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de l’île de sein

qui m’a été racontée. Les marins de l’Île de Sein, ne sont cependant pas napolitains, et n’ont pas la crédulité de ces derniers ; c’est loin de l’Île que ce renseignement m’a été donné.

Cette chapelle reste fermée, à part le jour de la fête du Saint, fête qu’on lui souhaite chaque année, en voici la raison : Quand la pêche donnait bien, les dévots et reconnaissants marins rendaient au bon patron de solennelles actions de grâce, on le remerciait avec effusion, mais aussi quand le poisson ne mordait pas, quand les casiers se relevaient vides, malheur ! on passait à la chapelle, on objurguait la statue, comme à Naples San Genaro, on lui faisait des reproches, même quelques irrévérencieux, et il s’en trouve toujours, comme comble du profond dédain, allaient jusqu’à lui lancer à la figure une chique bien juteuse, et le pauvre patron que l’on ne débarbouillait pas, prenait à la longue une teinte d’un hâle très prononcé.

Se non è vero, è bene trovato, n’y croyez pas, si vous voulez, mais voici qui est vrai, deux iliens nés natifs, me l’affirmaient hier. Saint Corentin est évêque, et sa statue porte les attributs de sa dignité, la mitre et la crosse ; celle-ci est mobile. Au cours de mauvais temps persistants, les dévots clients se rendent à la chapelle, font faire le moulinet à la crosse : « C’est vent de Nord qu’il nous faut », et la crosse, symbole