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L’AFFAIRE SHAKESPEARE.

tel Varembon, lui fait paraître cette horrible froideur. Comme Hélène, Ophélie meurt quelques jours après le départ de son amant, et rappelez-vous, encore, comment Hamlet rencontre en revenant un enterrement dans la rue : il s’enquiert de qui l’on porte ainsi en terre… Grâce à M. Lefranc, il semble que nous surprenions ici le travail d’imagination de l’auteur d’Hamlet : est-il rien de plus émouvant ? Nous savons maintenant de quelle belle histoire d’amour, et française, est né l’épisode d’Ophélie. Car il me semble qu’on ne peut plus guère douter que ce ne soit la cour de Navarre dont il est question dans Peines d’amour perdues. William Stanley dut y passer, allant de France en Espagne avec son précepteur, le pédant Richard Lloyd-Holofernes. Quant à l’acteur Shakespeare, à cette époque, il séduisait une paysanne dans son village de Stratford, et, si beaucoup de gens ont pu admettre qu’il avait acquis en trois ou quatre ans la connaissance du français, du latin, de la littérature étrangère, de tous les raffinements de manières, de langage, d’esprit, bref toute la culture intellectuelle et morale nécessaire pour composer cette comédie raffinée, « mondaine », entre toutes, puis celles qui l’ont suivie, personne n’a jamais prétendu qu’il avait vécu à la cour de Navarre. Alors…



Alors ce serait lord Derby l’auteur du théâtre shakespearien ; et bien d’autres remarques encore peuvent le donner à penser qu’il faudrait un volume pour