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ANN
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mère de Sara, mariée au jeune Tobie. Tob., 6, 7 ; v. 3, 4.58.

4. — prophétesse, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Avant perdu son mari de très bonne heure, elle se consacra au service de Dieu, et eut la consolation de voir Jésus présenté au temple par sa mère. Luc. 2, v. 36.

5. — femme de S. Joachim et mère de la vierge Marie.

6. — ou Ananus, grand-prêtre, beau-père de Caïphe. V. Ananus.

Anne Comnène, princesse de Constantinople, file d’Alexis Comnène Ier, empereur d’Orient dans le 12e siècle, écrivit en grec l’histoire d’Alexis son père. Cet ouvrage n’a pas un grand caractère de véracité. La piété filiale l’a emporté sur les devoirs de l’historien. Un style recherché et un luxe fastidieux d’érudition trahissent à chaque page la vanité de l’écrivain.

ANNEAU, sorte d’ornement en usage dans la plus haute antiquité, et qui passa des Grecs aux Romains. Les premiers anneaux étaient de fer : dans la suite on en fit d’argent et d’or, et le luxe les enrichit des pierreries les plus précieuses. L’anneau servait à plusieurs usages :

1o Il distinguait les différens ordres des citoyens. Dans les premiers temps de la république les sénateurs étaient les seuls qui eussent le droit de porter l’anneau d’or : bientôt ce droit s’étendit aux chevaliers, puis à toutes les autres classes, et enfin il ne fut plus une distinction. Cependant l’anneau de fer demeura toujours la marque caractéristique des esclaves. On obligeait le triomphateur à déposer l’anneau d’or le jour de son triomphe, et à le remplacer par celui de fer.

2o On l’employait à cacheter les lettres, les contrats, etc. Cette espèce d’anneau se nommait annulus sigillarius.

3o Le mari le donnait à son épouse le jour des fiançailles, comme le gage de l’union qu’ils allaient contracter. On nommait cet anneau annulus nuptialis ou sponsalitius.

4o Le mourant le laissait à celui qu’il voulait désigner pour son héritier ou son successeur. C’est ainsi qu’après la mort d’Alexandre, Perdiccas prétendit que le prince expirant l’avait institué son successeur en lui remettant son anneau.

5o Enfin il y avait des anneaux inventés par la superstition et auxquels on supposait des vertus merveilleuses C’est ce que les Grecs appelaient pharmacises, les Arabes talismans, et les peuples modernes anneaux enchantés. On y gravait des caractères magiques, et ceux qui les portaient se croyaient à l’abri de tout danger.

ANNÉE La forme de l’année et la distribution de ses parties variaient chez les différens peuples de l’antiquité, ce qui oblige à traiter séparément de l’année de chaque peuple.

I. Année des Grecs. L’année des Athéniens, des Lacédémoniens et de la plupart des peuples de la Grèce était à la fois lunaire et solaire, c’est-à-dire que les mois étaient réglés sur le cours de la lune, et la longueur de l’année sur le cours du soleil. Ce qui avait nécessité ce mélange, c’est que les cérémonies civiles et religieuses étaient fixées tantôt au retour ou aux différentes phases de la lune, tantôt aux différentes saisons. Mais il n’était pas facile d’accorder ces deux sortes d’années ; car chaque révolution de la lune s’opérant en 29 jours 12 heures 44 minutes, etc., l’année lunaire n’a que 354 jours 8 heures 48 minutes, etc., tandis que l’année solaire a 365 jours 5 heures 48 minutes, etc. ; aussi fut-on obligé de faire plusieurs essais, et se trompa-t-on plusieurs fois dans les premiers temps. Les Grecs ne connaissant encore la véritable division ni de l’année solaire ni de l’année lunaire, adoptèrent une année fautive de 360 jours, composée de 12 mois de 30 jours chacun. C’est à Thalès que l’on attribue cette première distribution.

1er Cycle. Mais bientôt on s’aperçut que d’un côté la révolution de la lune n’était pas exactement de 30 jours, et que de l’autre l’année de 360 jours retardait sur l’année solaire, de manière que les saisons ne tombaient plus dans les mêmes mois. On réduisit donc le mois de 30 jours à 29 et demi, ou plutôt on forma des mois qui avaient alternativement 29 et 30 jours (Voy. Mois), ce qui faisait une année de 354 jours ; puis, pour mettre cette année en harmonie avec l’année solaire, on ajoutait tous les deux ans à la fin du dernier mois un mois supplémentaire de 30 jours, nommé posidéon 2o ; ce qui faisait une période de 25 mois lunaires et de 538 jours. C’est à Solon ou du moins à son époque, au commencement du 6° siècle, que l’on rapporte cette première correction. On donna à ce cycle de deux ans le nom de diétéride (δὶς deux fois ; ἔτος, année). Les Grecs le nommaient aussi quelquefois triétéride (τρὶς, trois fois ; ἔτος, année), parce que ce n’était qu’après la troisième année que l’on recommençait à faire l’intercalation.

2e Cycle. La diétéride ne redressait pas entièrement les erreurs, et ne rétablissait pas encore l’égalité entre l’année lunaire et l’année solaire. Elle avait 6 heures 21 minutes de moins que 25 révolutions de la lune, et 7 jours 12 heures 22 minutes de plus que deux années solaires. Après plusieurs essais de correction peu connus où incertains, on forma vers le 5° siècle av. J. C. un nouveau cycle connu sous le nom d’octaétéride (ὀκτὼ, huit : ἔτος, année), ou période de huit années. On en attribue l’invention à Cléostrate de Ténédos. Supposant l’année solaire de 365 jours un quart, l’année lunaire de 354 jours, huit années solaires 2922 jours, huit années lunaires 2832 jours ; la différence était au bout de huit ans de 90 jours, dont on pouvait faire trois mois, chacun de 30 jours. Si donc dans l’espace de huit années lunaires on intercale ces trois mois, la totalité sera la même que celle des huit années solaires. Cette heureuse correction fut universellement adoptée : on répartit ces trois mois dans les huit années ; on mit le premier mois au bout de la troisième année, le second au bout de la cinquième, le troisième au bout de la huitième, de sorte que ces trois années avaient chacune treize mois au lieu de douze, et 384 jours au lieu de 354. (V. le Calendrier de l’octactéride, Tableau no  [illisible]. Ce n’est pas qu’au total il ne dût résulter quelques inexactitudes de ce système ; mais ces inexactitudes étaient légères pour l’instant, et ne devenaient bien sensibles qu’au bout de quelques siècles. Aussi quoique dans la Sicile d’habiles astronomes, Hipparque, Méton et Callipe, eussent calculé des calendriers plus précis et plus exacts, l’octaétéride resta toujours en usage dans les actes civils, soit à cause de l’habitude, soit aussi en raison de la facilité avec laquelle on la ramène aux Olympiades, et réciproquement. V. Cycle.

II. Année Romaine. Elle était primitivement composée de 304 jours, partagés en dix mois, dont le premier était mars. Mais comme cette année ne correspondait ni au cours du soleil ni à celui de la lune, Numa la réforma, et la régla sur le cours de la lune. Ce système, tout imparfait qu’il était, se maintint avec peu de changemens jusqu’au temps de J. César : à cette époque, malgré quelques corrections, le commencement de l’année était reculé de 67 jours. J. César, dans la troisième année de sa dictature, l’an de Rome 708, ordonna que l’année serait de 365 jours