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6 heures ; et, comme ces six heures quatre fois répétées forment un jour, il fut ordonné que ce jour serait intercalé tous les quatre ans dans le mois de février, qui était de 28 jours, et qui se trouverait alors de 29 jours. Ce jour se plaçait après le 6e des calendes de mars, et, pour ne rien déranger aux noms des autres jours, on comptait deux fois (bis) le 6e (sextus) j. des calendes, ce qui fit nommer ces années bissextiles.

Cette année, nommée julienne de César, qui l’avait réformée, était trop grande de 11 minutes 14 secondes, 13 tierces. Quelque légère que paraisse cette différence, elle fait cependant un jour au bout de 128 ou de 129 ans, et cette anticipation était assez considérable pour qu’au 13e siècle on s’aperçût que l’ordre des saisons était troublé. On fut donc obligé de réformer de nouveau l’année. Cette réforme fut opérée en 1582 par le pape Grégoire XIII, de qui la nouvelle année que nous suivons reçut le nom de Grégorienne.

III. Année des Juifs. L’année des Juifs était de 12 mois. Dans le commencement, depuis Moïse jusque vers le temps d’Alexandre, l’année était solaire, et les mois avaient 30 jours chacun, excepté le 12e, qui en avaient 35. Depuis Alexandre les Juifs comptèrent par mois lunaires, alternativement de 29 et de 30 jours, et alors ils ajoutèrent un mois intercalaire Adar 2e, tous les trois ans.

— Les Juifs distinguaient quatre sortes d’années, non d’après des différences dans leur longueur ou leur distribution, mais d’après leur usage.

1o L’année civile ; c’était celle qui était suivie dans tous les actes de la vie civile. Elle commençait au mois de tizri, qui répond au mois de septembre.

2o L’année sacrée, que l’on suivait dans l’ordre des solennités et des cérémonies de la religion. Elle ne différait de l’année civile qu’en ce qu’elle commençait six mois plus tard, au mois de nisan, qui répond au mois de mars.

3o L’année sabbatique, qui se célébrait de sept ans en sept ans. Pendant cette année on laissait reposer la terre sans la labourer ni la moissonner, et tout ce qu’elle produisait d’elle-même appartenait aux pauvres, aux orphelins, et en général au premier qui s’en saisissait.

4o L’année du Jubilé, qui se célébrait au bout de sept semaines d’années, c’est-à dire tous les 49 ans. Elle jouissait des mêmes prérogatives que l’année sabbatique ; mais elle avait cela de particulier que ceux-mêmes qui avaient renoncé à leur liberté en reprenaient l’usage de droit, et que ceux que la pauvreté ou d’autres motifs avaient forcés d’aliéner leurs biens rentraient dans leurs possessions.

1. ANNEITANUM, v. de la Vénétie, au S. O., sur l’Athesis, à l’O. d’Ateste.

2. — v. de l’Étrurie, au N. chez les Magelli.

ANNEIUS BROCHUS, sénateur romain, dépouillé de ses biens par Verrès. Cic., Verr., 5, 78, 80.

1. ANNEUS (Serenus), ami de Sénèque, prêta son nom à Néron pour cacher ses premiers amours, en se déclarant l’amant de sa maîtresse. Tac., Hist.

2. — Seneca. V. Sénèque.

3. — Lucanus. V. Lucain.

ANNIA, femme de Cinna, ensuite de Pison et enfin de Sylla. V. Pat.

2. — Cornificia, sœur de l’empereur Marc-Aurèle.

ANNIANUS, consul l’an 314 de J. C.

1. ANNIBAL, fils d’Asdrubal, selon Justin, et de Giscon selon Diodore de Sicile, général carthaginois, prit et ruina Sélinonte, et périt dans un combat contre les Syracusains l’an 406 av. J. C. J., 22, 33.

2. — général carthaginois, vaincu par le consul Sulpitius Paterculus, et mis en croix par ses concitoyens, vers l’an 253 av. J. C.

