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Rome ! tes fiers enfants, dans leur guerrière audace,
Trouvaient que l’univers avait trop peu d’espace :
Où sont-ils ?… quelques pas mesurent leur cercueil.
L’esclave foule en paix les os du peuple libre,
Le temps les a blanchis, et seul sur eux le Tibre
Jette un long murmure de deuil !…

Tu périras toi-même, ô France ! ô ma patrie !
Reine de l’univers, ta couronne flétrie
De ton front dans les temps par débris s’en ira !
Paris, tes beaux palais, tes tours au front superbe
Tomberont ! Le poète, en les voyant sous l’herbe,
Un jour, seul ici gémira.

Ainsi tout ici-bas grandit, tombe et s’efface ;
Ainsi l’œuvre de l’homme offre à peine une trace
Que dévorent bientôt la ronce et le chardon ;
Les générations tour à tour se succèdent,
Comme les flots des mers ou les feuilles qui cèdent
Sous le souffle de l’aquilon.