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mais fut battu par Septime-Sévère en 198 et regagna précipitamment Ctésiphon, sa capitale. — V, fils du préc. et frère d’Artaban V, disputa le trône à ce dernier, puis partagea l’empire avec lui et eut pour lot la Susiane, la Perside et les autres contrées méridionales de la monarchie (212). Bientôt les Perses, sous Ardechir-Babekhan (Artaxerce I, le 1er des Sassanides) se révoltèrent contre lui : après une guerre désastreuse, il s’enfuit dans le Kerman et y perdit la vie, en 219 ou 220.

VOLONNE, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), sur la r. g. de la Durance, à 15 kil. S. E. de Sisteron ; 1056 h.

VOLPI (Jean Ant.), né à Padoue en 1686, mort en 1768, professa la philosophie, puis l’éloquence latine à Padoue, forma dans cette même ville en 1717, avec son frère l’abbé Gaetano Volpi, un grand établissement d’imprimerie et de librairie, d’où sortirent beaucoup d’éditions estimées, accompagnées de préfaces et de commentaires. On remarque celles de Catulle, Tibulle, Properce, Lucrèce, Dante, Pétrarque, Politien. Gaetano V. a publié le catalogue de la Libreria de’ Volpi, Padoue, 1756.

VOLSQUES, Volsci, peuple du Latium, au S. E., borné au N. par la Campanie et au S. par les Pélignes, semble être d’origine osque. Ils étaient divisés en petits États formant une espèce de confédération, dont les principaux étaient Antium, Écètres, Vélitres, Anxur, Arpinum, Priverne. Celles de ces villes qui possédaient des côtes sur la mer Inférieure avaient une marine marchande, et quelquefois s’adonnaient à la piraterie. Une partie de la ligue volsque était soumise à Tarquin le Superbe : elle se déclara libre peu après l’expulsion des Tarquins. Depuis ce temps, les Volsques, aidés des Éques et parfois des Étrusques, firent à la république romaine une guerre acharnée : c’est chez eux que se réfugia Coriolan, exilé de Rome. Ils prirent part à l’insurrection des Sabins en 340 av. J. C. Les Romains, après avoir soumis à diverses reprises les petits États de la ligue volsque, finirent par briser l’existence de cette nation en 338 (après les 3 batailles de Vésèris, de l’Astura et de Pédum).

VOLTA (Alexandre), célèbre physicien, né à Côme en 1745, m. en 1827, fut d’abord professeur dans sa ville natale, puis occupa 30 ans la chaire de physique à l’Université de Pavie. Bonaparte le fit comte et sénateur du roy. d’Italie, et l’inscrivit le premier sur la liste des membres de l’Institut italique ; il était en outre, depuis 1802, associé étranger de l’Institut de France. Volta s’est surtout occupé de l’électricité ; on lui doit : l’Électrophore (1775), le Condensateur (1782), l’Eudiomètre électrique, l’Électroscope à pailles, un Pistolet et une Lampe à matière inflammable ; mais son principal titre est la découverte de l’appareil électrique à colonne appelé de son nom pile voltaïque, qui a ouvert à la science une carrière toute nouvelle. Cette découverte, qui date de 1794, ne fut guère connue en France qu’en 1801 : Volta y fut conduit en soumettant à une analyse plus sévère les faits observés par Galvani. Ses principaux ouvrages sont : les Lettres sur l’inflammabilité de l’air se dégageant des marais (trad. en 1776), et sa Lettre à Banks sur la construction de la pile. V. Antinori a publié à Florence la collection de ses Œuvres (en italien), 1816, 5 vol. in-8.

VOLTAIRE (François Marie AROUET de), né en 1694, à Châtenay, près de Paris, ou à Paris même, était fils de François Arouet, notaire et trésorier de la chambre des Comptes, et de Marguerite d’Aumart, d’une famille noble du Poitou. Il fit des études brillantes au collège Louis-le-Grand, alors dirigé par les Jésuites, et y compta parmi ses maîtres les PP. Lejay et Porée. Destiné a la magistrature, il fut placé chez un procureur ; mais une vocation précoce l’entraîna irrésistiblement vers les lettres et la poésie. Dès son enfance il avait été remarqué de Ninon, qui lui légua 2000 fr. pour acheter des livres. Il fut de bonne heure introduit dans la société des grands seigneurs, des beaux esprits et des incrédules, par l’abbé de Châteauneuf, son parrain, incrédule lui-même, et il y puisa une grande liberté de penser. A 21 ans, il s’était déjà fait une telle réputation de malignité qu’on l’accusa d’être l’auteur d’une satire contre Louis XIV, qui parut peu après la mort du roi, et qui finissait par ce vers :

J’ai vu ces maux, et je n’ai pas vingt ans.

