Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
monographie

n’est malade que parce que l’on se dit par avance qu’on le sera. Cette traversée est la terreur des femmes de l’Île qui, plus que les autres, paient ce tribut à la mer. Du reste, c’est de courte durée, et nul ne songera à rire de vos crampes douloureuses, c’est plus salutaire que les pilules Géraudel.

La barque contourne le Nerroch, un petit îlot, amas d’énormes rochers que la mer couvre d’écume, et y laisse par les chaleurs, dans les interstices de la pierre, le sel le plus fin. Cet îlot contourné, vous entrez de suite dans un bassin d’eau plus calme, et vous êtes étonné de trouver à l’ancre un vapeur ; c’est le Porstrein, bateau des Ponts-et-Chaussées ; quelques chasse-marée chargés de bois ou en relâche à l’Île ; des bateaux-viviers pleins de langoustes et de homards ; des canots se balançant à la lame ; des bateaux de pêche non armés. Après environ deux heures qu’a duré la traversée, vous atterrissez ; l’atterrissage est facile. Il y a toujours nombreuse compagnie à l’arrivée du bateau. Si vous êtes connu, les poignées de main abondent, si vous êtes étranger, des visages souriants vous accueillent.