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de l’île de sein

temps pour faire la promenade. » À cet endroit, en effet, la mer se gonfle instantanément ; il n’y avait plus à reculer ou à filer de l’huile sur les vagues que nous fendions. Ayez le pied marin si vous voulez admirer l’horizon, sinon le tangage, vous rejetant sur votre banc, réprimera bien vite les élans de votre curiosité.

À quelques encâblures du but de notre sortie, flottait une bouée, corps-mort solide, point de mouillage pour tous bateaux. D’un adroit mouvement un matelot saisit la bouée qui devait maintenir notre vapeur, préposé seulement à la surveillance du ravitaillement. Deux matelots en descendirent, au mépris du danger, dans une légère embarcation, pour rejoindre un petit navire à voiles qui se balançait non loin de nous et à bord duquel on distinguait des marins. Bientôt nous aperçûmes des cordages partant d’une des lucarnes du phare, et il se produisit un va-et-vient. Des barils, des caisses, des paniers s’en allaient pleins, d’autres revenaient vides. D’énormes oiseaux de mer tournoyaient au-dessus de nous en lançant dans l’air ce cri plaintif et sinistre qui s’entend au sein des tempêtes. Savaient-ils que c’étaient des provisions fraîches que l’on apportait et en désiraient-ils leur part ?

De la galerie du phare, un homme se laissa glisser le long des cordages raidis autant que possible, bal-