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5 avril 1814 au 20 mars 1815), et la 2e Restauration, qui part de la 2e abdication de Napoléon, 22 juin 1815. L’Histoire de la Restauration a été écrite, à des points de vue fort divers, par MM. Vaulabelle, Lubis, Lamartine, Nettement et Viel-Castel. — On donne aussi le nom de Restauration au rétablissement des Stuarts sur le trône d'Angleterre, ainsi qu'à la période de 1660 à 1689, temps pendant lequel les princes restaurés, Charles II et Jacques II, occupèrent le trône.

RESTAUT (Pierre), grammairien, né à Beauvais en 1696, m. en 1764, était fils d'un marchand de draps. Il fut d'abord chargé de leçons particulières au collége de Louis le Grand, puis se fit recevoir avocat au parlement. Il a laissé quelques Mémoires judiciaires, qui sont écrits avec clarté et précision ; mais l'ouvrage qui fit sa réputation est sa Grammaire française (1730). Adoptée par l'Université de Paris, abrégée par l'auteur lui-même (1732), augmentée d'un traité de versification, elle eut neuf éditions du vivant de l'auteur. Restaut revit aussi la 4e édition du Traité de l'orthographe française en forme de dictionnaire, connu sous le nom de Dictionnaire de Poitiers, par Ch. Leroy, prote d'imprimerie, et traduisit du latin la Monarchie des Solipses, satire contre les Jésuites.

RESTIF DE LA BRETONNE (Edme), homme de lettres, né en 1734 à Sacy, près d'Auxerre, m. en 1806, vint jeune à Paris, fit toutes sortes de métiers, fut longtemps compositeur d'imprimerie et vécut de sa plume. Il a publié près de 200 volumes : on y trouve quelquefois de l'esprit et du sentiment, mais le plus souvent de la déclamation, du cynisme, de la bizarrerie et un insupportable néologisme. Son orgueil était sans bornes : il se croyait l'égal de Voltaire, de J.J. Rousseau, et méprisait Buffon. On l'a surnommé le Rousseau du ruisseau. Ses principaux ouvrages sont : le Paysan perverti, 1776; la Paysanne pervertie, 1776; la Vie de mon père, 1779; les Contemporaines, 1780 et ann. suiv., 42 vol.; les Nuits de Paris, 1787 ; les Provinciales, 1789-94, 12 vol. Aspirant au rôle de réformateur de la société, il a publié une série de traités où il propose ses idées de réforme : le Mimographe, le Pornographe, le Gynographe, l’Anthropographe,le Thesmographe, etc. Il a aussi donné nombre de pièces de théâtre (1784-94), mais elles n'ont eu presque aucun succès.

RESTOUT (Jean), peintre, né à Rouen en 1692, m. en 1768, était neveu et élève de Jouvenet. Outrant les défauts de son maître, il pèche par un dessin maniéré, une touche vague, une couleur terne, mais il déploie dans la composition de ses tableaux une imagination féconde. Ses principaux ouvrages sont : S. Paul imposant les mains à Ananie ; la Présentation de la Vierge, à Rome; la Confiance d'Alexandre en son médecin Philippe, à Trianon; Flore et Bacchus, à Fontainebleau; le plafond de la rotonde de l'anc. bibliothèque Ste-Geneviève à Paris, auj. lycée Napoléon.

RETFORD, v. d'Angleterre (Nottingham), à 45 kil. N. de Nottingham, sur l'Idle et le canal de Chesterfield; 40 000 hab. Maison de travail pour les indigents. Fabriques de chapeaux, toile à voile, papier.

RÉTHEL, ch.-l. d'arr. (Ardennes), à 48 kil. S. O. de Mézières, sur l'Aisne; 7312 hab. Trib. de 1re inst.; collège; station. Ville bien bâtie; quelques édifices publics : le théâtre, l'hôpital, l'hospice pour les vieillards et les enfants trouvés. Tissus de mérinos, cachemires, napolitaines, flanelles. Aux env., pâturages ; carrières, minerai de fer. — Ville très-ancienne, qui s'éleva près d'un fort romain, Castrum Retectum. Ch.-l. d'un comté dès le temps de Clovis, elle eut des seigneurs particuliers au XIIIe s. Le comté passa successivement dans les maisons de Flandre, de Bourgogne, de Clèves, de Gonzague. En 1581, Henri III l'érigea en duché en faveur de Charles de Gonzague, duc de Nevers. Mazarin acheta ce duché, qui prit dès lors le nom de Réthel-Mazarin, et le légua au mari d'Hortense Mancini. Turenne, alors à la tête des Espagnols, prit Réthel en 1650, mais Du Plessis-Praslin la reprit la même année, après avoir vaincu devant la ville le maréchal transfuge. Condé, rebelle à son tour, s'en empara en 1652; Turenne, revenu à son devoir, la reprit sur les Espagnols en 1655.

