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MERLIN L’ENCHANTEUR

bailli du nom de Pilate. Ce Pilate avait à son service un chevalier appelé Joseph d’Arimathie, qui était connétable de sa maison et qui, ayant rencontré Jésus-Christ en plusieurs lieux, l’aima de tout son cœur, mais sans oser l’avouer à cause des autres juifs. Car Notre Sire avait beaucoup d’ennemis et peu de disciples ; encore, parmi ceux-ci, s’en trouvait-il un, Judas, qui était moins bon qu’il eût fallu ; et les autres ne l’aimaient guère, car il n’était pas bien gracieux ; ni lui ne les aimait davantage.

« Judas était sénéchal de la maison de Jésus-Christ, et, à ce titre, il avait droit certains jours à la dîme du revenu de Notre Seigneur. Or, un de ces jours-là justement, Madame Sainte Marie se mit à oindre de parfum les cheveux de son Fils. Judas en fut très courroucé, car il calcula que cet onguent valait bien trois cents deniers et que par conséquent Madame Sainte Marie lui faisait tort de trente. Pour les recouvrer, il résolut de s’aboucher aux ennemis de Dieu.

« Sept jours avant la Pâque, ceux-ci s’assemblèrent chez un homme qui s’appelait Caïphas pour examiner comment ils pourraient se saisir de Jésus-Christ. À ce conseil Judas se rendit. En le voyant, ceux qui étaient là se turent ou changèrent de propos, car ils le croyaient très bon disciple ; mais il leur dit que, s’ils voulaient, il leur vendrait Notre Seigneur pour trente deniers. Ils répondirent qu’ils l’achèteraient volon-