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EXPOSÉ.

Dans le Songe d’une nuit d’été et dans Hamlet, l’auteur nous montre ses personnages assistant à une représentation que leur donnent des comédiens. Déjà, dans Peines d’amour perdues, il nous avait fait voir Grossetête, le rustre, sir Nathaniel, le curé, le pédant magister Holofernes, le page Papillon et l’emphatique don Adriano de Armado jouant devant le roi, la princesse, leurs seigneurs et leurs dames, une sorte de mascarade, un pageant intitulé les Neuf preux. Un spectacle du même genre eut lieu, le 1er août 1621, dans une ville anglaise, et entre tous ceux de la fin du xvie et des premières années du xviie siècle dont il nous est resté des traces, c’est le seul où les neuf preux aient été mis en scène. Chacun d’eux y apparaissait en armure, tout de même que dans Peines d’amour perdues, et, comme dans cette pièce encore, Hiems, l’Hiver, et Ver, le Printemps, y avaient un rôle. Or, sait-on où eut lieu ce pageant ? À Chester, dans la ville favorite de Stanley. — Notons cela.

En 1584, un auteur nommé Richard Lloyd publia un poème fort naïf sur les neuf preux, les Nine Worthies. Chacun de ceux-ci, Josué, Hector, David, Alexandre, Judas Macchabée, Jules César, Arthur, Charlemagne et Guy de Warwick, se présente tour à tour en armure, décline son nom ( « I am the worthie conquerour Duke Iosua the great », etc.), déclame un bref mais emphatique récit de ses exploits, puis cède la place au suivant. C’est exactement ce qui se