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RÉPONSE À DES OBJECTIONS.

moins que péremptoires à côté d’autres arguments qu’on trouve meilleurs, alors même qu’on ne les estime pas convaincants. Il arrive encore qu’on trouve la plaidoirie tout entière mal faite. L’avocat adverse profite de ces faiblesses aussi adroitement qu’il peut. Mais le juge ne juge pas la plaidoirie ; il juge la cause ; aussi s’applique-t-il seulement à apprécier la valeur des arguments, à écarter ceux qui lui semblent faibles et à retenir ceux qui lui paraissent les plus forts pour les peser, les confronter avec les raisons contraires et saisir, s’il se peut, la vérité.

Certes, il est un peu lourd de se poser en juge quand on est critique. La critique littéraire entendue comme il faut n’est, il me semble, qu’un genre comme la poésie ou le roman, et celui peut-être où il est le plus difficile d’exceller, puisque les grands critiques ont toujours été beaucoup plus rares que les grands poètes ou les grands romanciers… M. Beaunier a beaucoup trop d’esprit pour se piquer de juger les œuvres et les hommes ex cathedra ; pourtant, lorsqu’il s’agit de décider si M. Abel Lefranc a gagné ou non le procès qu’il fait à Shakespeare, il lui faut bien s’ériger pour le moins en arbitre ; et en ce cas pourquoi, au lieu de s’attacher presque uniquement à dire ce que valent selon lui les arguments de M. Lefranc, s’attache-t-il tant à blâmer la façon dont ceux-ci sont exprimés ?

Quand même Sous le masque de Shakespeare serait (et il ne l’est pas) un livre composé d’une façon pitoyable, écrit en dépit du bon sens, « extrêmement pétulant et criard », beaucoup trop affirma-