Page:Boulenger – Au Pays de Sylvie, 1904.djvu/296

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pagne et de jeu, tout cela ne cessait point. Mais quel gouffre aux écus que ce Chantilly ! On s’y ruinait sans y penser.

Comment s’y prenait le prince Asdrubale Nani pour soutenir le train qu’on lui voyait, qui l’eût dit ? Cadet d’une famille piémontaise sans sou ni terres, il éblouissait et charmait Paris. Tantôt opulent, tantôt gêné, il vivait cependant toujours comme un nabab et jouait à nous faire perdre la tête. J’avais, moi, dix-huit ans à cette époque, et je n’eusse jamais consenti à adopter une mode que Nani n’en eût d’abord donné l’exemple, à baiser une main d’une façon qui n’était point la sienne, à saluer même une femme qu’il n’eût pas connue. Ce fut lui qui m’emmena dans sa daumont à quatre chevaux pour le Derby de 1856.