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Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/35

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LÉONORE, _tirant subitement de son sein un pistolet à deux coups, et le présentant sur la poitrine de Pizare._

Si tu avances, tu es mort.

(_Pizare s’arrête interdit et surpris : on entend aussitôt sonner la trompette._) PIZARE, _à demi-voix, et avec le plus grand égarement._

Ciel ! déjà le ministre !… ROC, à part et à l’écart._

Le ministre, dit-il ! PIZARE, _avec le plus grand égarement._

Ô rage, ô contre-tems funeste !… (_à part._) il faut que je paroisse au plutôt devant lui…. que je quitte ce déguisement…. (_ROC._) Viens, sortons ; nous reviendrons ici quand il en sera tems. (_il emmène ROC._) LÉONORE, _courant après ROC et l’arrêtant par ses habits._

Vous pourriez nous abandonner…. nous livrer à ce vil assassin ! (_Elle tombe aux pieds de ROC, qui saisit cet instant pour lui arracher le pistolet qu’elle tient à la main : elle se débat en poussant des cris perçans._) FLORESTANT.

Et je suis enchaîné !

(ROC se débarrasse de Léonore, sort avec Pizare qui l’a vu arracher le pistolet, et ferme la porte sur eux._)



Scène IV

LÉONORE, FLORESTANT, LÉONORE, _avec le plus grand abattement._

Et j’ai pu me laisser ravir cette arme !… c’en est fait, je perds dans un instant le fruit de tous mes travaux…. plus d’espoir… non, non, plus d’espoir !…. (_Elle tombe évanouie sur les décombres de la citerne._) DUO. FLORESTANT.

Je ne puis revenir de mon étonnement…. Est ce bien toi, toi que j’adore ! Pas le moindre soupir, le moindre mouvement…. Léonore !…. Léonore !….

(_il s’élance vers elle ; il est retenu par sa chaîne._)

Vains efforts !… elle va mourir, Et je ne puis la secourir !…. Chaîne cruelle ! Léonore !…