Mis à la Bastille, quoiqu’il protestât de son innocence, il y resta plus d’une année. En sortant de prison, il quitta son nom d’Arouet, sous lequel il avait été, disait-il, trop malheureux, pour prendre celui de Voltaire, qu’il tira d’un petit domaine appartenant à sa mère. Pendant sa détention, il avait ébauché le Henriade et composé Œdipe. Cette tragédie fut jouée en 1718, et obtint le plus grand succès. Voltaire donna ensuite les tragédies d’Artémire (1720), de Mariamne (1724), et la comédie de l’Indiscret (1725) qui ajoutèrent peu à sa réputation ; mais en même temps il achevait la Henriade, qui lui valut des éloges universels. Au milieu de ses succès il se vit de nouveau privé de sa liberté : un chevalier de Rohan, auquel il avait demandé réparation d’une grossière insulte, le fit pour toute réponse mettre à la Bastille (1726) ; Voltaire, ne recouvra la liberté qu’au bout de six mois, et reçut ordre de sortir de France. Il se rendit en Angleterre ; pendant cet exil il étudia profondément la langue, la littérature, la philosophie des Anglais, et fortifia son penchant à l’incrédulité par le commerce des Toland, des Tindal, des Collins, des Bolingbroke. Revenu clandestinement à Paris après trois ans, il s’y livra à la fois à des spéculations financières qui l’enrichirent, et à des travaux littéraires qui mirent le comble à sa gloire ; en moins de cinq ans il produisit : Brutus (1730) ; Ériphyle (1732), Zaïre, dont le succès fut prodigieux (1733), Adélaïde du Guesclin (1734) ; composa le Temple du Goût, l’Histoire de Charles XII, et fit paraître les Lettres philosophiques ou Lettres anglaises (1735), déjà publiées à Londres en 1728, mais en anglais. Ce dernier ouvrage fut, à cause des attaques qu’il contenait contre la religion, le clergé et le pouvoir, brûlé par la main du bourreau, et l’auteur se vit obligé de prendre la fuite. Il alla s’enfermer au château de Cirey (en Champagne), chez la marquise Du Châtelet, femme déjà célèbre par son goût pour les sciences, et avec laquelle il avait formé une liaison intime. Dans cette retraite où il resta cinq ans (1735-40), il étudia les sciences, à l’exemple de son amie, et rédigea les Éléments de la philosophie de Newton (1738) ; c’est là aussi qu’il fit Alzire, Mahomet, Mérope, les Discours sur l’homme, qu’il prépara le Siècle de Louis XIV, l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, et composa ce poëme trop fameux, qui, en insultant à la chaste héroïne de la France, ne fit tort qu’à sa propre gloire. En 1740, il fit un court voyage à Berlin, se rendant aux pressantes invitations du roi Frédéric II, l’un de ses plus grands admirateurs. A son retour, il se vit tout à coup recherché par le ministère qui l’avait persécuté jusque-là, et fut chargé en 1743 d’une mission près du roi de Prusse, qui obtint un plein succès. Vers le même temps il composait pour la cour la Princesse de Navarre, le Temple de la Gloire, opéras qui furent représentés à Versailles, et chantait les victoires du roi dans, le Poëme de Fontenoy (1745). Il obtint alors, par le crédit de Mme de Pompadour, qui s’était déclarée sa protectrice, le brevet d’historiographe de France, avec une charge de gentilhomme de la chambre du roi, et put enfin entrer à l’Académie française (1746), dont les portes lui avaient été deux fois fermées. Mais sa faveur dura peu ; pour le dégoûter, on affecta de lui préférer Crébillon ; il se vengea en refaisant avec une grande supériorité les tragédies de son rival : c’est à cette lutte que sont dues Sémiramis (1748), Oreste (1750), Rome sauvée (1752) ; il donnait à la même époque Nanine (1749), la meilleure de ses comédies.