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à se plaindre de la perfidie de Valens, ils envahirent la Thrace, sous la conduite de Fritigern et d'Alavius, gagnèrent sur les troupes romaines la victoire d'Andrinople (378) et pénétrèrent jusqu'à Constantinople, dont ils pillèrent les faubourgs. Refoulés par Théodose vers le Danube, ils recommencèrent leurs invasions après la mort de cet empereur, dévastèrent la Thrace, la Macédoine, l'Illyrie; puis, sous la conduite d'Alaric, se jetèrent sur l'Italie et s'emparèrent de Rome, qu'ils saccagèrent, 410. En vertu d'un traité conclu avec l'emp. Honorius, leur chef Ataulf, successeur d'Alaric, les conduisit dans le midi de la Gaule et les établit entre la Loire et les Pyrénées, 412 : Toulouse fut alors leur capitale. De là, conduits par leur roi Vallia, ils franchirent les Pyrénées, et s'emparèrent de la Marche d'Espagne, 415. Théodoric I, qui avait succédé à Vallia en 420, fut tué en combattant Attila dans les plaines de Châlons-sur-Marne, 451. Après le règne insignifiant de Thorismond, 451-453, Théodoric II, 453-465, puis Euric, 465-484, achevèrent la conquête de l'Espagne : Tolède devint alors leur capitale. Alaric II ayant été tué par Clovis à la bataille de Vouillé, 507, les Visigoths perdirent ce qu'ils possédaient en Gaule, moins la Septimanie, mais ils continuèrent à régner sur l'Espagne jusqu'à la conquête des Arabes. Parmi leurs derniers rois, on distingue : Amalaric, 511-531; Léovigilde, 572-586, qui extermina les Suèves; Récarède, 586-601 ; Suintila, 621-631; Vamba, Egiza, Vitiza, 672-710; enfin Roderic, 710, qui fut vaincu en 711 à Xérès par les Arabes et avec lequel finit leur empire. Toutefois il resta au Nord un très-petit État goth, le Roy. des Asturies (V. ce nom), qui maintint constamment son indépendance. — Les Visigoths avaient embrassé le Christianisme dès le temps de Constantin; mais ils adoptèrent l'hérésie d'Arius. Leurs lois, les plus douces et les plus savantes des lois des barbares, furent recueillies sous Euric, puis fondues, sous Alaric II, avec le Breviarium d'Anien. Ce code, connu sous le nom de Forum judicum, fut imprimé pour la 1re fois par Pithou en 1579; l'Académie de Madrid en a donné une édition en 1815, avec traduction espagnole.

VISITANDINES, dites aussi Religieuses de la Visitation, ordre de femmes institué en 1610, à Annecy, par S. François de Sales et la baronne de Chantal, en mémoire de la Visitation de la Vierge. Cet ordre, dont la règle est peu sévère (il était dispensé des offices nocturnes et des jeûnes rigoureux), fut approuvé par Urbain VIII en 1626, et se répandit bientôt en France, en Italie, en Allemagne et en Pologne. Le costume des religieuses était une robe noire, un voile d'étamine sans bordure, un bandeau noir au front, et une croix d'argent sur la poitrine.

VISITATION (la), fête de l’Église catholique, instituée en mémoire de la visite que la Ste Vierge fit à Ste Élisabeth quelques jours après l'Annonciation. On la célèbre le 2 juillet. Établie en 1263 par S. Bonaventure pour l'ordre de S. François, elle fut étendue à toute l’Église en 1379 par le pape Urbain VI.

VISO (Mont), Vesulus mons, haute mont. des Alpes cottiennes, entre la France et le Piémont, a 3840m de haut. Le Pô y prend sa source. Belle route, construite au XIVe s. et dont 2000m sont creusés dans le roc vif. Détruite par le roi de Sardaigne, cette route fut rétablie par Napoléon en 1811. On croit que c'est par le mont Viso que Bellovèse et Annibal traversèrent les Alpes.

VISTULE, fleuve de l'Europe centrale, naît au mont Skalza dans la Silésie autrichienne, près de Teschen, traverse la Galicie, la Pologne, la Prusse, baignant Cracovie, Sandomir, Pulawy, Varsovie, Modlin, Plock, Thorn, Culm, Elbing; Marienbourg, Dantzick; reçoit la Poprad, la Dunajec, la San, la Wieprz, le Bug, la Drevenz à droite, la Pilica, la Bzura et la Brahe à gauche, et tombe dans la Baltique, après un cours d'env. 1100 kil., par 3 bras, dont le plus occidental passe par Dantzick et les deux autres se rendent dans le Frische-Haff. Divers canaux l'unissent au Dnieper, à l'Oder et au Niémen.

