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de l’île de sein

Quand ce brave pêcheur y stationne, quand il boit une bonne goutte, il rentre chez lui heureux et content et recommence le lendemain sa dure vie. Il n’a pas un murmure pour son sort, pas un moment d’envie pour ce Lucullus de la ville, qui a, sans contredit, payé cher ces poissons, cueillis avec tant de fatigues, au milieu de tant de dangers. Braves pêcheurs, vous dormirez probablement plus tranquillement que tous ces Apicius dont l’estomac blasé réclame chaque jour de nouveaux condiments. Ce sera encore les bras forts et nerveux de vos enfants qui conduiront à la lutte nos braves soldats allant allègrement se faire tuer pour soutenir au Dahomey, au Tonkin et à Siam l’honneur de la France, défendre dans ces pays éloignés, les intérêts souvent égoïstes des factoreries des riches maisons de Marseille et de Bordeaux !

Quand j’ai dit que l’Île à 805 habitants, je parle de l’hiver. Pendant l’été, la population se double par une immigration de familles de Paimpol (Côtes-du-Nord), et autres endroits. Ils viennent à l’Île pour la pêche des crustacés, quand quelque sinistre ne les arrête pas en mer, comme cela n’arrive que trop fré-