Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/14

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Ciel ! s’il découvrait que je tiens ici dans les fers ce Florestan qu’il croit mort, et dont j’ai tant sujet de me venger ; ce Florestan qui voulut me dévoiler aux yeux de l’état et m’arracher ses faveurs…. Ministre si vanté, je saurai te tromper encore et me soustraire à ta vigilance…. (_avec trouble et égarement._) Il doit arriver aujourd’hui !… Je n’ai pas un seul instant à perdre… (_au chef des gardes qui traverse en ce moment le fond du théâtre à la tête de plusieurs soldats._) Capitaine ? écoutez. (_Il l’amène sur le devant de la scène et lui parle à demi-voix._) Montez au donjon avec un trompette dont vous serez bien sûr…. vous regarderez attentivement et sans relâche sur la roule de Séville ; aussitôt que vous appercevrez de loin une voiture accompagnée de plusieurs gardes, vous m’en ferez donner le signal par le trompette à l’instant même…. Entendez-vous ; le signal à l’instant même…. la plus grande exactitude surtout, et de la discrétion ; vous répondez de tout sur votre tête. (_Le capitaine s’éloigne avec les gardes qu’il avait laissés au fond du théâtre._) Quel parti prendre maintenant pour me débarrasser promptement de ce Florestan ? (_Après un moment de silence et de réflexion pendant lequel il porte ses regards sur ROC qui rentre en ce moment sur la scène avec Léonore et Marceline._) Il n’en est qu’un…. oui, c’est le seul, qui me reste dans cette circonstance… ROC ? ROC.

Seigneur.

PIZARE.

Suis-moi ; j’ai quelque chose d’important à te communiquer. ROC, (_avec étonnement._)

À moi, seigneur. PIZARE, _brusquement._

Suis-moi, te dis-je. (_Il sort par l’arcade qui est ouverte ; ROC le suit._)



Scène V

LÉONORE, MARCELINE. MARCELINE.

Il va sûr’ment profiter d’ça, pour faire part de not’mariage au gouverneur, et lui d’mander qu’il s’intéresse à nous….