VISURGIS, riv. de Germanie, auj. le Weser.

VITAL (S.), martyr, natif de Milan, subit le supplice à Ravenne en 62. On l'honore le 28 avril.

VITAL (S.), né vers 1060, dans le diocèse de Bayeux, était chapelain de Robert (frère de Guillaume le Conquérant). Il abandonna tous ses bénéfices et alla en 1112 fonder le monastère de Savigny près Coutances, auquel il donna la règle de S.-Benoît. Il brilla par son éloquence, surtout au concile de Reims en 1119, et mourut en 1122. On l'hon. le 16 sept.

VITAL, dit de Blois, écrivain du XIIe s., né à Blois, est connu par un poème latin intitulé Querolus, imité du Querolus ou Aulularia de Plaute, et imprimé en 1595. On lui a longtemps attribué le Querolus original.

VITAL (ORDERIC), historien. V. ORDERIC.

VITALIEN, général scythe, arrière-petit-fils d'Aspar, était chef de la confédération des habitants de la Scythie, de la Thrace et de la Mœsie sous l'empereur Anastase et ses. successeurs. Il vint deux fois (513 et 518) devant Constantinople, à la tête d'une armée, pour protéger les Catholiques que persécutait Anastase, grand partisan de l'Eutychianisme, obtint de l'empereur des promesses qui ne furent pas réalisées et prit les armes pour en assurer l'exécution. Il jouit au contraire de la faveur de l'empereur Justin, qui le créa consul en 520; cependant il fut peu après assassiné à Constantinople par la faction des Bleus ; on imputa ce crime au neveu de l'empereur, à Justinien, à qui il portait ombrage.

VITALIEN, pape de 657 à 672, était de Signia en Campanie. Il maintint la discipline ecclésiastique, envoya des missionnaires en Angleterre et mourut en odeur de sainteté.

VITEBSK ou VITEPSK, v. de Russie, ch.-l. du gouvy particulier de son nom et du gouvt général de Smolensk, Vitebsk et Mohilev, sur la Dwina mérid., à 630 k. E. S. E. de St-Pétersbourg; 18 000 h. (dont beaucoup sont Juifs). Cour d'appel, gymnase, églises catholiques, églises grecques ; huit couvents, Commerce actif. — Vitebsk existait dès le Xe s. et appartenait à la Lithuanie ; elle fut prise aux Polonais en 1654 par le czar Alexis. Napoléon s'en empara en 1812. — Le gouvt de Vitebsk, entre ceux de Minsk à l'E., de Mohilev à l'O., a env. 387 kil. sur 182 et 750 000 hab. Climat salubre et tempéré, sol fertile (grains, légumes, lin superbe) ; immenses forêts.

VITELLI (VAN), architecte. V. VAN VITELLI.

VITELLIUS (Aulus), 8e empereur romain , né l'an 15 de J.-C., était fils d'un des plus vils adulateurs de Claude. Il passa sa jeunesse à la cour de Tibère à Caprée, jouit de la faveur de Caligula et de Claude et fut le compagnon de débauches de Néron. Consul dès 48, puis proconsul en Afrique, où il déploya quelque habileté, il fut nommé en 68 par Galba gouverneur militaire de la Basse-Germanie. Les légions de cette frontière le saluèrent empereur à la nouvelle de la mort de Galba (69), tandis qu'Othon se faisait proclamer à Rome; Cécina et Valens, ses lieutenants, gagnèrent pour lui sur son compétiteur la bataille de Bédriac, après laquelle Othon se donna la mort. Vitellius fut reçu à Rome comme un libérateur; mais à peine était-il établi sur le trône que l'armée d'Orient proclama Vespasien; Antonius Primus, général du nouvel empereur, battit l'armée de Vitellius à Crémone, s'empara de Rome après un sanglant combat et se fit livrer l'empereur, que la populace mit en pièces et jeta dans le Tibre (70). Vitellius avait régné huit mois et quelques jours. Il ne se fit remarquer que par sa gloutonnerie, ses débauches et ses cruautés. C'est lui qui, visitant le champ de bataille de Bédriac, quelques jours après la bataille, prononça ces horribles paroles : « Le corps d'un ennemi mort sent toujours bon. »

VITEPSK. V. VITEBSK.

VITERBE, Fanum Voltumnæ, v. de l’État ecclésiastique, ch.-l. de délégation, au pied du mont