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L’AFFAIRE SHAKESPEARE.

blème de leur famille, connu comme tel des Anglais, et qui avait donné son nom à la plus haute tour de leur château ; beaucoup de textes y font allusion, et notamment Thomas Nash, dans une lettre à Spenser lui-même, parle allégoriquement de l’aigle des Derby à propos de Ferdinando, le frère aîné de William. Si l’on songe que, dans Colin Clout, l’éloge d’Aetion vient immédiatement après celui de Ferdinando Stanley (désigné sous le nom d’Amyntas), il est naturel de penser qu’Aetion n’est autre que William Stanley. Dans son énumération des bergers, Spenser fait passer en premier lieu les auteurs célèbres, puis les mécènes et les écrivains de l’aristocratie : sir Walter Raleigh, Ferdinando Stanley (Amyntas), William Stanley (Aetion) et sir Philip Sidney. Vraiment cette identification ne peut faire aucun doute, d’autant moins que Spenser était un ami des Derby et évoque souvent leur milieu dans ses poèmes. En revanche, la seule citation d’un titre d’ouvrage réel qu’on trouve dans tout le théâtre shakespearien, c’est celui d’un poème de Spenser (Songe d’une nuit d’été, acte V, scène 1re ). Et voilà comment les arguments des stratfordiens, qui expliquent que l’éloge ne saurait s’appliquer qu’à l’auteur du théâtre shakespearien, renforcent ici la thèse de M. Lefranc.

Nous savons maintenant que William Stanley écrivait secrètement des pièces pour les comédiens professionnels, fort appréciées de Spenser. Et c’est un renseignement dont il n’est pas besoin de souligner l’intérêt.