Page:Boulay-Paty - La Bataille de Navarin, 1828, 2e éd.djvu/7

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Embossé sous ses forts d’où la foudre s’élance,
Sur trois rangs l’Osmanli défend la rade immense :
Le marin du Bosphore, aux yeux étincelans,
Mêle ses cris à ceux du fils de l’Arabie,
L’esclave basané des sables de Nubie
Découvre son front noir sous les agrès brûlans.

Les vaisseaux alliés font un assaut d’audace ;
De ce bassin en feu sillonnant la surface,
Leur manœuvre partout trace l’arrêt du sort.
Nos frégates, nos bricks, citadelles aîlées,
Forcent des ennemis les lignes reculées,
Échangeant avec eux et la flamme et la mort.

Par quels nombreux exploits, aux fastes de mémoire,
France, tes fils encore ont signalé ta gloire !
Je vois le Scipion, entouré de brûlots,
À son bord quatre fois éteignant l’incendie
Et foudroyant les forts et la ligne ennemie,
Comme un Vésuve errant, gronder au sein des flots.

Ses mâts rompus, je vois, aux dangers indocile,
Le Breslaw jeter l’ancre et, colosse immobile,
Braver l’airain brûlant et la vague en fureur.