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l’affaire shakespeare.

l’histoire de la cabale des dévots la puissante vie qui anime Tartufe ? Et ne seriez-vous pas fort aise d’être assuré que le torse du Belvédère, par exemple, est vraiment celui d’Hercule jouant de la grande lyre ou de refaire, même en pensée, les voyages d’Ulysse à travers la Méditerranée ? Dédaigner la philologie et l’érudition, c’est encore une fois faire paraître un cruel défaut d’imagination. Et, certes, je ne dis pas cela pour M. André Beaunier, qui nous a montré dans ses Amies de Chateaubriand ou dans son Joubert qu’on en peut tirer les livres les plus charmants, mais pour réagir, s’il se peut, contre un lieu commun dont on use vraiment avec un peu d’abus : car c’est merveille combien, dans les gazettes, on méprise à l’ordinaire ce qu’on y nomme les « querelles d’érudits », et d’autant plus, d’ailleurs, que les rédacteurs sont moins célèbres et les revues moins connues.



M. Ch.-V. Langlois (je crois) constatait un jour que, historiquement, l’existence du diable est mieux établie que celle de Pisistrate. Il avait raison : nous ne devons pas oublier que l’histoire est une « petite science conjecturale » et que ses conclusions les plus rigoureuses ne sont jamais que des hypothèses très vraisemblables. On démontre une proposition arithmétique, mais, en faveur d’une thèse historique, on plaide…

Or, dans un long plaidoyer on rencontre presque nécessairement des arguments qui ne semblent rien