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L’AFFAIRE SHAKESPEARE.

m’honorer d’une attention publique sans retirer cet honneur à ton nom.

Ne fais pas cela ! Je t’aime de telle sorte que, comme tu es à moi, à moi est ta réputation.

Puis dans les sonnets 110 et 111 :

Hélas ! c’est vrai : je suis allé de côté et d’autre et je me suis travesti en bouffon…

Oh ! grondez à mon sujet la Fortune…, qui ne m’a laissé d’autre ressource que la ressource publique qui nourrit ma vie publique !

C’est là ce qui fait que le stigmate est sur mon nom et que ma nature est presque toujours marquée du métier qu’elle fait, comme la main du teinturier…

Le volume contient 154 pièces. Si l’on cueillait ainsi pour les prendre à la lettre quelques vers de Musset ou de Hugo, on en tirerait de curieuses conclusions sur la vie de leurs auteurs. Mais admettons avec Mme de Chambrun que l’auteur des sonnets 36, 110 et 111 se donne pour acteur. Quel argument en pourrait-on tirer contre la thèse que je défends ? Il va de soi en effet que, du moment que William Stanley voulait passer pour William Shakespeare, il devait parler comme William Shakespeare et non pas comme William Stanley. Du moins, il me semble…

Reste le sonnet 78. Mme de Chambrun se demande « comment Stanley, universitaire pourvu d’un précepteur lettré avec lequel il voyage longuement sur le continent, aurait pu dire au jeune Mécène dans le sonnet 78 » :

Je t’ai si souvent invoqué pour ma muse et tu as donné à mes vers une aide si éclatante que toutes les autres