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MERLIN L’ENCHANTEUR

ni de plus loyal chevalier, et qui l’aimât davantage.

« Mais Celui pour qui Joseph souffrait ainsi ne l’oublia pas ; il vint à lui à travers le pilier. Quand Joseph vit la Clarté, il si émerveilla et demanda :

« — Qui êtes vous ? Vous êtes si clair que je ne vous puis voir.

« — Or, entends bien ce que je te dirai, répondit la Clarté. Je suis Jésus-Christ, fils de Dieu, qui ai voulu naître de la vierge Marie, parce qu’il fallait que le monde qui avait été perdu par une femme fût par une femme sauvé. Et voici le précieux vase qui contient mon sang.

« Ce disant, Notre Sire montra à Joseph l’écuelle que celui-ci, pourtant, croyait avoir cachée en un lieu que personne ne connaissait.

« — Tu dois conserver ce vaisseau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dit Notre Sire, et après toi ceux à qui tu l’auras confié. Et ta solde et récompense seront que jamais on n’offrira le sacrifice sans que ton œuvre soit rappelée : car le calice signifiera le vase où tu recueillis mon sang ; la patène posée sur lui, la pierre dont tu couvris mon corps ; le corporal, le suaire dont tu m’enveloppas. Et je ne te ferai pas maintenant sortir d’ici ; mais ne crains rien, car tu ne mourras pas dans cette prison et tu en seras délivré sans mal ni douleur ; et jusque-là