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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/62

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successifs et s'étaient étendus avec le pouvoir temporel des papes. Jusqu'au VIIIe s., ces pontifes, évêques de Rome en même temps que chefs de toute la chrétienté, paraissent n'avoir eu qu'une autorité spirituelle : la prétendue donation que Constantin leur aurait faite n'est qu'une fable. On date le commencement de leur autorité temporelle du pontificat de Grégoire II, qui, en 730, se rendit indépendant dans Rome après l'expulsion du duc grec, chassé pour avoir persécuté le culte des images. En 754, Pépin le Bref, vainqueur des Lombards, fit donation au pape Étienne II de l'exarchat de Ravenne et de la Pentapole; Charlemagne en 774 y ajouta le Pérugin et le duché de Spolète. L'empereur Henri III céda au pape en 1053 le duché de Bénévent. Par une donation célèbre de l'an 1077, la comtesse Mathilde, souveraine de la Toscane, ajouta aux États de l'Église les villes de Bolsena, Bagnara, Montefiascone, Viterbe, Civita-Casteliana, Civita-Vecchia, Corneto, Bracciano, etc., qui formèrent le Patrimoine de St-Pierre. Toutefois, les papes ne jouirent pas sans contestation de ces possessions : à différentes époques, les empereurs d'Allemagne prétendirent exercer sur Rome et sur tous les États ecclésiastiques un droit de suzeraineté ; quelques-uns même chassèrent les papes de Rome ou les remplacèrent à leur gré, et les réduisirent à une sorte de vasselage (V. OTHON I, HENRI III, etc.). Innocent III fit disparaître les dernières traces de dépendance en se faisant rendre hommage par le préfet de Rome, qui jusque-là avait été nommé par l'empereur (1198). En 1274, Grégoire X obtint du roi de France Philippe le Hardi le Comtat Venaissin : Clément VI y joignit en 1348 la ville d'Avignon qu'il avait achetée de la comtesse de Provence, Jeanne de Sicile. Pendant le séjour des papes à Avignon (1309-77), Rome s'érigea un instant en république à l'instigation de Rienzi (1347), et l'autorité temporelle du pape fut quelque temps nulle en Italie. Le légat Albornoz la rétablit au nom d'Innocent VI (1353-65), mais ce ne fut d'abord que nominalement; presque toutes les villes étaient devenues de petites principautés appartenant chacune à une famille : ainsi les Alidosi régnaient à Imola, les Malateste à Rimini, les Montefeltri à Urbin; Bologne était restée république. Ces divers pays ne furent réunis que successivement et après diverses révolutions : Citta-di-Castello en 1502, Imola, Faenza, Forli, Rimini en 1509, Bologne en 1513, Pérouse en 1520, Camerino en 1538, Ferrare et Comacchio en 1598, le duché d'Urbin en 1626, etc. Dès 1512, Jules II, profitant des désastres des Français en Italie, avait occupé les villes de Parme, Plaisance et Reggio, auxquelles son successeur ajouta Modène en 1514; mais ces villes ne restèrent que peu de temps en la possession des papes. L'État ecclésiastique perdit Avignon et le Comtat en 1791. La paix de Tolentino lui enleva, pour les donner à la république Cisalpine, Bologne, Ferrare, la Romagne (1797). En 1798, Rome et ce qui restait de l'État pontifical furent érigés en république, mais dès 1799 le gouvernement papal fut relevé. En 1808, Napoléon annexa au Roy. d'Italie (qui n'était que l'anc. république Cisalpine agrandie) les prov. situées sur l'Adriatique, et réunit toutes les autres à son empire : Rome même fut occupée en 1809 et devint le ch.-l. d'un dép. français. La paix de Paris en 1814 et celle de Vienne en 1815 rendirent aux papes toutes leurs possessions, moins Avignon et le Comtat. Les États de l'Église furent alors divisés en 9 parties : 1° quatre légations, Bologne, Urbin, la Romagne, Ferrare; 2° cinq territoires, le Pérugin, l'Orviétan, le Patrimoine de S.-Pierre, la Campagne de Rome, la Sabine; 3° pays titrés : le duché de Spolète, le duché de Castro et comté de Ronciglione, le duché de Bénévent, la Marche d'Ancône; 4° le gouvt de Citta-di-Castello. Cette div. a fait place en 1832 à la div. en Légations et Délégations exposée au début de cet article. Les États Romains subirent en 1848 le contrecoup de la révolution française de février, et, malgré les réformes que le pape Pie IX avait faites dès son avènement, la République y fut proclamée le 9 février 1849. Le pape, qui s'était réfugié dans le roy. de Naples, rentra dans ses États l'année suivante, sous la protection d'une armée française. En 1859 et 1860, la Romagne et bientôt après les Marches, s'associant au mouvement d'indépendance qui entraînait alors toute l'Italie, rejetèrent l'autorité du pape et s'annexèrent au roy. de Sardaigne, devenu dès lors roy. d'Italie, et qui a, depuis 1870, englobe tous les États Romains. V. ITALIE et ROME.

