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2e mari pour épouser l'exarque Longin : Helmichild, instruit à temps de son dessein, la força de boire elle-même le poison qu'elle avait préparé. Alfieri a fait de Rosemonde l'héroïne d'une de ses tragédies.

ROSEMONDE, maîtresse de Henri II, roi d'Angleterre, était fille de lord Walter Clifford, d'une des plus illustres maisons de l'Angleterre. Voulant la garantir des jalouses entreprises d'Éléonore de Guyenne, sa femme légitime, Henri fit construire pour elle à Woodstock un asile mystérieux avec une espèce de labyrinthe : elle y mit au jour deux enfants, Richard Longue Épée et Geoffroy, qui devint archevêque d'York. Elle mourut jeune, vers 1173; on crut que, pendant une absence de Henri, Éléonore s'était introduite à Woodstock et avait donné la mort à sa rivale. Briffaut a pris cette femme célèbre pour héroïne d'une poëme, Addison d'un opéra et Bonnechose d'une tragédie (1826).

ROSEN, famille originaire de Livonie et établie en Suède, a fourni deux hommes de guerre remarquables. Reinhold de R., lieutenant de Gustave-Adolphe dans la guerre de Trente ans, est un de ceux qui prirent le commandement de l'armée protestante après la mort de Bernard de Saxe-Weimar (1639). Passé comme lieutenant général au service de la France, il contribua, en 1650, au gain de la bat. de Réthel; il m. en 1667. — Conrad, marquis de R., cousin du préc., né en Alsace en 1628, m. en 1715. D'abord page de la reine de Suède Christine, il fut obligé de s'expatrier à la suite d'un duel, prit du service en France, y débuta comme simple soldat, se distingua à l'attaque des lignes d'Arras, devint colonel d'un régiment de son nom, combattit vaillamment à Senef en 1674, fut nommé maréchal de camp en 1678, défit les troupes brandebourgeoises à Minden et au passage du Weser, 1679, et passa lieutenant général en 1688. Chargé de commander une expédition tentée en Irlande en faveur de Jacques II, il reçut de ce prince en 1688 le titre de maréchal-général d'Irlande. Après s'être encore signalé à la bataille de Nerwinde, aux sièges de Charleroi et de Nimègue, il fut fait maréchal de France en 1703. C'est de lui que Voltaire, parlant de l'avenir du simple soldat, a dit :

Rose et Fabert ont ainsi commencé.

ROSENAU, v. de Hongrie (Gœmœr), sur le Sajo, à 35 kil. N. E. de Gœmœr; 6000 hab. Évêché; gymnase, séminaire. Forges, toiles, papier, vin, hydromel, cire. Eaux minérales; mines de fer, cuivre, cinabre, antimoine.

ROSENMULLER (J. Chrétien), anatomiste, né en 1771, près d'Hildburghausen, m. en 1820, professa à l'Université de Leipsick et fit, entre autres découvertes, celle de l'appareil que l'on nomme encore Organe de Rosenmuller. Il a publié : De ossibus fossilibus animalis cujusdam, Leipsick, 1794; Organorum lacrymalium partiumque externarum oculi descriptio, 1797; Atlas anatomico-chirurgicum, 1805-1812; Compendium anatomicum, 1819.

ROSENMULLER (Jean Georges), théologien luthérien, né en 1736 à Ummerstadt, près d'Hildburghausen, m. en 1815, professa la théologie à Erlangen, à Giessen, à Leipsick (1785), réforma sur quelques points la liturgie protestante, et se fit un nom dans l'exégèse par ses Scholia in Novum Testamentum, 6 vol. in-8, Nuremberg, 1777-1782, ouvrage qui obtint plusieurs éditions. — Son fils, Ernest-Frédéric R., 1768-1835, professeur de langues orientales à Leipsick et conservateur de la bibliothèque de cette ville, l'a surpassé dans ses Scholia in Vetus Testamentum, 25 vol. in-fol., 1788-1835, le plus complet répertoire d'exégèse que l'on possède. Il publia en outre des Manuels de Bibliographie biblique, 1797, d’Archéologie biblique, 1823, de savants travaux sur l'arabe, et prit une part active à la rédaction de la Gazette littéraire de Leipsick. Les ouvrages des deux Rosenmuller sont écrits au point de vue du rationalisme.

ROSES, ville d'Espagne. V. ROSAS.

