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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/419

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et 1372-78) ; mais il sut échapper à tant de périls. Vers 1379, il partagea ses États entre ses cinq fils. Jean Galéas, son neveu et gendre, qui voulait régner seul, le surprit sans défense et l’enferma dans une prison où il ne tarda point à mourir empoisonné (1385). Barnabo était cruel et débauché, mais il protégeait les lettres : il avait appelé Pétrarque à sa cour et fondé l’Université de Pise. — Jean-Galéas, duc de Milan, fils de Galéas II, né en 1347, avait succédé dès 1378 à son père dans la co-seigneurie de Milan. S’étant emparé par trahison de la personne et des États de son oncle Barnabo, il intimida les fils de ce prince à tel point qu’ils s’enfuirent, et le laissèrent seul maître (1385). Il joignit Vicence et Vérone à ses possessions (13S7), dépouilla par une insigne perfidie le duc de Padoue de ses États (1388), qu’il fut cependant forcé de rendre en 1390 ; fit la guerre à Bologne et à Florence (1390-92), et tenta, mais sans succès, de créer un royaume d’Italie. Il acheta de l’empereur Venceslas le titre de duc de Milan pour lui et ses descendants, et fit comprendre dans son duché Vicence, Vérone, Feltre, Bellune, Bassano, Arezzo et Sarzane (1395). Il acquit ensuite Pise et Sienne, soumit Pérouse, Spolète, Assise, Nocera, battit par ses généraux l’emp. Robert de Bavière, qui voulait lui retirer les concessions de Venceslas (1401), puis conquit Bologne. Il assiégeait Florence lorsqu’il mourut, en 1402, laissant deux fils mineurs. Valentine, sa fille du premier lit, avait été mariée à Louis I, duc d’Orléans, frère de Charles VI, et lui avait porté en dot le comté d’Asti : ce fut là l’origine des prétentions de la maison de France sur le Milanais. — Jean-Marie, fils aîné de Jean Galéas, né en 1389, fut proclamé seul duc à la mort de son père (1402), sous la tutelle de sa mère Catherine Visconti. En 1404, il chassa sa mère du palais, et l’enferma à Monza, où elle mourut de poison. Ses effroyables cruautés effrayèrent bientôt ses sujets ; ils se révoltèrent, et laissèrent entrer dans Milan le comte Blandrate, qui déjà occupait Alexandrie, Tortone, Verceil et Novare. J.-Marie périt assassiné par Astorre, fils naturel de Barnabo (1412). On prétend que ce monstre nourrissait ses dogues de chair humaine. — Philippe-Marie, 2e fils de Jean-Galéas et frère du préc., né en 1391, m. en 1447, eut d’abord en partage la ville de Pavie. Après le meurtre de Jean-Marie (1412), il se fit reconnaître à Milan, et s’assura la succession de Blandrate, son frère (mort l’année précédente), en épousant sa veuve, qu’il ne tarda pas à faire décapiter sur une accusation d’adultère. Il sut, soit par d’habiles négociations, soit par les exploits de Carmagnole, son lieutenant, reprendre sur les spoliateurs de sa maison tout ce qu’elle avait possédé, sauf les villes toscanes et Bologne ; conquit sur les Suisses Bellinzone et la vallée de Levantin (1422-26), et reprit le projet qu’avait formé son père de créer un royaume d’Italie, mais sans pouvoir y mieux réussir. Il perdit par sa faute son général Carmagnole, qui passa aux Vénitiens, prit à sa place Piccinino et Sforce, et se vit forcé de donner à ce dernier sa fille naturelle, Blanche-Marie (1441). C’était un habile politique, mais un homme ambitieux et perfide, qui sans cesse changeait d’alliés. Son gendre Sforce se rendit maître de son héritage en 1450, et commença une nouvelle maison de ducs à Milan.