RÉTHELOIS, anc. petit pays de France, en Champagne, auj. dans le S. O. du dép. des Ardennes, formait le territoire du comté du Réthel.

RÉTIAIRES, gladiateurs qui combattaient contre les Myrmillons. Ils avaient pour arme un filet (rete), avec lequel ils cherchaient à envelopper le Myrmillon, qui portait sur son casque la figure d'un poisson.

RETIERS, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 41 kil. S. O. de Vitré; 3127 hab.

RÉTIF DE LA BRETONNE. V. RESTIF.

RETIMO, Rithymna, v. forte et port de l'île de Candie, ch.-l. de livah, sur la côte N., à 70 k. S. O. de Candie; 8000 hab. Citadelle. Évêché grec. — Les Vénitiens la conservèrent jusqu'en 1647, époque à laquelle les Turcs en devinrent maîtres.

RETINA, v. de Campanie, est auj. Résina.

RETZ ou RAIS, Ratiastensis pagus, anc. petit pays de la Bretagne mérid., auj. dans le dép. de la Loire-Inf., au S. O., avait pour ch.-l. Machecoul et pour autres villes Rézé (Ratiastum), Pornic et Paimbœuf. — Ce pays fit partie de l'Aquitaine, puis du Poitou, appartint à la maison de Laval, fut en 1581 érigé en duché-pairie en faveur de la maison de Gondi, qui l'avait jusque-là possédé à titre de baronnie, puis de comté, et passa en 1676 dans la maison de Villeroy.

RETZ (Gilles DE LAVAL, maréchal de). V. LAVAL.

RETZ (Albert DE GONDI, maréchal de), né en 1522, à Florence, d'une famille italienne (V. GONDI), mort en 1602, suivit Catherine de Médicis en France, avança rapidement par la protection de cette princesse, fut en faveur auprès de Charles IX et de Henri III, dont il partageait les vices, se maintint, même sous Henri IV, et mourut fort riche. On l'accuse d'avoir été avec Tavannes un de ceux qui conseillèrent la St-Barthélemy et d'avoir fait périr Loménie dans sa prison pour s'enrichir de ses dépouilles. Il reçut en 1573 le bâton de maréchal sans être grand guerrier et remplit, de 1579 à 1598, les fonctions de général des galères sans être meilleur marin. Il avait épousé en 1565 Catherine de Clermont, veuve de Jean d'Annebaut, qui lui apporta la baronnie de Retz, dont il prit le nom.

RETZ (Pierre DE GONDI, cardinal de), évêque de Paris, frère du préc., né à Lyon en 1533, mort en 1616. Protégé par Catherine de Médicis, il devint successivement évêque de Langres (1565), évêque de Paris (1570), chancelier et grand aumônier d’Élisabeth d'Autriche (femme de Charles IX), et enfin cardinal (1587). Il remplit diverses missions à Rome sous Henri III et Henri IV.

RETZ (J. F. Paul DE GONDI, cardinal de), célèbre chef de parti, fils de Phil. Emmanuel de Gondi, général des galères, et petit-neveu du préc., né à Montmirail en 1614, m. en 1679. Destiné contre son vœu à la carrière ecclésiastique, il tâcha en vain, par le scandale d'une vie licencieuse, de faire renoncer sa famille à ce projet. S'étant mis enfin à la théologie, il se distingua comme prédicateur, fut nommé en 1643 coadjuteur de l'archevêque de Paris, Henri de Gondi, son oncle, et à la mort du prélat obtint lui-même cet archevêché. Il remplit d'abord avec zèle les devoirs de sa charge et se rendit très-populaire; Mazarin s'en inquiéta, et bientôt ces deux hommes furent ennemis. Le coadjuteur, par haine pour le ministre, fit éclater les troubles de la Fronde (1649); il dirigea longtemps le peuple de Paris, sur lequel son éloquence et ses largesses lui avaient donné une grande influence, et réussit à faire éloigner Mazarin; toutefois, il repoussa les offres dangereuses de l'Espagne, et fut un des premiers à se rapprocher de la régente Anne d'Autriche; il reçut en retour le chapeau de cardinal. Néanmoins, au rétablissement de l'ordre (1652), il fut arrêté, sans que le peuple