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EXPOSÉ.

exposer, même en résumé. J’en citerai quelques-unes seulement qui m’ont paru plus curieuses.

La comédie des Joyeuses commères de Windsor est de 1598 ou de 1601, selon les critiques. En tout cas, elle a été composée à l’occasion d’une cérémonie de la Jarretière. — Le comte de Derby reçut la Jarretière en 1601, justement, et à Windsor, dans la chapelle de Saint-Georges.

Dans la Tempête, non seulement les sciences occultes et la magie ne sont pas blâmées, mais louées au contraire et considérées comme bienfaisantes : les enchantements du duc banni n’amènent que le triomphe de la justice. C’est là un cas singulier, puisque dans tous les ouvrages où des magiciens ou sorciers sont mis en scène — dans le Faust de Marlowe, par exemple, — ceux-ci sont châtiés, et durement, au dénouement. Joignez que l’époque où parut la pièce fut une des moins propices aux amateurs de sciences secrètes : le roi Jacques Ier, persuadé d’avoir été ensorcelé, auteur lui-même d’un ouvrage contre la démonologie, les faisait poursuivre très vigoureusement. Comment peut-on imaginer que l’acteur Shakespeare, et appartenant à la troupe royale, aurait seulement rêvé d’écrire une pareille œuvre ? Et pourquoi, ayant le caractère qu’on sait, se serait-il exposé bénévolement à ce risque ? — En outre, Prospero fait tous ses enchantements selon les règles de l’art : c’est un magicien compétent. Ne nous en étonnons point puisque lord Derby fut un grand ami du fameux John Dee, le plus célèbre des « occultistes » de ce temps.

L’auteur du théâtre shakespearien fait plusieurs