Page:Boulay-Paty - La Bataille de Navarin, 1828, 2e éd.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au milieu du péril je vois voler l’Armide,
Je vois, je vois partout la Syrène intrépide
Déployer sous le feu son pavillon vainqueur.

Là, c’est la barbarie, et l’orgueil et la rage !
Ici, c’est le sang froid, l’honneur et le courage !
L’air de poudre est noirci, le flot de sang est teint ;
Les vaisseaux du Sultan tour-à-tour disparaissent,
Et sous nos prompts boulets qui dans le ciel se pressent,
Étouffé par degrés le feu des forts s’éteint.

Sur l’abyme bientôt un cri vainqueur s’élève…
Istamboul, tu l’entends ! et ton règne s’achève.
Français, Russes, Anglais, tous ont fait leur devoir !
Dans ce jour ont péri les fils de l’arrogance ;
Et la livide Mort, reine du long silence,
Sur leurs débris fûmans vient planer et s’asseoir…

Qu’Ibrahim, regorgé de sang et de pillage,
Vienne, au déclin du jour, sur son coursier sauvage,
Redemander aux mers sa flotte avec orgueil !
Du milieu des débris sort une voix plaintive,
Et la vague et l’écho répètent sur la rive :
Ils sont tous engloutis dans ce mouvant cercueil !