ROSES (Guerre des DEUX-), guerre civile qui désola l'Angleterre pendant le XVe s., eut pour cause la rivalité des maisons de Lancastre et d'York qui se disputaient le trône, et prit son nom de ce que les chefs des deux partis portaient chacun une rose dans son écu : les ducs d'York, une rose blanche, les Lancastre une rose rouge. La maison de Lancastre, issue du 3e fils d’Édouard III, Jean de Gand, duc de Lancastre, occupait le trône depuis que Henri de Lancastre (roi sous le nom de Henri IV) avait détrôné Richard II, fils du Prince-Noir et petit-fils d’Édouard III (1399), et elle avait déjà fourni trois rois a, l'Angleterre, Henri IV, Henri V et Henri VI, lorsque, sous le dernier, la maison d'York fit revivre ses droits à la couronne. La maison d'York descendait d'Edmond de Langley, duc d'York, qui n'était que le 4e fils d'Edouard III; mais cette branche s'était alliée à la famille de Clarence, issue de Lionel, 2e fils du même Édouard, et avait hérité de ses droits, sanctionné par le Parlement en 1385. Richard d'York, qui était petit-fils d'Edmond, 1er duc d'York, et qui avait pour mère Anne Mortimer, héritière de la maison de Clarence, leva l'étendard de la révolte en 1450 : il profita pour cela du mécontentement qu'excitait en Angleterre la perte successive de toutes les provinces de France, abandonnées par Henri VI. D'abord vainqueur à St-Albans (1455) et à Northampton (1460),il fut battu et tué à Wakefield (l466); mais son fils Édouard, soutenu par Warwick et par les comtés du sud, continua la lutte, marcha sur Londres et s'y fit proclamer roi sous le nom d’Édouard IV (mars 1461) ; il remporta à Towton une victoire dans laquelle Henri VI fut fait prisonnier (1461), et confina ce prince à la Tour de Londres. Après une nouvelle lutte, dans laquelle les deux compétiteurs eurent successivement l'avantage, Édouard d'York resta définitivement maître du trône. Il le transmit en mourant à ses enfants, qui furent placés sous la tutelle de leur oncle Richard, duc de Glocester. Celui-ci, après avoir fait périr ses neveux, se fit proclamer roi en 1483, sous le nom de Richard III; mais il se rendit tellement odieux qu'il excita un soulèvement général. Henri Tudor de Richmond, issu des Lancastre par sa mère, vint l'attaquer, remporta sur lui la victoire de Bosworth, le tua de sa main et se plaça sur le trône (1485). Ce prince, connu dans l'histoire sous le nom de Henri VII, épousa après sa victoire Élisabeth d'York, fille d’Édouard IV, et confondit ainsi les droits des deux maisons, ce qui mit fin à la guerre. V. HENRI VI, HENRI VII, EDOUARD IV, RICHARD III, MARGUERITE (d'Anjou), WARWICK, etc.

ROSETTE, Rachid en Arabe, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de province, sur la branche occid. du Nil (branche Bolbitine des anciens) et à 9 kil. de son embouchure, à 50 kil. N. E. d'Alexandrie ; de 15 à 20 000 h. Une barre dangereuse empêche les navires de remonter jusqu'à Rosette; aussi le commerce de cette ville est-il très-déchu, — Rosette fut fondée en 870 par les Arabes près des anc. villes de Bolbitine et de Metelis. Les Français l'occupèrent en 1798. Les Anglais ont vainement essayé de la prendre en 1807. — On appelé Inscription de Rosette une célèbre inscription gravée sur une pierre de granit, découverte en 1799 à Rosette par les Français pendant l'expédition d’Égypte ; elle est en 3 langues (hiéroglyphique, égyptien vulgaire et grec), et date de l'an 193 av. J.-C., époque où Ptolémée V, Épiphane, monta sur le trône ; l'inscription rappelle ce qui s'est passé sous la minorité de ce prince. C'est ce monument qui donna à Champollion la clef des hiéroglyphes. Il se trouve auj. à Londres. Letronne a publié en 1841 le Texte et la traduction littérale de l'inscription grecque, avec un commentaire; elle a été publiée de nouveau en Allemagne avec commentaires, par H. Brugsch, Berlin, 1851, et par Uhlemann, 1853. On en trouve aussi le texte dans les Fragmenta historicorum græc. de la Collection Didot.

ROSHEIM, ville d'Alsace-Lorraine, au pied des