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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/63

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par cette trêve, les Polonais restèrent maîtres des duchés de Smolensk, de Sévérie et de Tchernigov, dont la possession leur fut confirmée en 1634 par la paix de Vlasma. Guidé par les conseils de son père, Michel aurait avancé la civilisation de la Russie s'il n'était mort prématurément, en 1645. Il laissa le trône à son fils Alexis.

ROMANS, Romanum, ch.-l. de c. (Drôme), à 18 k. N. E. de Valence, sur la r. dr. de l'Isère; 11 257 h. Trib. de commerce, collége. Église Saint-Barnard (reste d'un monastère fondé en 837 par S. Barnard, archev. de Vienne) ; champ de Mars, joli pont sur l'Isère. Huile de noix, filatures de soie, mégisseries; culture du mûrier, etc. Aux env., on récolte le vin de l’Ermitage. Patrie de Servan et de Lally-Tollendal. — Jusqu'aux XVIe s., cette ville fut très-florissante : elle faisait un commerce considérable de draperie; mais les guerres de religion et la peste l'ont ruinée.

ROMANZOV (Pierre Alexandrovitch, comte de), feld-maréchal russe, né à St-Pétersbourg vers 1730, d'une anc. famille, m. en 1796, fut envoyé en 1769 contre les Turcs, remporta sur eux deux grandes victoires (1770), prit Ismaïlov, Bender, Kilia, Akermann, Brahilov, Giurgevo, s'avança vers Choumla, où le grand vizir était campé, et le força à demander la paix, qui fut signée en 1774, à Koutchouk-Kainardji. Catherine II le combla de bienfaits, lui donna le gouvernement de l'Ukraine, puis elle l'en fit revenir pour suivre à Berlin le grand-duc Paul, et, en 1787, le nomma général de la 2e armée dirigée contre les Turcs; mais, las des hauteurs de Potemkin, Romanzov donna sa démission. — Son fils, Nicolas, comte de R., 1750-1826, fut successivement, sous Alexandre I, chambellan, sénateur, ministre du commerce et des affaires étrangères; dut quitter les affaires lorsque Napoléon, à qui il s'était toujours montré favorable, eut envahi la Russie (1812), consacra ses loisirs aux sciences et aux arts, fit exécuter à ses frais le voyage de Krusenstern autour du monde, acheta et fit imprimer le manuscrit du Codex diplomaticus de Mathias Dogial, ainsi que plusieurs autres manuscrits rares et utiles aux progrès des sciences.

ROMAS (N. de), physicien du XVIIIe s., m. en l776, était assesseur au présidial de Nérac, sa ville natale. Il répéta en France dès 1757 l'expérience du cerf-volant imaginée par Franklin pour prouver l'identité de la foudre et de l'électricité : en mettant sur toute la longueur de la corde un fil métallique, il obtint des étincelles de plus de dix pieds de long.

