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monographie

de la charge, est pointée vers cet aire de vent. « Autrou sant Korentin, avel Nord, ni o pedomp ! Monsieur saint Corentin, vent du Nord, nous vous prions ! »

Ce bon saint doit bien songer dans sa niche, quand le vent siffle l’hiver sur sa toiture rejointoyée de ciment.

Quelques terres vagues et couvertes d’un maigre gazon, entourent le phare, où viennent paître les bestiaux. L’Île possède en réalité une soixantaine de vaches, et un taureau, que les insulaires nomment Coq Egen, le coq du troupeau, nom breton bien choisi, il n’a pas de concurrent. Les lauréats de nos concours n’envieraient pas ses chétives compagnes, ni les maigres pâturages de ses dunes si nues ; ce satrape de l’Île, a l’air bien tranquille, l’œil atone, n’a rien du farouche de ses collègues de la Camargue.

Le long de ces côtes, ces animaux dévorent les varechs frais apportés sur les galets, le lait doit être iodé. Qu’est donc la tuberculine Koch auprès de çà ! Les chevaux et les moutons n’y sont pas connus. Il y a trente ans, des enfants amenés à Audierne pour la Confirmation, s’éloignaient des arbres, craignant de les voir s’abattre, s’extasiaient devant un cheval : « regarde quel grand porc ! » disait l’un.