Page:Boulenger – Au Pays de Sylvie, 1904.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sons. Moi, je risquais au piquet des sommes ridicules, je perdais, je me grisais. Un étourdissement me prit à la fin, je demandai la permission de me retirer et descendis dans l’obscurité du jardin.

Ah ! qu’on me raille ! — mais que l’on songe plutôt à la douceur soudaine de cette nuit de printemps, aux parfums de la terre assoupie, aux étoiles qui vivaient au ciel, à tout ce champagne qu’on m’avait versé… Je me laissai choir devant le perron du comte d’H… et me perdis en des rêveries si sublimes et si profondes qu’un irrésistible sommeil, il faut l’avouer, s’ensuivit.

Un pas furtif, un craquement de gravier, je tressaillis et m’éveillai… Une silhouette obscure, un homme de la taille du prince Nani, se dirigeait avec d’extrêmes précautions vers le lieu où la