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régnait à Oudjein dans le 1er  s. av. J.-C., conquit le Bengale, l’Orissa, le Guzzerat, le Delhi, mais périt peu après cette dernière conquête dans une bataille livrée à Salivahana, roi de Pratichthana. Protecteur des lettres, il avait accueilli à sa cour le célèbre Kalidasa. Vicramaditya donna son nom à une ère qu’on fait commencer l’an 56 av. J.-C.

VICTOIRE (la), déesse allégorique, fille de la Force et de la Valeur. Sylla lui bâtit un temple à Rome, et institua des fêtes en son honneur. Sa statue était dans le Capitole, et elle y resta jusqu’en 382, époque à laquelle l’empereur Gratien la fit enlever. Ce fut la dernière statue païenne que le christianisme fit disparaître des monuments publics : l’enlèvement de cette statue fut regardé comme un événement de mauvais augure, et fut vivement combattu, surtout par l’éloquent Symmaque, alors préfet de Rome. On représente la Victoire à peu près de la même manière que Minerve ; on lui donne pour attributs un rameau de palmier, une couronne, et des ailes. On la représente aussi élevant des trophées, ou gravant sur un bouclier les exploits des guerriers.

VICTOIRE (Ste), vierge et martyre à Rome en 249, est fêtée le 23 décembre. — Autre sainte qui subit le martyre à Carthage en 304, avec saint Saturnin. L’Église l’honore le 11 février.

VICTOIRE (Louise Thérèse), connue sous le nom de Madame Victoire, fille de Louis XV, sœur du Dauphin et tante de Louis XVI, née en 1733, se distingua par sa piété, sa charité et par la pureté de ses mœurs, émigra en 1791 avec Mme Adélaïde, sa sœur, et mourut à Trieste en 1799.

VICTOIRES (Place des), une des principales places de Paris, de forme demi-circulaire, entre la rue Croix-des-Petits-Champs et la rue des Fossés-Montmartre, fut ouverte sous Louis XIV en 1684 par le maréchal de La Feuillade et bâtie sur les plans de J. H. Mansard. On plaça au milieu une statue pédestre de Louis XIV, en manteau royal, et couronné de lauriers par une Victoire ; aux angles du piédestal étaient les statues de 4 nations sous figures d’esclaves enchaînés. Ce monument fut détruit en 1792 ; en 1803 on éleva sur son emplacement un monument à Desaix et à Kléber. Une statue de Louis XIV, œuvre de Bosio, a été rétablie sur la place en 1816.

VICTOR (S.), de Marseille, était soldat dans l’armée de l’empereur Maximien ; arrêté comme chrétien, il refusa de sacrifier aux idoles et subit le martyre vers 303, le 21 juillet, jour où on le fête.

VICTOR I (S.), pape de 193 à 202, était Africain. Il condamna et excommunia Théodore de Byzance qui niait la divinité de Jésus-Christ et subit le martyre sous Septime-Sévère. C’est lui qui fixa la fête de Pâques au dimanche qui suit le 14e jour de la lune de mars. L’Église le fête le 28 juillet. II, Gebhard, pape de 1055 à 1057, était évêque d’Eichstedt et conseiller de l’empereur Henri III, qui, de concert avec Hildebrand, lui assura la tiare. Il fit des efforts pour rétablir la discipline et déraciner la simonie. III, nommé d’abord Didier, de la maison ducale de Capoue, pape de 1086 à 1087, avait été 29 ans abbé du mont Cassin, et avait joué un grand rôle sous Grégoire VII dont il était l’ami. Il refusa longtemps la tiare et ne se laissa sacrer qu’en 1087. Il eut à combattre l’anti-pape Clément III (Guibert de Ravenne), que la grande-comtesse Mathilde l’aida à chasser de Rome. Il prêcha une expédition contre les Arabes d’Afrique et excommunia l’empereur Henri IV. IV, anti-pape, de la famille des comtes de Tusculum, fut nommé par le parti impérial à la mort d’Adrien IV (1159), tandis que le parti normand faisait choix d’Alexandre III : il chassa de Rome Alexandre, et le somma de comparaître devant un concile à Pavie (1162) ; mais il mourut en 1164, avant que le concile fût assemblé.