3. — général carthaginois, le plus célèbre de ceux qui ont porté ce nom, était fils du grand Amilcar, et naquit l’an 247 av. J. C. Son père lui avait fait dès l’âge le plus tendre jurer sur les autels une haine implacable aux Romains. Ayant obtenu la permission d’aller rejoindre son oncle, qui commandait en Espagne les armées carthaginoises après la mort d’Amilcar, il servit trois ans sous ses ordres, et se fit admirer par toutes les qualités qui forment un bon soldat et un grand général. À La mort d’Asdrubal il fut proclamé unanimement général en chef de l’armée carthaginoise en Espagne, quoiqu’il eût à peine 25 ans, et étendit dans ce pays la domination de Carthage. Il prit et détruisit Sagonte, ville alliée des Romains, avec lesquels Carthage était alors en paix, et par cette infraction volontaire aux traités ralluma la guerre entre les deux républiques rivales. Annibal, persuadé que les Romains ne pouvaient être vaincus que dans Rome même, résolut de faire de l’Italie le théâtre de la guerre. Il leva trois armées puissantes, en fit passer une en Afrique, laissa l’autre en Espagne, et lui-même prit avec la troisième le chemin de l’Italie. Après avoir combattu et soumis sur sa route tous les peuples de l’Espagne et des Gaules, qui s’opposaient à sa marche, et en avoir fait entrer un grand nombre dans son parti, il arriva au pied des Alpes, et se disposa à les franchir, malgré des difficultés qui semblaient insurmontables. Après neuf jours de marche à travers des précipices et des rochers, où il eut à souffrir des élémens et des hommes tout ce qui pouvait décourager un autre que lui, il parvint au sommet des Alpes. Cinq autres jours lui suffirent pour descendre le revers des montagnes, et malgré les pertes considérables qu’avait éprouvées son armée, il s’empara presque aussitôt de Turin (Taurasia). C. Scipion et Sempronius l’attendaient au débouché des montagnes. Il les défit, l’un sur le Tésin (Ticinus), et l’autre sur la Trébie (Trebia), franchit les Apennins, et envahit l’Étrurie. L’année suivante il battit Flaminius sur les bords du lac de Trasimène. Tout pliait devant lui lorsque la sage lenteur de Fabius Maximus vint arrêter quelque temps ses progrès. L’imprudence de Tér. Varron et de son collègue Paul-Émile lui rendit la victoire, et l’an 216 av. J. C., il gagna près de Cannes cette bataille fameuse qui mit Rome à deux doigts de sa perte. Quarante mille Romains restèrent sur le champ de bataille ; le consul Paul-Émile fut du nombre des morts. Annibal fit chercher son corps après le combat, et lui rendit les honneurs de la sépulture. S’il avait marché droit à Rome après cette victoire, peut être s’en fût-il rendu maître à la faveur de la consternation qui y régnait ; mais ses délais laissèrent à la république le temps de revenir de sa terreur, et de se préparer à une nouvelle résistance. Il alla passer l’hiver à Capoue, où ses troupes s’amollirent dans les délices et dans le repos. Quand il se présenta aux portes de Rome il inspira si peu de frayeur qu’on vendit la terre même sur laquelle il était campé. Cependant Annibal se maintint encore plusieurs années en Italie : il remporta des victoires, prit des villes, et s’il ne put achever sa conquête, c’est que Rome fit des efforts incroyables ; c’est qu’elle leva dans une seule année jusqu’à dix-huit légions, et qu’Annibal, calomnié dans sa patrie par une faction ennemie que son absence rendait puissante, ne reçut presque aucun secours de Carthage, et fut toujours obligé de se soutenir par lui-même en Italie. Marcellus, sans remporter aucun avantage décisif, lui livra plusieurs combats qui l’affaiblirent. Enfin, le théâtre de la guerre ayant été transporté d’Italie en Afrique, Carthage fut obligée de rappeler Annibal, sa dernière