Page:Boulenger - L'affaire Shakespeare, 1919.djvu/62

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Stanley dissimula son génie avec le plus grand soin, M. Lefranc se demande si le noble comte n’a pas choisi exprès pour prête-nom un homme qui notoirement fût incapable d’avoir composé l’œuvre, il n’est pas très conséquent, et j’aime que vous le compariez (de la façon la plus flatteuse) à la vergognosa de Pise… Cependant M. Beaunier lui-même, est-ce qu’il n’a pas écrit (p. 706) que, parmi les contemporains de Stanley, « aucun n’a découvert la noble fraude » ? Puis, quelques lignes plus bas, que cette même fraude, ce secret, « seuls de très malins conspirateurs l’ont un peu découvert » ? Contradiction, contradiction !… Ah ! ne soyons pas si sévères ! Certes, les contradictions de M. Lefranc sont plus graves que ce lapsus. Mais il n’y a pas grand intérêt, quant au fond de l’affaire, à opposer quelques phrases malheureuses cueillies çà et là dans un livre touffu. Laissons la forme ; voyons seulement les faits et les déductions immédiates qu’on en peut tirer. Si vous jugez que les premiers sont mal établis et les secondes mal faites, c’est cela seulement qui importe.

Et maintenant M. Beaunier répond avec un grand soin à des arguments très faibles. Je pense comme lui que l’anecdote de Burbage, non, il vaut mieux ne pas la prendre au tragique ni s’abandonner à aucune considération au sujet des portraits et de l’écriture de William Shakespeare. Je me suis gardé de rien dire de tout cela en résumant plus haut la thèse des parti-