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de l’île de sein

« C’est la Providence qui nous envoie cela, » disent-ils, et ils ne sauraient considérer ces larcins comme des vols ; pour eux ce sont des profits licites. Un instant avant, ils auraient risqué leur vie pour sauver les équipages ; quant aux épaves, c’est autre chose, et à l’appui de ce que j’avance, je donnerai ce renseignement[1] : À l’arrivée à l’Île des employés des Ponts et Chaussées, chargés des études préliminaires du phare, les habitants firent un simulacre assez sérieux de révolte, et la menace d’une répression armée put seule les faire rentrer dans l’ordre. Cette tentative de révolte ne paraîtra pas étonnante lorsqu’on saura qu’avant cette époque, ces insulaires trouvaient une source de revenus dans les nombreux naufrages qui avaient lieu dans ces parages, l’Île étant alors très peu visitée, pour ne pas dire inconnue à d’autres qu’aux habitants. Il n’en est plus de même, il n’est plus ce temps d’ignorance où l’on pouvait citer cette exclamation d’une femme de l’Île en arrivant à Quimper, où elle avait été appelée comme témoin dans une affaire de justice : « Mon Dieu, je n’aurai jamais cru le monde aussi grand ! » Depuis, les choses ont bien changé, les communications sont devenues faciles et fréquentes entre l’Île et le conti-

  1. Le 28 Juillet dernier, les journaux publiaient un vol considérable commis à l’échouage, près de l’Île, du navire à vapeur La Guyenne.