ROME, Roma, jadis capit. de l'empire romain et (du VIII{e siècle à 1870) de l'État ecclésiastique, auj. capit. du roy. d'Italie; sur les deux rives du Tibre, mais principalement sur la riv. g. ou orientale, par 10° 9' long. E., 41° 53' lat. N. : 200 000 h. (non compris beaucoup d'étrangers). Son emplacement occupe 15 collines, dont 10 naturelles (Palatin, Capitolin, Quirinal ,Viminal, Esquilin, Célius, Aventin, Janicule, Vatican, Pincio), et 5 artificielles (Testaccio, Citorio, Giordano, Savelli, Cenci) ; elle a plus de 18 k. de tour, mais elle n'est pas toute habitée : presque tout ce qui est habité auj. est au N. de la Rome ancienne. La partie à droite du fleuve se compose de la Cité Léonine et de la Trastevere. Les deux rives du fleuve communiquent par 5 ponts de pierre : 2 en amont, les ponts St-Ange et Sixte ; 2 à travers la petite île de St-Barthélemy, qui divise le fleuve en 2 bras; le 5e, au-dessous de l'île, appelé le Ponte-Rotto, parce qu'il demeura longtemps ruiné. Nulle ville au monde n'offre autant de monuments anciens et modernes accumulés sur un espace aussi étroit. On y entre par 15 portes, dont celle du Peuple (del Popolo), située au N., est la plus belle; on distingue quelques rues fort belles (del Corso, di Ripetta, di Babuino, Giulia, Longara), mais la plupart des autres sont étroites et tortueuses. Depuis l'occupation de Rome par Vict. Emmanuel (octobre 1870), le Quirinal est la résidence du roi d'Italie, et le Vatican celle du pape. On remarque aussi dans Rome le palais de Latran, le château Saint-Ange, citadelle qui défend la ville au N., le Nouveau-Capitole, la Curia Innocenzia, le palais de la chancellerie apostolique, celui de Venise, la Douane, la Sapienza, le collége Romain, le Grand-Hôpital, les théâtres Aliberti et Argentina, une foule de palais et de villas (Barberini, Doria, Colonna, Rospigliosi, Borghese ou villa Pinciana, Medici, Farnese, Aldobrandini, Albani, Ludovisi-Piombino, Casali, etc.); de nombreuses églises : l'église St-Pierre (regardée comme le plus bel édifice du monde), la basilique de St-Jean de Latran, Ste-Marie-Majeure, St-Paul, St-Laurent hors des murs, St-Sébastien, Ste-Marie des Anges, St-Pierre ès liens, St-Pierre in Montorio, et plus de 300 autres ; de superbes fontaines (Trevi, Sextine, de Paul V, de Termini, de la place Navone, etc.); les places de St-Pierre, d'Espagne, de Monte-Cavallo, Navone, Colonna, dont plusieurs sont ornées de colonnes (colonne Trajane, col. Antonine) et d'obélisques antiques. Sous la ville s'étendent d'immenses catacombes. — Rome a 2 universités, la Sapienza et la Gregoriana. Ensuite viennent le collége Romain (fondé par les Jésuites), qui est comme une seconde université, le collège de la Propagande, les collèges Nazareno, Anglais, Irlandais, Écossais et 17 autres, le séminaire Romain; l'institut des Sourds-Muets, Ripa-Grande, l'Académie romaine de St-Luc, les diverses écoles des Beaux-Arts pour les élèves étrangers qu'y envoient la France, l'Autriche, l'Angleterre, les Deux-Siciles. Parmi les Académies et les Sociétés savantes, nous citerons les Arcades, les Nuovi Lincei, l’Académie théologique, la Tiberina, la Latina, la Filodrammatica. Nombreuses bibliothèques, dont plusieurs extrêmement riches en manuscrits (celle du Vatican surtout, puis les biblioth. Alessandrina, Ara-céli, Minerva, etc.); magnifiques galeries et musées du Vatican et du Capitole, renfermant une foule de tableaux, sculptures, gravures, inscriptions, médailles, pierres gravées; observatoires, cabinet d'histoire naturelle, jardins botaniques, musées d'anatomie, etc. L'industrie de Rome n'est pas très-active : elle produit surtout des gazes, rubans, satins, draps inférieurs, fleurs artificielles, odeurs, instruments de musique et surtout de fort beaux ouvrages en mosaïque, en corail, des camées, etc. Nombreuses imprimeries, assez grand commerce de librairie. — Le climat de Rome, salubre l'hiver, l'est moins en été : le sirocco et l’aria cattiva y causent de cruelles épidémies.

L'ancienne Rome était beaucoup plus grande et plus peuplée que la Rome moderne. Bâtie d'abord sur sept collines, elle en avait progressivement envahi plusieurs autres et elle finit par comprendre dans son enceinte 12 montagnes (monts Capitolin, Palatin, Quirinal, Aventin, Vatican, Viminal, Esquilin, Janicule, Cœlius ou Lateranus, Testaceus, Citorius, Pincius). Elle avait 37 portes (parmi lesquelles les portes Triomphale, Carmentale ou Scélérate, Esquiline, etc.), 6 ponts, près de 500 temples, une foule de palais; Auguste l'avait divisée en 14 régions. Parmi les monuments anciens qui sont encore debout ou dont il reste des ruines importantes, sont le pont Ælius (ou pont St-Ange), la Cloaca Maxima, superbe ouvrage qui date de plus de 2300 ans, les aqueducs Aqua Martia, Aqua Virgo, Aqua Pauli, le Colossée (Colysée), le Cirque, le Panthéon, les restes du théâtre de Marcellus, ceux des Thermes de Titus, de Caracalla, de Dioclétien, des arcs de triomphe (de Tite, Constantin, Septime-Sévère), les colonnes Antonine, Trajane, Duillienne, les obélisques, relevés pour la plupart par Sixte-Quint, le mausolée d'Adrien (auj. château St-Ange), puis les mausolées d'Auguste, de Metella, de C. Cestius. On cherche en vain l'ancien Capitole, qui est en partie remplacé par le Campidoglio (V. CAPITOLE); le palais des Césars, le Forum (qui est maintenant désert et qu'on nomme Campo Vaccino). Rome a produit une foule de grands hommes : les nommer, ce serait faire l'histoire de cette ville célèbre (V. ci-après). Dans les temps modernes,