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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/468

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sur 260. Climat très-rude, un peu moins glacial pourtant qu'on ne le croirait vu la latitude. La Nouv.-Zemble est tout entière dans le cercle polaire : aussi la grande nuit y est-elle de près de trois mois. Peu de végétaux, quelques bouleaux ; les animaux sont l'ours blanc, le renne, l'isatis, la loutre, la chouette. Ce pays est inhabité, mais les pêcheurs et les chasseurs d'Arkhangel viennent y chercher les cétacés, les squales et les phoques, qui sont très-nombreux sur ses côtes. — La Nouv.-Zemble fut découverte en 1553 par Willoughby, navigateur anglais.

ZEMPLIN (Comitat de), comitat de Hongrie, dans le cercle en deçà de la Theiss, entre la Galicie au N., les comtés d'Unghvar, de Szabolcs à l'E., d'Abaûj-var, de Sarosch à l'O. : 160 kil. sur 45; env. 340 000 hab. ; ch.-l., Ujhély. Riches vallées : vignobles renommés où l'on récolte un vin analogue au vin de Tokay.

ZÉNATES. V. ZEIRI-BEN-ATYAH et ZÉIRITES.

ZEND, langue très-ancienne de la Haute-Asie, qui semble avoir été parlée dans la Bactriane et les contrées environnantes au S. et l'E., précéda le pehlvi usité en Médie, et le parsi (ancien perse). C'est dans cette langue que sont écrits les deux tiers du Zend-Avesta. Le zend est depuis longtemps une langue morte, mais il n'a point cessé d'être la langue sacrée des Guèbres, qui récitent en cet idiome des prières dont presque aucun ne comprend le sens.

ZEND (dynastie), dynastie persane au XVIIIe s., rivale de celle des Kadjars, eut pour chef Kérim-khan, et pour dernier représentant Louthf-Aly-khan.

ZEND-AVESTA, c-à-d. parole vivante, livre sacré des Guèbres ou Parsis, se compose de deux parties dont l'une est écrite en zend, l'autre en pehlvi. La première comprend : 1° le Vendidad-Sadé, espèce de bréviaire dont les prêtres devaient avoir récité des fragments avant le lever du soleil et qui lui-même était divisé en trois parties, le Vendidad (combat contre Ahriman), Izechné ou Yaçna (élévation de l'âme), le Vispered (chefs des êtres); 2° Les Iecht-Sadés, prières, dont plusieurs sont en pehlvi et en parsi ; 3° le Sirouzé (ou les 30 jours), sorte de calendrier liturgique renfermant le texte d'invocations aux génies de chacun des jours du mois. La deuxième partie se réduit au Boundéhech, espèce d'encyclopédie où sont contenues des notions sur la cosmogonie et l'astronomie, sur la religion et le culte, les institutions civiles, l'agriculture, etc., ainsi que la généalogie de Zoroastre. Le Vendidad est probablement le seul livre qui soit vraiment un ouvrage antique ; on l'attribue à Zoroastre même. — Le Zend-Avesta a été apporté en Europe par Anquetil-Duperron, qui le premier en a donné une traduction (Paris, 1771). Eugène Burnouf a publié le texte original de plusieurs parties, notamment du Vendidad, avec traduction et commentaire , 1829-43. Le texte complet du Zend-Avesta a été publié à Leipsick par Frid. Spiegel, de 1852 à 1860, et à Copenhague, par Westergaard, de 1852 à 1855, 3 vol. in-4.

ZENGH, Senia en latin, Segna en ital., v. des États autrichiens (Croatie), sur le golfe de Quarnero, à 80 kil. S. O. de Carlstadt; 3000 hab. Évêché, port franc, école de navigation. Zengh est le grand entrepôt d'exportation maritime de la Hongrie. Cette ville fut au XVe s. le lieu principal des Uscoques.

ZENGHI (OMAD-EDDIN), dit Sanguin dans les historiens des croisades, atabek de Mossoul (Syrie et Mésopotamie), né vers 1084, reçut du seldjoucide Mahmoud I la principauté de Mossoul (1127), battit les deux frères ortocides Daoud et Timourtach. puis le prince d'Antioche Boémond II (1130), mais fut repoussé par Foulques, roi de Jérusalem, marcha en 1132 au nom du sultan Sandjar contre le calife Mostarched et contre Maçoud, força Maçoud à signer la paix, fit ensuite à diverses reprises la guerre aux Kourdes, au roi de Damas, aux Chrétiens, enleva Édesse à ces derniers (1144) et marcha de là sur la forteresse de Djabar en Syrie; mais fut assassiné pendant qu'il en faisait la siège (1145). Il laissa, entre autres fils, le fameux Nour-Eddin.