ROMAINVILLE, vge du dép. de la Seinet à 5 k. N. E. de l'anc. Paris ; 4289 hab. On y voyait naguère un joli bois et de nombreux lilas, et c'était un but de promenade pour les Parisiens. Fort, carrières. Combat entre les Franç. et les alliés, le 29 mars 1814.

ROMANDIOLE. V. ROMAGNE.

ROMANE (Langue). On donne ce nom au langage qui, après la chute de l'empire romain, se forma du mélange du latin avec les idiomes des peuples barbares, et que l'on parla surtout du Xe au XIIIe s. ; on le retrouve dans la langue provençale. C'est de ce langage que sont issues les langues italienne, française, espagnole et portugaise. On en retrouve l'analogue dans le valaque, qui est encore auj. appelé le rouman. On doit à M. Raynouard, en France, et à M. Fréd. Dietz, en Allemagne, de savantes recherches sur la langue et la littérature romanes.

ROMANÈCHE, bg de Saône-et-Loire, à 17 kil. S. de Mâcon; 2400 hab. Station; monument à Benoît Raclet, destructeur de la pyrale de la vigne. Mine de manganèse. Excellents vins rouges du cru de Thorins, et du clos dit Moulin-à-vent.

ROMANÉE (la), V. LA ROMANÉE.

ROMANELLI (Fr.), peintre, né à Viterbe en 1617, m. en 1662, élève du Dominiquin et de Pierre de Cortone, plut au cardinal Barberini qui l'employa, puis le recommanda à Mazarin. Louis XIV paya richement ses ouvrages (dont plusieurs décorent las salles du rez-de-chaussée du vieux Louvre). Romanelli, que sa santé avait forcé de retourner en Italie, allait revenir en France lorsqu'il mourut. Il excelle par la grâce et l'harmonie, mais manque de vigueur.

ROMANIE. V. ROUMÉLIE.

ROMANO, vge de la Hte-Italie (Turin), à 9 k. S. O. d'Ivrée; 2000 hab. Bonaparte y défit le général autrichien Salfi, qui y fut tué (1800).

ROMANO, v. et château de la Lombardie, à 24 kil. S. E. de Bergame, sur la r. g. du Serio; 3200 hab. — Elle a donné son nom à une puissante famille gibeline, qui, aux XIIe et XIIIe s., domina à Trévise, Vérone, Padoue, Brescia, etc. V. ECCELIN.

ROMANOV, v. de Russie (Minsk), à 22 kil. O. de Sloutsk, berceau de l'illustre maison des Romanov.

ROMANOV (les), famille russe qui régna sur la Russie de 1613 à 1762. Le premier homme remarquable de cette maison fut Nikita Romanovitch, frère de l'impératrice Anastasie, 1re femme d'Ivan IV et mère du czar Fédor I. Nikita eut cinq fils : Fédor, l'aîné, qui, dit-on, s'était fait moine près d'Arkangel, sous le nom de Filaret, pour échapper aux coups de Boris Godunov, et qui était devenu métropolitain de Moscou, parvint, en 1613, à faire tomber sur son fils Michel le choix des boïards qui voulaient un souverain indigène (V. ci-après). La dynastie de Romanov finit en la personne de l'impératrice Élisabeth, qui ne laissa pas d'enfants; elle fut remplacée par la dynastie de Holstein-Gottorp, qui lui était alliée par mariage (V. PIERRE III).

ROMANOV (Michel), czar de Russie, fils de Fédor-Nikitich, fut élu en 1613 par les États assemblés à Moscou, et eut à combattre, en montant sur le trône, les prétentions rivales de la Suède et de la Pologne. Après une courte guerre, il conclut en 1617 avec la Suède la paix de Stolbova, par laquelle il cédait à Gustave-Adolphe l'Ingrie et la Carélie russe. En 1618, il conclut avec Vladislas, fils du roi de Pologne, qui s'était avancé jusqu'à Moscou, une trêve de 14 ans :