convertit au Christianisme vers 51, s'attacha à S. Paul, l'accompagna en Asie, en Macédoine, en Achaïe, partagea sa première captivité à Rome, et fut fait évêque d’Éphèse. On croit qu'il subit le martyre dans cette ville en 97 : il fut tué en voulant s'opposer à la célébration d'une fête païenne. On l'hon. le 24 janv. Deux des Épîtres de S. Paul lui sont adressées.

TIMOUR ou TIMOUR-LENGH. V. TAMERLAN.

TIMSAH, lac de la Basse-Égypte, à distance égale de Suez et de Péluse, doit servir, à l'intérieur, de port naturel au canal maritime de l'isthme de Suez. Les eaux de la Méditerranée y furent introduites en 1863. — Sur ses bords est une ville du même nom.

TINCHEBRAY, ch.-l. de c. (Orne), sur le Noireau, à 22 k. N. O. de Domfront ; 4365 h. Trib. de commerce. Linge, serge. Robert Courte-Heuse y fut battu en 1106 par son frère, le roi d'Angleterre Henri I, et perdit par suite le duché de Normandie.

TINDAL (Matthieu), fameux déiste anglais, né en 1656 dans le Devonshire, m. en 1733, avait d'abord pris le parti des armes et quitta le service pour se faire écrivain. Après avoir servi dans les troupes de Jacques II, il combattit ce prince dans ses écrits, et obtint du gouvernement de Guillaume une pension de 200 liv. sterl. Tindal est auteur de livres impies, où toutes les religions positives sont attaquées : tels sont les Droits de l'église chrétienne contre les prêtres romains (1706), ouvrage qui fut condamné au feu par les tribunaux anglais, et le Christianisme aussi ancien que le monde (1730), où Voltaire puisa une partie de ses objections. Son caractère et ses mœurs étaient en accord avec son impiété. — Son neveu, Nicolas T., 1687-1774, a traduit en anglais les Antiquités sacrées et profanes de Calmet, 1724, et l’Hist. d'Angleterre de Rapin-Thoyras, 1726.

TINEH, v., port et château de la B.-Égypte (Charqyeh), près des ruines de Péluse, à l'extrémité E. du lac Menzaleh et à 80 kil. S. E. de Damiette.

TINGIS, auj. Tanger, v. de Mauritanie, devint sous l'empire ch.-l. de la partie occidentale de cette contrée, qui fut alors appelée Mauritanie Tingitane. Sous Claude, elle reçut le nom de Traducta Julia.

TINGMOUTH ou TEIGNMOUTH, c.-à-d. Bouche de la Teign, v. et port d'Angleterre (Devon), à l'emb. de la Teign, à 60 kil. S. d'Exeter ; 5000 h. Jolie ville ; bains de mer. Tourville y fit une descente en 1690 et y brûla plusieurs vaisseaux.

TINOS, île de Grèce. V. TÉNOS.

TINTENIAC, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), sur le canal d'Ille-et-Rance, à 40 kil. S. E. de St-Malo; 2149 hab. Bestiaux, laine, beurre.

TINTIGNAC, Tintiniacum', hameau du dép. de la Corrèze, à 12 kil. N. O. de Tulle, sur la route d'Uzerche, est peut-être l'antique Rastiatum. Nombreuses antiquités, découvertes en 1846 et 47.

TINTINGUE, v. de l'île Madagascar, sur la côte E., à 160 kil. N. E. de Tamatave. Les Français l'ont prise en 1829, et y ont élevé un fort.

TINTORET (Jacques ROBUSTI, dit le), célèbre peintre, né à Venise en 1512, mort en 1594, était fils d'un teinturier (d'où son nom). Il fut disciple du Titien, mais se proposa, jeune encore, de fonder une école nouvelle et joignit dans ce but aux leçons de son maître, l'étude approfondie du dessin de Michel-Ange. Des études opiniâtres le rendirent presque le rival de son maître ; il a la même puissance de coloris et la même fécondité ; il a plus de fougue et de vie ; ce qui lui manque souvent, c'est la dignité. Le Tintoret a immensément composé ; mais son œuvre n'est point partout égale à elle-même. Son Crucifiement de Jésus, les Signes précurseurs du Jugement dernier, le Miracle de S. Marc sont des chefs-