ZÉNO (Carlo), grand amiral de Venise, né vers 1334, m. en 1418, voyagea sept ans en Orient, conduisit la négociation qui valut Ténédos aux Vénitiens (1376), défendit Trévise contre les Hongrois et sauva cette frontière (1379), battit les Génois dans les lagunes de Venise (1380) et par cette victoire arracha la République à une ruine imminente, fut nommé grand amiral, ambassadeur en France et en Angleterre, procurateur de St-Marc, défit le général Boucicaut sur mer près de Modon, et fit avec le même succès la guerre à François de Carrare, mais, ayant été soupçonné de s'être laissé corrompre par ce prince, il fut condamné, quoique sans preuve, et tenu deux ans en prison. Après sa délivrance, il fit un pèlerinage à Jérusalem. A son retour, il défendit le roi de Chypre Lusignan contre les attaques des Génois. Rentré dans Venise, il se consacra aux lettres. — Ses frères, Nic. et Ant. Zéno, équipèrent un navire à leurs frais pour visiter les terres lointaines, se dirigèrent au N. O. de l'Europe et découvrirent des terres inconnues qu'ils nommèrent Frisland, Poland, Engroveland, Estotiland et Icarcé. On a quelque raison de soupçonner que ce sont les iles Feroë, l'Islande, le Groënland, le Labrador et Terre-Neuve. Ils moururent, le 1er en 1395, le 2e en 1405. Leurs lettres, cartes et relations manuscrites sont restées inconnues jusqu'à ce qu'un petit-fils d'Antoine, Caterino Zeno, en tira le recueil intitulé : Découverte des îles de Frislanda, Islanda, etc. Venise, 1558 (reproduit dans le recueil des Navigations de Ramusio).

ZÉNO (Apostolo), critique et poëte, né en 1668 à Venise, m. en 1750, fut un des premiers à se prononcer contre le mauvais goût de son siècle, eut part à la fondation de l'Académie Vénitienne degli Animosi (1691), créa le Giornale de’ letterati (1710), dont il publia 20 volumes, reçut en 1718 de l'empereur Charles VI le titre d'historiographe de la cour et alla se fixer à Vienne. Il avait formé une riche bibliothèque, qu'il donna en 1747 aux Dominicains du St-Rosaire. On a de lui 63 pièces dramatiques (tragédies, comédies, opéras), des poésies diverses (lyriques et autres), et 2 vol. de Dissertazioni Vossiani (ce sont des suppléments aux recherches de Vossius sur les historiens latins). Ap. Zéno fut sans rival dans l'opéra jusqu'à la venue de Métastase, mais il composait avec trop de précipitation : ses scènes sont prolixes, ses incidents embarrassés. Huit de ses pièces ont été trad. par Bouchaud, 1758.

ZÉNOBIE, femme de Rhadamiste, roi d'Ibérie, et fille de Mithridate, roi d'Arménie. Son époux, forcé de fuir, et craignant de la laisser au pouvoir de l'ennemi, la poignarda et la jeta dans l'Araxe; mais Zénobie fut sauvée et reconduite en Arménie, où le roi Tiridate la traita en reine (53 de J.-C.).

ZÉNOBIE, Septimia Zenobia, reine de Palmyre, fille d'un prince arabe de la Mésopotamie, avait épousé en secondes noces Odénat, qu'elle accompagna dans ses expéditions contre Sapor. Après le meurtre d'Odénat, meurtre qu'on lui attribue, elle prit le titre de reine de l'Orient et agrandit ses États par la conquête : sa domination s'étendait de l'Euphrate à la Méditerranée et depuis les déserts, de l'Arabie jusqu'au centre de l'Asie-Mineure. Elle ne craignit pas de faire, la guerre aux Romains (267-72). Gallien tenta en vain de la réduire; Aurélien fut plus heureux : il remporta sur elle les victoires d'Antioche et d'Émèse, l'assiégea dans Palmyre, la réduisit à chercher son salut dans la fuite, l'atteignit en route, et la fit paraître à son triomphe à Rome (273). Il lui assigna pour retraite Tibur, où elle vécut obscure avec ses enfants. Zénobie avait eu pour principal conseiller le célèbre Longin. V. ce nom.

ZÉNODORE, sculpteur grec du 1er s. de notre ère, fut chargé par les Arvernes de fondre une statue colossale de Mercure, qui exigea 10 ans de