VISCONTI (Ennius Quirinus), savant antiquaire, né en à Rome en 1751, m. en 1818, était fils de J. B. Visconti (1722-84), préfet des antiquités à Rome, et descendait d’un fils naturel de Barnabo Visconti. Son père, grand ami de Winckelmann et créateur du Musée Pio-Clémentin, surveilla lui-même son éducation, puis se fit seconder par lui dans la description du Musée. Chargé seul de cette publication après la mort de son père, il obtint bientôt une grande réputation, et fut nommé par Pie VI conservateur du Musée du Capitole. En 1797, il accepta le portefeuille de l’intérieur dans la nouvelle république formée à Rome sous l’influence française ; en 1798, il fut un des cinq consuls. Réduit à fuir par le triomphe momentané de la coalition, il vint en France, où le 1er consul Bonaparte le nomma administrateur du Musée des antiques et tableaux récemment formé au Louvre (1799). Plus tard il joignit à ce titre ceux de professeur d’archéologie et de membre de l’Institut. À une science rare, Visconti unissait le goût le plus pur et un sens exquis de l’antiquité. De ses nombreux ouvrages, les principaux, outre le Musée Pio-Clémentin (en ital.), Rome, 1782-98, 6 vol. in-fol., avec fig., sont : le Musée Chiaramonti (en ital.), qui y fait suite, Rome, 1808, in-fol. ; les Inscriptions grecques de Tropæa (en ital.), 1794, in-fol. ; les Monuments Gabiens (en ital.), 1797, in-8 ; l’Iconographie grecque et romaine (en franç.), Paris, 1808 et ann. suiv., in-fol.

VISCONTI (Louis), architecte, fils du préc., né à Rome en 1791, m. en 1854, fut amené en France dès 1798 par son père, qui le fit naturaliser, étudia l’architecture sous Percier, remporta à l’École des beaux-arts le 2e grand prix (1817), devint membre de l’Acad. des beaux-arts, architecte de la Bibliothèque impériale, et enfin architecte de l’empereur Napoléon III. On lui doit les Fontaines Gaillon, Molière, Louvois et St-Sulpice, à Paris ; les monuments funéraires des maréchaux Lauriston, Gouvion St-Cyr, Suchet, Soult ; le Tombeau de Napoléon I, aux Invalides ; enfin l’achèvement du Louvre, gigantesque entreprise dont il sut vaincre toutes les difficultés, mais dont malheureusement il ne put voir l’entière exécution. V. LOUVRE.

VISDELOU (le P. Claude), jésuite, né en 1656 en Bretagne, m. en 1737, alla comme missionnaire en Chine (1706), fut nommé en 1708 vicaire apostolique dans cette contrée et évêque de Claudiopolis, eut de vives querelles avec les autres ordres religieux admis en Chine, fut forcé par ses ennemis à s’éloigner dès 1709 et se retira à Pondichéry, où il mourut. Il savait le chinois à fond : on lui doit les premières notions exactes et suivies sur les grands travaux historiques des Chinois. Il a laissé une Histoire de la Tartarie, en 4 vol. In-4 (dans la Bibliothèque orientale, éd. de 1777-79), qui est très-précieuse ; il a fait connaître la fameuse inscription de Si-an-fou, qui constate l’introduction du Christianisme en Chine dès le VIIIe s.

VISÉ ou VIZÉ (J. DONNEAU de), littérateur, 1640-1710, travailla d’abord pour le théâtre, mais sans succès, puis créa, en 1672, sous le titre de Mercure galant, un recueil périodique, contenant, avec les nouvelles du jour, des pièces de vers ainsi que l’annonce et la critique des ouvrages nouveaux. Ce recueil prit à partir de 1677 le titre de Mercure de France. En flattant Louis XIV dans son journal, Visé obtint la charge d’historiographe de France, avec une pension de 500 écus et un logement au Louvre. Outre son journal, on a de lui 12 comédies, des Nouvelles nouvelles, 1663, et des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, 1697-1705, 10 vol. gr. in-fol., bel ouvrage de luxe, mais sans valeur.

VISEU, Verurium, Vicus-Aquarius, v. du Portugal, ch.-l. du Ht-Beira, entre le Mondego et la Vouga, à 80 kil. N. E. de Coïmbre ; 9000 h. Évêché ; ancien duché. Importante foire tenue en septembre. — Le titre de duc de Viseu a été porté par plusieurs princes de la maison royale de Portugal : Henri le Navigateur, 4e fils du roi Jean I, mort en 1463 ; Ferdinand de Portugal, 2e fils du roi Édouard, mort en 1470, et ses deux fils Jean et Jacques ; le roi Emmanuel, mort en 1521.

VISIGOTHS, c.-à-d. Goths de l’Ouest, grande fraction de la nation des Goths qui, lors de leur établissement dans la Sarmatie mérid., occupait la contrée située à l’O. du Borysthène (Dniéper). Menacés par l’invasion des Huns, qui déjà avaient subjugué les Ostrogoths, les Visigoths obtinrent de l’empereur Valens, en 376, la permission de s’établir sur la rive droite du Danube ; mais bientôt, prétendant avoir