VICTOR, évêque de Vite en Byzacène, fut forcé, pendant la persécution exercée contre les catholiques parle roi vandale Hunéric, qui était arien, de s’enfuir à Constantinople (483), et y rédigea l’histoire de cette persécution : Historia persecutionis vandalicæ sive africanæ sub Genserico et Hunnerico. Elle a été publiée par D. Ruinard, Paris, 1694, et trad. par Belleforest et Arnauld d’Andilly.

VICTOR (Victor PERRIN, dit), duc de Bellune, général français, né en 1766 à La Marche (Vosges), m. en 1841, entra au service comme tambour dès 1781, fût nommé adjudant général au siège de Toulon (1793), se signala à l’armée des Pyrénées orientales, puis en Italie, prit Ancône (1796-97), contribua aux victoires de Montebello, de Marengo (1800), d’Iéna (1806), de Friedland (1807), et fut après ce dernier exploit élevé au rang de maréchal de France. En 1808, il passa en Espagne, où il gagna les vict. d’Uclès et de Médellin. Il fit partie de l’expédition de Russie (1812), se distingua encore aux batailles de Dresde (1813), de Leipsick, de Hanau, et fit la campagne de 1814 en France, où il fut grièvement blessé. Après la paix, il se rallia aux Bourbons ; pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand, et fut, à son retour, fait pair de France. Il fut appelé au ministère de la guerre en 1821, mais il le quitta à la suite des discussions soulevées par les marchés Ouvrard. Son fils, V. François Perrin, m. en 1853, avait commencé la publication de ses Mémoires, 1847, mais cette publication n’a pas été continuée.

VICTOR (Chanoines de St-) ou VICTORINS, congrégation fondée en 1113 à Paris dans un prieuré de Bénédictins dit de St-Victor, se livrait à l’enseignement. Cette congrégation, établie au pied de la montagne Ste-Geneviève, dans l’emplacement qui est auj. traversé par la rue St-Victor, prit bientôt une grande extension : sous Louis VIII, elle comptait déjà 40 établissements en France. C’est de son sein que sont sortis Guillaume de Champeaux, Pierre Lombard, Hugues de St-Victor. V. HUGUES de ST-VICTOR.

VICTOR-AMÉDÉE I, duc de Savoie, fils de Charles-Emmanuel I, monta sur le trône en 1630, à 13 ans. Bien qu’il eût épousé Christine de France, fille de Henri IV, il n’en fit pas moins la guerre à son beau-frère Louis XIII ; mais les traités de Ratisbonne (1630) et de Chérasque (1631) rétablirent la paix et lui donnèrent partie du Montferrat. Il acquit, aux dépens du duc de Mantoue, Albe sur le Tanaro et l’Albesan, signa le traité de Rivoli avec Louis XIII en 1635, au moment où commençait la participation de la France à la guerre de Trente ans, et fut nommé généralissime des troupes françaises qui devaient agir en Italie contre l’Autriche. Il remporta un avantage à Fornavento sur le marquis de Léganès, en 1636, et l’année suivante une victoire décisive à Monbaldone ; mais il mourut subitement quelques jours après, à Verceil, laissant 2 fils, qui tous deux régnèrent, François-Hyacinthe (1637-38) et Charles-Emmanuel II (1638-1675). II, d’abord duc de Savoie, puis roi de Sardaigne, célèbre par sa politique tortueuse et versatile, né en 1665, succéda en 1675 à Charles-Emmanuel II, son père, avec le titre du duc de Savoie, sous la régence de sa mère Marie de Nemours, et s’unit à la France en épousant Anne d’Orléans, nièce de Louis XIV (1684) ; mais bientôt il prit parti contre Louis XIV, et entra en négociation avec Guillaume III et le duc de Bavière. Catinat fondit sur ses États (1690), et le vainquit à Staffarde ainsi que sur d’autres points : il ne fut sauvé que par l’arrivée du prince Eugène. En 1692, il reçut de la cour de Vienne le commandement en chef des troupes envoyées par l’Autriche contre la France ; mais Louis XIV obtint à prix d’argent sa défection. Après la paix de Ryswyk (1697), ayant quelques prétentions à la future succession du roi d’Espagne Charles II, il signa plusieurs traités de partage avec Louis XIV ; mais, après le commencement des hostilités, il s’arrangea secrètement avec les alliés, et il finit par s’unir avec eux parle traité de Turin (1703). Les campagnes de 1703 à 1706 le dépouillèrent presque totalement de ses États, et il se vit forcé de s’en-