Combien parmi nous se rappellent encore les quantités d’oranges et d’avelines que le flot apportait sur la grève et sur le sable, il y a de cela une vingtaine d’années. Quelle ample provision chacun de nous dut faire ? C’est rare maintenant, mais autrefois, hélas ! (Lisez Cambry, Voyages dans le Finistère, édition 1836.) Vingt-trois navires sont venus se perdre la même année, sur les rochers, à la Queue des Chats au Sud de l’Île.
Jadis, au cri de ralliement : « Pase zo an od : Il y a des épaves à la côte ! » les riverains se hâtaient de courir à l’endroit signalé. Une espèce de syndicat était formé pour le pillage des navires, quelques vigies à l’œil exercé surveillaient à tour de rôle. Après le pillage, part égale ; les absents n’étaient pas oubliés. Que de scènes terribles et d’orgies se sont ainsi passées ?
Ces faits ne remontent pas déjà si haut.
Si la douane, si les gendarmes n’étaient pas là pour leur inspirer une crainte salutaire, les mêmes actes se reproduiraient.
Quelles peines n’a-t-on pas eues à sauvegarder les épaves du Catégat, sous Saint-Tugen, et celles de la Joséphine-Henriette ! De nombreuses et récentes condamnations ont été prononcées dans ces circonstances par les tribunaux, aux côtes de Penmarc’h et ailleurs.